Interview de Kane Hamidou Baba à "Projecteurs" Avomm

Docteur Kane Hamidou Baba, que nous recevons aujourd’hui dans « Projecteurs » de l’AVOMM, était le 2ième vice-président de l'Assemblée Nationale mauritanienne et présentement Président du tout nouveau Groupe parlementaire intitulé : « Refondation et République » et leader du parti Mouvement Pour la Refondation (M.P.R).

Il est titulaire d’un Doctorat en Sciences de la Communication (Université Paris II Panthéon -1983) ; de deux (2) D.E.A en Sciences Sociales et Economiques (Université de Paris I et II Sorbonne-Panthéon) et Diplômé d’Etudes Supérieures en Science Politique (Université Paris I -Sorbonne). Il est également un consultant international qui a effectué plusieurs missions dans une trentaine de pays d’Afrique pour le compte de la Banque Mondiale , la Banque Africaine de Développement, la GTZ , portant sur les questions du développement et de la Bonne Gouvernance.

La carrière politique du Docteur KANE Hamidou Baba commence en 1991-1992. Il a, de ce fait, participé à la création de l’Union des Forces Démocratiques, puis a activement milité au sein du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) créé en 2001 dont il deviendra le vice-président. Candidat aux élections législatives de 2001, monsieur Kane fut élu Député à l’Assemblée Nationale, puis réélu en 2006.

Et c’est logiquement qu’il se porta candidat à l’élection présidentielle de 2009 où son programme ne manquera pas de séduire une jeunesse qui s’y retrouvait et qui constitue aujourd’hui l’ossature du Mouvement Pour la Refondation (M.P.R).

Docteur Kane Hamidou Baba a bien voulu répondre à nos questions qu’il en soit remercié.



Interview de Kane Hamidou Baba à "Projecteurs" Avomm
L’entretien

AVOMM : Vous étiez jusqu’en juillet 2010 le 2ème Vice-Président de l’Assemblée Nationale et l’on a beaucoup supputé sur votre départ du Bureau de cette Assemblée. Quels sont les mobiles?

KHB :
Les mobiles sont simples : l’Assemblée Nationale devait statutairement procéder au renouvellement de son bureau à la fin de la session. L’opposition a revendiqué des postes que son quota ne pouvait lui donner et elle a fait une fixation sur le poste que j’occupais. Dans l’intérêt du consensus parlementaire et du dialogue que j’ai toujours prôné, bien que je disposais d’une majorité écrasante de parlementaires, j’ai choisi de me retirer du Bureau de l’Assemblée Nationale. Vous savez, je n’ai jamais couru derrière un poste et ce n’est pas à mon âge que je vais commencer à le faire! Mais l’essentiel est ailleurs : Au cours de ces presque quatre années de présence au sein du Bureau de l’Assemblée, j’ai pu insuffler un certain nombre de réformes majeurs pour une institution qui vivait dans l’informel, avec des effectifs pléthoriques, voire fictifs et un personnel travaillant hors de toutes normes, sans contrat, ni sécurité professionnelle. La commission chargée de la réorganisation de l’Assemblée que j’ai eue l’honneur de présider s’est attelé à la tâche et les résultats obtenus ne demandent qu’à être consolidés.


AVOMM : On dit tout de même que se sont vos anciens camarades du RFD qui ont fait la fixation sur le poste que vous occupiez. Quels sont vos rapports avec le RFD et son Président?

KHB :
Je n’ai de problèmes personnels, ni avec le RFD, ni avec son Président. Il y a eu des divergences politiques entre nous qui m’ont conduit à faire le choix que j’ai fait (refus du boycott, reconnaissance des résultats issus des présidentielles de 2009, création d’un nouveau cadre politique, etc.). Il me semble que le RFD a suivi ce chemin, mais avec un peu de retard… Pour le reste, outre ceux qui m’ont suivi jusqu’à la création du MPR, je compte encore au sein du RFD beaucoup d’amis et qui respectent ma position.


AVOMM : Votre parti, le Mouvement Pour la Refondation (M.P.R) a consenti beaucoup d’efforts pour son implantation au niveau national, êtes-vous satisfait du niveau d’adhésion obtenu ?

KHB :
Nous avons créé le Mouvement Pour la Refondation (MPR) le 09/09/2009, suite à une intense réflexion partagée par tous ceux qui avaient participé à l’élan de soutien à ma candidature aux élections présidentielles de juillet 2009. A l’issue de nos débats, nous avions dégagé de façon consensuelle, deux constats majeurs : Premièrement, dans le contexte électoral de l’époque, les voix qui s’étaient portées sur ma personne n’étaient pas celles d’électeurs, mais de militants, d’où la nécessité de créer un Parti. Deuxièmement, depuis la chute du régime autocratique en 2005, notre pays vivait un processus de décomposition, mais porteur d’une recomposition politique dans laquelle il existe un espace pour un Parti qui a vocation à faire la politique autrement. Manifestement, l’analyse était fondamentalement pertinente et le choix de créer le MPR s’est révélé judicieux. Jugez-en vous-même : la dynamique de création du Parti nous a valu, outre ceux qui étaient sur la ligne de départ, deux types de nouveaux militants : ceux qui provenaient des autres partis (de l’opposition comme de la majorité) et ceux qui, déçus de la politique, trouvaient à travers le MPR une nouvelle raison de s’y engager. De fait, c’est pour tenir compte de cette dynamique que nous avons procédé à deux élargissements du Comité Exécutif Provisoire du MPR. Ainsi, sommes nous passés de 35 membres à aujourd’hui 85 membres du CEP. Cela dit, je ne fais pas de l’autosatisfaction béate. Le chemin est encore long. Le pays est vaste; et pour un parti qui fait de l’intégration nationale un sacerdoce, ma satisfaction est réelle au regard de notre potentiel de croissance, mais j’engage nos cadres et militants à poursuivre les efforts d’implantation du Parti tant au plan national qu’international, en mobilisant la formidable diaspora que nous avons.


AVOMM : Le Mouvement Pour la Refondation (M.P.R) prône la refondation comme un moyen de changement profond de l’État et de la société mauritanienne, pouvez-vous nous éclairer sur le contenu pratique de cette refondation ?

KHB :
Nous avons, dans notre Déclaration d’Orientation en date du 09/09/09, définit notre vision de la Refondation. Je suis moi-même revenu là-dessus au cours des journées de réflexion organisées par la Majorité présidentielle et parlementaire en janvier 2010, dont le thème central était : Quelle Refondation pour la Mauritanie après cinquante ans d’indépendance? Récemment encore à Paris (22 juin 2010), j’ai donné une conférence dans laquelle j’ai explicité le contenu profond de la Refondation. Cela dit, je ne me déroberai jamais à cette question qui fonde l’âme du MPR.

La Refondation découle avant tout du constat d’échec de politiques inappropriées et mal inspirées entreprises dans notre pays depuis son indépendance et dont le régime autocratique de Maaouya O/ Sid’Ahmed TAYA, n’en est que l’avatar le plus achevé! Il ne s’agit pas d’une attitude radicalement négationniste à l’égard du régime civil de Moctar O/ Daddah ou des régimes dits de la transition (2005-2009), mais le bilan de nos cinquante ans d’indépendance est globalement négatif. Bref, nous avons raté l’intégration nationale, la démocratie et le développement! La Refondation est un acte de reconstruction. Sans entrer dans les détails (je vous renvoie au texte de ma conférence de Paris), la Refondation prône un Nouveau Pacte Politique fondé sur un double contrat de confiance entre l’Etat et la société d’une part; et entre l’Etat et le citoyen d’autre part. Il nous faut revisiter nos fragilités qui fondent les fractures de notre société, non pas pour les sanctifier ou les sacraliser, mais pour les réadapter aux exigences d’un monde moderne et trouver – je n’ai pas dit retrouver – les chemins de l’unité nationale et de la cohésion sociale.

Pour un observateur averti, les groupes primaires qui structurent notre société (familles, clans, castes, tribus, ethnies, races) ont surdéterminé les relations entre mauritaniens. Comment en tenir compte sans en dépendre? Voici l’équation. Nous avons vu – pour notre malheur – à quel point l’instrumentalisation de ces groupes primaires a été désastreuse pour l’unité de notre pays et continue encore à peser d’un poids décisif sur la confiance inter-communautaire et intra-communautaire vis-à-vis de l’Etat. D’où la nécessité de promouvoir un compromis national qui fera place aux fractures les plus béantes, celles des rapports entre l’Etat et les communautés nationales, particulièrement pour celles qui ont été victimes d’oppression historique (l’esclavage) et de crimes organisées ou de violence d’Etat (les négro-africains). Sans verser dans les mécanismes de quotas, des politiques dites de rattrapage sont nécessaires pour rendre l’intégration nationale possible. La démocratie fera le reste.

La Refondation est donc un programme de réformes majeures qui n’épargne pas non plus l’interpellation de ce qu’on justifie trop facilement par « nos traditions ». Si, par le passé, le phénomène de castes n’était rien d’autre qu’une forme de division sociale du travail, il est aujourd’hui facteur de désunion et un frein au développement. Si, par le passé, la tribu était un cadre d’organisation sociale qui assurait la place et l’épanouissement de l’individu, mais aussi son contrôle, elle fonctionne aujourd’hui comme un lobby souvent contraire aux intérêts de la collectivité nationale. L’autre dimension du Nouveau Pacte Politique (NPP) réside dans la mise en œuvre d’un contrat de confiance entre l’Etat et le citoyen. Ce contrat qui devra - à terme – supplanter le premier, passe par la mise en place d’institutions qui puissent survivre aux hommes. Il implique donc toute une problématique du développement et de la démocratie. En tout état de cause, l’occasion nous est offerte, à l’occasion du cinquantenaire de faire le bilan, mais surtout de tirer les leçons de notre vécu commun pour mieux redéfinir notre vouloir vivre ensemble. Dans cette veine, le MPR prendra toute sa part de réflexion, de propositions, de vérité.


AVOMM : Vous avez choisi le camp de la majorité au détriment de l’opposition dont vous étiez, hier, l’un des principaux animateurs, pourquoi ce choix ?

KHB :
Quand j’ai décidé en 1991 d’aller à l’opposition alors que j’étais un haut fonctionnaire à la Présidence, j’avais fait un choix de conscience. Je n’avais pas attendu de perdre un poste pour le faire. Il était, à l’époque, plus risqué d’aller à l’opposition que de le faire aujourd’hui! De par ma formation, je suis bien placé pour savoir que la politique et la morale ne font pas bon ménage. Lorsque le fossé qui sépare les deux devient plus grand, beaucoup de gens s’accommodent plutôt de leurs intérêts, peu résistent; moi j’avais pris un ticket sans retour, du moins aussi longtemps que le régime autocratique serait là et que les idées et les principes que je défends toujours seraient bafoués. On ne peut sans doute rien comprendre à ma position si on ne fait pas l’évaluation de ce que fut l’opposition depuis la chute du régime de TAYA. Les lignes ont bougé et dans cette valse certains ont eu le tournis, mais moi, à l’opposition hier, comme dans la majorité aujourd’hui, je défends les mêmes idées, les mêmes principes qui fondent mon engagement politique.


AVOMM : Avez-vous senti la diaspora porter un intérêt à votre discours lors de votre tournée récente en Europe?

KHB :
C’est d’ailleurs le lieu pour moi, par votre canal, de remercier et féliciter chaleureusement la diaspora mauritanienne qui a massivement répondu à ma conférence et qui m’a entouré de tous les soins durant mon séjour européen de juin-juillet dernier. Elle a, par la suite, apporté la preuve, s’il en était besoin, que son soutien n’était pas de circonstance, en créant des sections pour le MPR en France, en Espagne et en Suisse. J’ai également reçu des propositions spontanées de compatriotes installés en Belgique et en Italie, désireux d’ouvrir des sections dans ces deux pays. D’autres m’ont invité à donner des conférences aux Etats-Unis et au Canada, par exemple. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude. Au-delà de l’intérêt porté à ma modeste personne, ou à mon discours, j’y vois l’expression d’un patriotisme obstiné.


AVOMM : On a vu le MPR, prendre, dès sa création, une part active aux journées de réflexion de la Majorité , avançant des propositions de réformes à l’occasion du cinquantenaire. Par la suite, vous avez (discrètement) initié un dialogue avec l’opposition. Récemment, votre parti s’est illustré par sa présence auprès des populations victimes des inondations en Assaba et au Gogol. On voit également les militants du MPR s’activer dans les campagnes de reboisement, comme dans l’assainissement des quartiers précaires de Nouakchott, Monsieur le Président qu’est ce qui fait courir le MPR?

KHB :
Vous citez beaucoup de points, j’allais dire de bonnes actions, qui ont tous un dénominateur commun : cela s’appelle faire la politique autrement. Le MPR se veut comme une force de propositions et entend bien occuper toute sa place au sein de la Majorité , en restant, encore une fois, fidèle à ses valeurs, y compris celle du dialogue avec toutes les forces politiques qui le souhaitent. Par ailleurs, nous avons effectivement envoyé des missions d’information, suite aux inondations dans certaines régions du pays et nous aurions souhaité le faire partout où des populations ont été victimes, si les moyens nous l’avaient permis. En tout état de cause, nous ne saurions nous contenter d’une simple gestion de communiqués face au drame vécu par certains de nos concitoyens.


AVOMM : Justement, vous avez, avec les autres partis de la Majorité , fait des recommandations à l’issue des journées de réflexion organisées en janvier 2010, relatives au changement de l’hymne national, du drapeau et appelé à une révision constitutionnelle, à l’orée du cinquantenaire, où en sommes nous avec vos propositions?

KHB :
On doit se poser la question de savoir quelle est la valeur d’un hymne national qu’aucun mauritanien ou presque ne peut chanter ? Les journées de réflexion ont jeté les bases d’un débat national, qui reste à être organisé. Le cinquantenaire de notre indépendance doit être l’occasion de faire un bilan et donc de jeter un regard rétrospectif sur le chemin parcouru, de tirer les enseignements pertinents sur ce que nous avons fait ou manqué durant nos cinq décennies d’indépendance afin de mieux programmer notre destin commun. Je retiens pour ma part un ordre de priorités dont les réformes constitutionnelles et politiques inscrites dans ce que j’ai appelé le Nouveau Pacte politique et donc une politique active en matière d’intégration nationale.


AVOMM : On sait que l’intégration nationale a été votre cheval de bataille durant votre campagne, mais que pensez-vous également de l’intégration régionale?

KHB :
Napoléon avait demandé à son ministre des Affaires étrangères (Talleyrand) de lui faire une bonne politique extérieure; ce à quoi ce dernier répondit : « Sire, faites moi une politique intérieure et je vous ferai une bonne politique extérieure ». Ma conviction est qu’il nous faut régler nos problèmes du dedans pour faire face aux problèmes du dehors. Pour un pays vaste et peu peuplé l’intégration régionale est la voie du salut, tant du point de vue de notre sécurité que du développement économique et social. Lorsque l’on parle de dialogue afro-arabe, par exemple, nous devrions y prendre toute notre place et révéler de sérieuses ambitions. A défaut d’affirmer notre leadership en la matière, nous devrions marquer notre vocation à éclairer. Nous avons, en l’occurrence, un potentiel à nul autre pareil! Pour ce faire, nous devons, sans complexe et dans l’intérêt national bien compris, redéfinir notre position par rapport aux ensembles sous régionaux, en affirmant notre double appartenance à l’UMA et à la CEDEAO. Par notre taille, nous pouvons jouer un rôle modérateur au sein de l’UMA. Sociologiquement, notre économie est contemporaine de celle des pays de la CEDEAO. Le marché de la CEDEAO est donc à notre portée. Je rappelle, pour mémoire, qu’au moment de la décision stupide du retrait de la CEDEAO , notre balance commerciale était nettement excédentaire avec quatorze des quinze pays de cette organisation. L’intégration régionale est à la fois une nécessité et une chance pour notre pays.


AVOMM : Pensez-vous que le problème du passif humanitaire est réglé? Si non quelles sont vos réserves?

KHB :
Le journée mémorable de Kaédi, à laquelle j’ai tenu personnellement à assister et le discours non moins historique prononcé, à l’occasion, par le Chef de l’Etat, résonne encore en moi et constitue sans nul doute un jalon important sur la voie du règlement du passif humanitaire. D’autres actes, ont été également posés et qui vont dans le bon sens. Mais moi, ma position est connue de tous : les victimes et ayant-droits doivent être placés au centre de toute négociation. Si, je les entends, si je les écoute, il reste encore beaucoup à faire pour retrouver la paix des esprits et des cœurs. Les hommes politiques doivent se garder de toute tentative de récupération. Non pas que les politiques n’ont pas leur mot à dire, mais il y a des acteurs plus légitimes, ou qui ont vocation à formuler d’abord leurs revendications, que les politiques se doivent de soutenir dans l’équité et la recherche du compromis national.


AVOMM : Le retour des réfugiés ne s'est pas effectué dans de bonnes conditions selon les concernés, vous connaissez bien la situation dans la vallée. Quelle est votre lecture de la situation?

KHB :
Je pense que le retour des réfugiés a été raté dès le départ. Même si le geste était louable, dans son principe, le régime de M. Sidi Mohamed O/ Cheikh Abdallahi s’était lancé dans cette opération sans se donner le maximum de chances pour bien réussir l’aménagement des sites d’accueil. A peine un mois après le changement de régime intervenu le 6 Août 2008, j’avais conduit une mission parlementaire dans la Vallée pour s’enquérir des conditions de retour des réfugiés. Sur les sept contingents, à l’époque, qui étaient rentrés, seul le premier d’entre eux avait obtenu les papiers d’état civil. Ils étaient logés dans des conditions pitoyables, ne parlons pas de leurs moyens de subsistance, de l’école pour les enfants, de la santé ou même de la récupération de leurs biens, les terres notamment.

Aujourd’hui, environ 20 000 personnes sont de retour et la dernière vague de quelques 5000 personnes devrait suivre dans le cadre d’un retour assisté, malgré le retrait du HCR. Je reçois personnellement beaucoup de réclamations, dont celles relatives à la récupération des terres. Je n’ai jamais hésité à porter ces affaires aux plus hautes autorités de l’Etat et je puis vous assurer que la volonté politique de résoudre les problèmes existe. Il y a cependant que certains segments de l’administration ont du mal à abandonner les mauvaises pratiques et habitudes anciennes, ce qui constitue un frein à la solution des problèmes et brouille la réalité sur le terrain.

C’est le lieu de saluer le travail remarquable que fait l’ANAIR qui ne ménage aucun effort pour trouver des solutions de compromis entre anciens et nouveaux occupants et au-delà qui cherche à mettre en œuvre des programmes de développement locaux au bénéfice des populations. Je dois également signaler que l’un de mes collègues, le Député Kassem O/ Bellali a généreusement mis à la disposition de l’Etat les 200 hectares qu’il détenait dans la Vallée au profit des nouveaux rapatriés. De tels gestes méritent d’être encouragés et contribuent sans nul doute à l’apaisement et au développement harmonieux entre les communautés. Il reste que la question de la réinsertion durable des ex-réfugiés doit être envisagée dans un cadre de développement plus large intégrant l’ensemble des populations autochtones. Outre l’effort de l’Etat, des financements existent pour atteindre un tel objectif.


AVOMM : Le Mouvement Pour la Refondation (M.P.R) fera-t-il parti d’un gouvernement remanié s’il y était invité ?

KHB :
Ma réponse est Oui, mais qu’elle était donc la question?


AVOMM : Le premier ministre a appelé à l'arabisation du pays ou presque, quelle est votre position sur la question des langues?

KHB :
Il ne me semble pas que le Premier ministre ait exactement parlé en ces termes, mais en tout état de cause, le MPR s’est déjà exprimé publiquement sur ce sujet. Un pays multinational et multiculturel doit prendre en charge tous ses héritages. La diversité culturelle à l’heure où l’on tient un Sommet Afro-arabe (Syrte) est une chance pour notre pays, qui a vocation – que dis-je? qui a la divine mission – de rapprocher ces deux mondes. Ma conviction personnelle est que la question des langues doit être à la fois placée au centre de notre système éducatif, administratif et médiatique, en l’ouvrant aux langues dites étrangères et en donnant une importance particulière aux outils pédagogiques et donc aux contenus, plutôt qu’aux contenants.


AVOMM : Pensez-vous que le dictateur déchu Taya répondra un jour devant la justice mauritanienne
?

KHB : Je ne suis pas un devin, mais il vaut mieux répondre à la justice de son pays, qu’à celle de la communauté internationale. Les exemples ne manquent pas en Afrique et dans le monde où les pires dictatures ont été rattrapées par l’histoire.

Merci monsieur le président.



Propos recueillis par Mireille Hamelin et Mohamed Dogui


Source: AVOMM.COM

Mardi 19 Octobre 2010
Boolumbal Boolumbal
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