Entretien avec M. Lam Aliou Alhousseïnou, acteur politique de la commune de Boghé :



Entretien avec M. Lam Aliou Alhousseïnou, acteur politique de la commune de Boghé :
« Tous les opérateurs locaux du même bord doivent travailler ensemble parce que leurs objectifs sont les mêmes »

Entamée depuis le 12 avril, la campagne d’implantation bat son plein à Boghé dans un climat assez morose. Les différents acteurs politiques redoublent d’efforts pour convaincre les leurs de « la nécessité d’adhérer au parti au pouvoir, seul garant du règlement de leurs problèmes quotidiens ». Pour dresser un premier bilan de cette opération, nous avons rencontré M. Lam Aliou Alhousseïnou, une des figures les plus marquantes du microcosme politique local, un des soutiens de première heure du « mouvement de la rectification » du 6 août 2008 et de la candidature de Mohamed O. Abdel Aziz à l’élection présidentielle du 18 juillet 2009. Il a évoqué avec nous les étapes franchies jusque-là, les stratégies mises en œuvre et les contraintes sur le terrain.



Nouakchott Info : La campagne d’adhésions à l’UPR a démarré depuis 10 jours dans le département de Boghé. Pouvez-vous nous en dresser un bilan à mi-parcours notamment dans votre fief électoral ?

Lam Aliou Alhousseïnou :
La campagne d’adhésions a démarré en effet avec quelques petites difficultés qui ont été vite aplanies. Dans les zones périphériques de la commune que je connais maintenant sur le bout des doigts (normal ! Je la sillonne régulièrement depuis 15 ans), les objectifs sont presque atteints. Grâce à notre détermination, nous pourrons surmonter les obstacles mineurs qui se dressent devant nous. Dans tous les cas, cette campagne revêt une importance capitale car elle sonne le glas des vieilles pratiques et annonce une restructuration politique qui laisse apparaître en filigrane une classe politique plus jeune. Ce sont ces jeunes qui s’investissent pour mener à bien la réimplantation. Dans la journée d’hier (Ndlr. Mercredi 21 avril), nous avons réussi à former 56 unités de base dans le département.



NI : Quel est le contenu de l’argumentaire politique que vous adressez aux populations pour leur convaincre d’adhérer à l’UPR ?

L.A.A :
Il faut rappeler d’abord que l’UPR a vu le jour après la victoire éclatante du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz à l’élection présidentielle du 18 juillet et son investiture. Son discours de campagne qui était notamment axé sur des slogans porteurs tels que la lutte contre la gabegie et les détournements des deniers publics, la définition de stratégies pour la réduction de la pauvreté, le renouvellement de la classe politique, la création d’un environnement favorable au développement dans tous les secteurs entre autres ont convaincu plus d’un mauritanien. L’Union pour la république a fait sienne ces thèmes ambitieux et constructifs parce qu’elle accompagne l’action du gouvernement. Nos populations sont très réceptives à ce message politique qu’ils perçoivent comme étant celui du renouveau. En outre, il est véhiculé par des hommes nouveaux.

Au plan local, le président Abdel Aziz a accordé un grand intérêt aux doléances qui lui avaient été présentées lors de sa visite de campagne. Celles-ci étaient axées notamment sur le secteur agricole qui emploie l’écrasante majorité des populations de cette commune. En tant que directeur du CPB, j’ai accompagné les commissions qui avaient été désignées pour rencontrer le candidat Aziz. Les problèmes du casier pilote avaient alors été posés avec insistance notamment l’extension et la réhabilitation du périmètre. Après son élection et son investiture, le président a tenu ses promesses. Car à l’époque, une enveloppe de 32 millions d’UM avait été allouée à la réhabilitation du casier dont 12 millions pour la station de pompage qui été révisée. C’est ainsi que le canal principal a été curé ainsi que les canaux secondaires. Concernant le volet réhabilitation, le ministre du développement rural nous a assuré de vive voix que le dossier du CPB est considéré comme une priorité du gouvernement. Le message a donc été entendu par le président et son gouvernement. C’est un acquis que nous pouvons défendre sans gêne.



NI : Beaucoup d’observateurs de la vie politique locale ont noté un manque d’enthousiasme chez vos militants potentiels qui se sentent toujours instrumentalisés par des "démagogues". Qu’en dites-vous ?

L.A.A :
Je suis un acteur local certes peu connu des instances dirigeantes mais qui draine une expérience dans ce domaine. Un responsable politique doit s’investir à fonds sans jamais perdre courage et patience. Il est vrai qu’on reproche souvent à nos politiciens, surtout ceux qui résident à Nouakchott, leur absence sur la scène en dehors des consultations électorales. Cette attitude a largement contribué à la baisse de leur popularité et du climat de confiance qui devait régner entre eux et leurs bases. J’espère qu’à l’avenir, ils rectifieront le tir. Ce n’est tout de même pas une raison pour baisse les bras. Il faut au contraire continuer le combat politique pour contribuer au bien-être des populations. Tous les opérateurs locaux du même bord doivent travailler ensemble parce que leurs objectifs sont les mêmes. Le fossé entre les leaders et la base doit se rétrécir. Les premiers ne doivent plus tourner le dos aux seconds pour ne pas créer une crise de confiance. C’est la seule garantie pour la construction du terroir et de la nation.

N.I : On évoque également des querelles de positionnement entre l’ancienne génération composée des dinosaures de l’ex-PRDS (Zoulous et VF) qui entendent préserver leur suprématie et la nouvelle génération (que vous semblez incarner) qui souhaitent donner du sang nouveau à la vie politique locale. Qu’en est-il exactement ?

L.A.A :
J’ai été moi-même prisonnier de ces querelles qui n’ont rien apporté. On a gaspillé aussi bien nos énergies et nos ressources dans des guéguerres inutiles et dénuées de tout sens. C’est ce qui expliquait la faible audience du parti au pouvoir dans cette commune où il essuyait des échecs répétés face à l’opposition. Les populations ne pouvaient pas comprendre ces divisions qui opposaient des hommes et des femmes du même bord politique. A titre d’exemple, les scénarios des années 95-96 où les Zoulous, VF et autres se livraient à une bataille rangée ont porté de sérieux préjudices aux intérêts locaux. J’estime qu’il est de notre devoir en tant qu’acteurs politiques, de dépasser ces querelles car le véritable enjeu se trouve dans l’implication de tous pour la réussite. Il ne se sert à rien de se chamailler pour des positionnements. Le renouvellement de la classe politique s’inscrit dans l’ordre naturel des choses mais la nouvelle génération doit travailler avec ses aînés pour le bien-être des populations. L’alternance générationnelle est valable dans toutes les régions du pays et dans tous les états du monde. A titre d’exemple, les ministres du gouvernement actuel appartiennent presque tous à la nouvelle génération. Cette démarche du président de la république ne fait qu’anticiper un processus naturel. Les anciens doivent accompagner ce renouvellement en mettant à profit leur riche expérience pour l’intérêt commun de la collectivité. Mais cela suppose qu’ils s’entendent eux-mêmes autour de l’essentiel. Ce n’est malheureusement pas le cas. Les jeunes ont le sentiment d’être livrés à eux-mêmes ; ce qui est préjudiciable aux intérêts des populations que nous sommes censés représenter.



NI : Certains acteurs politiques ont accusé l’opposition locale de mettre des bâtons dans leurs roues "en manipulant par-ci, démobilisant par là". Avez-vous des preuves à ce sujet ?

L.A.A :
Personnellement, je n’ai aucune preuve à ce sujet. Je ne peux donc accuser personne. A Boghé, les acteurs politiques ont souvent fait preuve de responsabilité et les campagnes électorales se sont généralement déroulées dans un climat de saine émulation. Il ne sert à rien de jeter de l’huile sur le feu car au-delà de nos divergences politiques, nous devons préserver la case commune. Chacun a le droit de défendre ses idées mais qu’il le fasse dans le respect des autres.

NI : Votre dernier mot ?

L.A.A : Je ne saurai terminer sans lancer un appel pressant à tous les militants particulièrement les jeunes pour leur dire que l’heure est venue de concrétiser leur soutien au président Abdel Aziz en adhérant massivement à l’UPR et en apportant aussi leur pierre à l’édifice. Notre positionnement dans le parti serait une preuve matérielle de notre adhésion au programme du président qui demeure sensible aux problèmes des mauritaniens. Pour cela, nous devons mettre de côté nos querelles intestines pour œuvrer tous, la main dans la main pour la réussite de cette opération capitale.



Propos recueillis par Dia Abdoulaye, Cp. Brakna

Source: Nouakchott Info

Vendredi 23 Avril 2010
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