Entretien avec Bâ Madine, Directeur de l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés

« Ce dossier de réintégration n’est pas bloqué contrairement à ce que les gens disent ici et là »



Entretien avec Bâ Madine, Directeur de l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés
Croisé à l’accueil du chef de l’Etat mercredi dernier 9 juin à Rosso, le QDN a tendu son micro à M. Bâ Madine directeur de l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés (ANAIR) pour répondre à quelques questions relatives à la visite du raïs et au dossier de réintégration des fonctionnaires et agents de l’Etat, victimes des évènements de 1989.

Quotidien De Nouakchott : Quelle signification peut-on donner à votre présence à Rosso pour accueillir le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz ?

Bâ Madine :
La signification est multiple. D’abord je suis un ressortissant du Trarza en général et de Rosso en particulier, et ensuite je fais partie des acteurs politiques qui agissent au niveau de Rosso surtout qu’il y a moins d’un mois, j’ai été élu président de la section UPR de Rosso. Cela me donne donc un certain nombre de responsabilités que je me dois d’assumer avec les amis qui m’ont fait confiance. Donc voilà les principales raisons pour lesquelles je suis là aujourd’hui. D’autant que ma ville natale fait partie des wilayas les plus porteuses en terme d’agriculture. Et le président est venu aujourd’hui à la fois lancer la campagne agricole, mais surtout aussi, dessiner la nouvelle carte de la ville de Rosso qui en avait besoin. Si depuis cinquante ans Rosso vit cantonné dans un espace inondable, pour la première fois, un homme d’Etat a pensé que la ville méritait mieux que ce que les gouvernements successifs lui ont donné jusqu’à présent, à savoir que Rosso mérite donc, qu’on lui donne un espace vital, un espace d’habitation. Et c’est ce qu’a pensé et fait le Président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Vous êtes le Directeur de l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés (ANAIR). Or Rosso en renferme un bon nombre qui sont de retour au pays. Alors, à l’occasion du lancement de la campagne agricole, qu’est-ce qui a été fait pour eux, afin qu’ils puissent cultiver sans problème ?

Bâ Madine :
Le Trarza a accueilli 3900 rapatriés. Donc il faut corriger, il n’y a pas de réfugiés à Rosso. Il y a des Mauritaniens rapatriés du Sénégal qui sont revenus désormais chez eux. L’ensemble de ces rapatriés est désormais engagé non seulement auprès du Président Mohamed Ould Abdel Aziz pour son œuvre de développement du pays mais aussi au sein de l’UPR parce que plus d’une dizaine d’unités de base ont été effectivement réalisées par les rapatriés et dirigées par des rapatriés. Donc ces rapatriés sont là pour accueillir le Président, pour lui témoigner de l’intérêt qu’ils portent à leur situation, et à ce titre ils sont tous là. Nous nous faisons un devoir de les accompagner dans cette œuvre de soutien au Président Mohamed Ould Abdel Aziz.

L’opération retour organisé a pris fin en décembre dernier, malgré tout il reste encore des réfugiés au Sénégal qui souhaitent revenir. Y a t-il une action en cours ou non pour les ramener ?

Bâ Madine :
Comme vous l’avez dit le processus de rapatriement a pris fin le 31 décembre 2009. Au moment de la clôture du processus officiel de rapatriement organisé, 2484 Mauritaniens dont les dossiers ont été transmis par le HCR, ont été identifiés comme étant des mauritaniens. Nous sommes entrain de réfléchir avec le HCR et les autres partenaires pour organiser un rapatriement assisté et non plus organisé. Et dans le cadre de ce rapatriement assisté, les 2484 qui restent rentreront effectivement chez eux mais dans des conditions différentes de la manière dont le rapatriement organisé a été effectivement réalisé.

Le dossier de réintégration des fonctionnaires victimes des évènements de 1989 paraît bloqué. Que pouvez-vous en dire ?

Bâ Madine :
Ce dossier de réintégration n’est pas bloqué contrairement à ce que les gens disent ici et là. Le conseil des ministres, dans sa session du 15 octobre 2009 a décidé –et c’est une décision historique- non seulement de recenser tous les fonctionnaires et agents de l’Etat victimes des évènements de 1989, mais aussi et en même temps, d’intégrer 144 enseignants qui étaient parmi les victimes. Tous les autres leur dossier de recensement a été faits parce que dans ces dossiers il y a différentes situations ou si vous voulez différents cas de figure. Il y a des gens qui, compte tenu de leur âge, ne peuvent plus travailler. Il faudra réfléchir pour leur permettre d’accéder à ce qu’on appelle communément, les pensions de retraite. Pour ceux qui sont en âge de travailler, les structures en charge de ce dossier sont entrain de réfléchir parce que cela a un coût financier qu’il faut évaluer et chaque cas constitue un cas spécifique qu’il faut traiter en tant que tel. Parce que, il ne faut pas se précipiter au point de léser des ayants droits. Voilà pourquoi nous avons privilégié une étude approfondie et minutieuse de la question pour que chaque ayant droit puisse recouvrer ses droits de manière effective.

Moussa Diop, envoyé spécial à Rosso

Lundi 14 Juin 2010
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