Dioba (Marième Guéye), artiste-chanteuse : Une militante des causes de l’enfant !



Dioba (Marième Guéye), artiste-chanteuse : Une militante des causes de l’enfant !
Elle est née en 1982 à Nouakchott et issue d’une famille de griots. Elle est chanteuse et veut aller plus loin : conquérir la Mauritanie et être populaire. Cette ambitieuse, qui refuse de jouer les seconds rôles dans la musique mauritanienne, s’habille toujours en rastafari. Cette "femme publique" s’appelle Marième Guéye plus connue sous le nom d’artiste de Dioba.

Lorsqu’on parle d’elle, les mots et les qualificatifs ne manquent pas : c’est une diva, c’est une star, elle a la voix d’or, elle peut aller loin…affirment ses amies et ceux qui partagent avec elle, le milieu de la musique. Mais elle refuse de s’en affabuler. "Je n’ai pas une voix d’or ! Je ne suis pas encore une diva!", glousse-t-elle.

Peu importe, ce que les autres pensent ou déclarent puisque les appréciations sont libres. Sa sobriété, elle la garde comme un précieux coffret. D’ailleurs, c’est parmi ses particularités. Normal, peut-on penser, quand on est issu d’une famille où le virus du chant et de la musique se transmet de génération en génération dans les limbes de la voix.

Elle aurait pu être rappeur, tirer à boulets rouges sur le gouvernement, dénoncer les injustices sociales, dire tout ce qu’elle pense lorsqu’elle monte sur scène sans fioritures, elle aurait pu être un vrai esprit révolutionnaire, mais elle avait envie de faire du vrai mbalax parsemé de jazz, de salsa et de reggae.

Elle va s’appeler Dioba, nom qu’elle a emprunté à sa grand-mère, Fatou Diop Gawlo, une grande cantatrice. De sa grand-mère, elle ne gardera que son nom. Pas de souvenirs d’elle puisqu’elle décédera très tôt. Elle bravera tous les obstacles et tous les interdits. En premier lieu, faire face à l’incompréhension de ces parents qui ne voulaient pas qu’elle devienne musicienne.


Mais face à sa détermination, le mur parental a finalement cédé. Et elle se rappelle encore de ces moments et ces nuits où ses parents l’interdisaient de sortir. Mais, ses débuts dans la musique furent difficiles, avoue-t-elle. Bien sûr, Dioba n’est pas comme ces filles arrogantes. D’ailleurs, l’arrogance, ça l’agace!

Elle ne supporte pas les personnes arrogantes. Free, elle l’est. Elle n’a pas peur des regards et des critiques des autres, dit-elle. Les décolletés qu’elle porte parfois en est une illustration. Mais elle n’oublie jamais qu’elle est une musulmane et qu’elle respecte assidûment les heures de prière. Cigarette à la main, jambes croisées, string out…Dioba affirme qu’elle n’est pas de cette catégorie de filles. Ni de ces jeunes filles là qui ne savent pas faire la vaisselle, la cuisine…avec de bons plats : yassa, mafé, tchiou, thiébou djeune…



Toutes ces bonnes choses là, elle les a apprises de sa grand-mère, Mariétou Guèye, à qui elle rend souvent hommage dans ses morceaux. Le copinage ne l’intéresse pas. "Je n’ai pas ce temps-là", explique-t-elle. Mariée ? "J’attends l’homme providentiel", répond-elle avec un brin d’humour. Ses relations avec les autres artistes sont parfaites. Elle répond toujours à leur sollicitation. Qu’elle soit pour assurer leurs chœurs ou faire un play-back sur scène !

Elle participe aussi à des campagnes de sensibilisation notamment sur la lutte contre le VIH/Sida. Elle vit de manière naturelle son statut de "femme publique". La situation des enfants est son seul leitmotiv. Elle a mal au cœur lorsqu’elle aperçoit dans les rues de Nouakchott, des enfants sans chaussures, sous le soleil, en train de tendre la main. Sa vie, elle veut la ménager, pour la cause des enfants. Elle compte même créer une association dans ce sens lorsqu’elle trouvera des fonds nécessaires pour venir en aide aux enfants de la rue. Une vraie militante des causes de l’enfant.

Et celle que l’on taxe souvent de "jamaïcaine" du fait de son look ne s’est jamais découragée. Matin, midi, soir : elle est toujours en répétition. Elle croit dur comme fer qu’elle peut réussir dans la musique et que seul le travail paie. Des projets, elle en a pleine la tête. Mais elle refuse d’en parler. Il semblerait qu’elle a horreur des prévisions. Elle ne s’aventure jamais à avancer de date. Car, "Seul Dieu sait", se justifie-t-elle.

D’ailleurs, le mot "Dieu" revient tout le temps dans ses propos. Nièce de Jimmy Mbaye, un guitariste du "Super Etoile" de Youssou Ndour, l’un des meilleurs guitaristes d’Afrique, elle ne veut pas aller trop vite en besogne en ce qui concerne sa carrière musicale. Même si elle sait qu’elle peut s’en sortir en sollicitant son expérience et son aide. Elle ingurgite toutes sortes de musique. Une fille moderne et émancipée !

Ma Sané de Wa Flash de Thiès et Coumba Gawlo Seck l’empêchent de dormir. Lorsqu’elles chantent, elle devient muette et attentive ! Choriste de Malouma, elle a pu voyager dans pas mal de pays. Cette collaboration l’a permis de s’améliorer mais surtout de découvrir certaines astuces de la vie musicale.

Grandi entre Nouakchott, Dakar et Tivaouane, elle n’a pas eu la chance de fréquenter l’école française. "Je ne regrette rien", avoue-t-elle. Enfant, se souvient-elle, elle était têtue et bagarreuse. Mais, rassure-t-elle, elle a changé maintenant. Certainement, parce qu’elle est devenue disciple de Khalifa Ababacar Sy (chef religieux de la confrérie Tijane au Sénégal à Tivaouane, ndlr).



Babacar Baye Ndiaye

Mardi 15 Juin 2010
Boolumbal Boolumbal
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