Intenses tractations pour un résultat aléatoire



Intenses tractations pour un résultat aléatoire
Depuis 72 heures, les acteurs politiques mauritaniens se livrent à d’intenses tractations dans la perspective d’un hypothèque dialogue entre le pouvoir issu de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009 et son opposition, qui en a vivement contesté sa victoire. Chaque camp essaie de peser les mots et d’analyser la position de l’adversaire afin de pouvoir avancer sur un territoire politique miné et ‘’glissant’’. A l’origine de ces derniers développements de l’actualité politique dans notre pays, un message du président Mohamed Ould Abdel Aziz contenant une proposition de dialogue adressée à l’opposition, transmis lundi dernier par le président du Pacte National pour la Démocratie et le Développement (PNDD-ADIL), Yahya Ould Ahmed Waqf, ancien premier Ministre. Proposition transmise dans l’après du lundi, quelques heures après une audience avec le chef de l’état. Ainsi, au sein de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), un collectif d’une dizaine de partis politiques, toute la journée du mardi 8 juin a été consacrée à l’examen du nouveau message de Mohamed Ould Abdel Aziz. Au même moment, on notait une série de rencontres entre les autorités gouvernementales et les ambassadeurs occidentaux accrédités à Nouakchott. Déjeuner entre le premier Ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf et ces diplomates lundi, suivi d’une audience auprès du président de la République mardi.

Aziz avait en effet reçu séparément l’ambassadeur d’Allemagne à Nouakchott et la représentante résidente du PNUD dans notre pays.
Au terme de la réunion de la COD mardi, Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), plusieurs fois candidats à une élection présidentielle, qui assure la présidence tournante du collectif, avait exprimé sa position par rapport à la nouvelle donne.
Dakar en toile de fond
Le collectif de l’opposition accepte le principe d’un dialogue « sincère » pour sortir la Mauritanie de la crise politique, économique, sociale et sécuritaire . Celui-ci doit avoir pour toile de fond l’Accord Cadre de Dakar (ACD) de juin 2009, qui a permis l’organisation de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009. Un scrutin dont l’opposition a rejeté les résultats (qui consacrent la victoire de Mohamed Ould Abdel Aziz) pour « fraude et manipulation ».
Le chef de l’état en personne, avait enterré cet accord le 17 mars dernier à l’occasion d’un rassemblement populaire organisée par l’Union Pour la République (UPR) dans la commune d’Arafat.
L’enjeu pour l’opposition consiste à profiter de la proposition de dialogue de Mohamed Ould Abdel Aziz pour déterrer l’accord. Au-delà de l’élection présidentielle, l’entente entre les 3 pôles politiques de l’époque : Le camp favorable à la rectification d’un côté, le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et le Rassemblement des Forces Démocratiques, rejetant le putsch de l’autre. Comporte des clauses relatives à l’instauration d’un dialogue inclusif. Objectif visé : des réformes pour approfondir la démocratie et instaurer un véritable état de droit.
Mettre fin à l’intrusion continue de l’armée dans le jeu politique depuis juillet 1978, mis à part la brève parenthèse du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi entre le 19 avril 2007 et le 6 août 2008.
Un oui au dialogue de la COD qui tient à éviter les manœuvres et autres pièges à cons compte tenu du contexte. En effet, jugeant Mohamed Ould Abdel Aziz « peu fiable », l’opposition ne voudrait aucunement se laisser embarquer dans une concertation politique de circonstance à une quinzaine de jours de la tenue de la table ronde des bailleurs sur la Mauritanie prévue les 22 et 23 juin 2010 à Bruxelles.
Une position et un souci de la COD de ne pas se faire à nouveau «rouler dans la farine » qui ont été exprimés aux ambassadeurs occidentaux à l’occasion d’une rencontre au siège du RFD, mercredi, avec Ahmed Ould Daddah. La direction de la COD a préconisé au cours de la réunion du mardi de mandater son chef chez les diplomates européens qui faisaient partie des garants de l’application de l’accord de Dakar. Une manière certes de vouloir les impliquer de nouveau dans ce qui se passe chez nous qui est dictée par le souci d’encercler Mohamed Ould Abdel Aziz en le tenant à travers la présence de témoins. Reste maintenant à savoir si les diplomates, embarqués par la rectification, sont prêts à jouer qu’on veut leur donner.
Dans cette affaire, le collectif de l’opposition joue, en effet, serré en évitant de passer comme responsable d’un éventuel échec de la tentative de nouer le dialogue aux yeux de l’opinion, tout en restant vigilent pour ne pas servir d’alibi à l’approche de Bruxelles. Délicat exercice d’équilibrisme.


Cheikh Sidya

Source: Points chauds

Jeudi 10 Juin 2010
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