Communication de Biram Ould Dah au siége de la RADDHO (Dakar)



Communication de Biram Ould Dah au siége de la RADDHO (Dakar)
M Biram Ould Dah Ould Abeid président de IRA-Mauritanie a tenu une conférence de presse le 29 mars au siège de la RADDHO à Dakar. Conférence marquée par l’assistance de la RADDHO et le partenariat des organisations des déportés mauritaniens au Sénégal et au Mali. Ci-dessous le texte de l’allocution prononcée par Biram Ould Dah devant les membres des organisations de la civile du Sénégal, sur l’esclavage et le racisme Mauritanie.


Texte de l’allocution

Honorable assistance
"Au nom de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA-Mauritanie) que je préside, nous déplorons le niveau d’engagement très faible des gouvernements africains, notamment les voisins immédiats de la Mauritanie, dans le soutien au combats difficiles que mènent les populations victimes de discriminations en Mauritanie ; je cite les Hratin (esclaves et anciens esclaves) et les ethnies noires.
Depuis l’indépendance de notre pays en 1960, les segments des élites arabo-berbères ont hérité le pouvoir de la France et structuré l’État, sur un système de préférence et un mécanisme de privilèges où dominent la supériorité de naissance et le préjugé ethnique.

Ainsi, sur le projet de la citoyenneté, la société inégalitaire et fortement tribalisée reconduit ses propres codes de népotisme, d’exclusion et surtout de soustraction à la loi.

L’impunité domine, à l’avantage de la minorité hégémonique.
Sous la façades de pluralisme et le vernis démocratique don la communauté internationale se contente sans trop s’interroger au-delà, les Hratin, Puulaar, Sooninké, Ouolof et Bambara, subissent la marginalisation matérielle, l’usurpation et doivent se contenter d’une citoyenneté de seconde zone.

A la moindre revendication de leur part, le soupçon d’extrémisme et de provocation de la guerre civile les expose, de la part des services de sécurité, à la menace de la répression. Pourtant, considéré dans sa globalité arithmétique, cet ensemble représente plus des trois quarts de la population.
L’Etat mauritanien s’est engagé, depuis plusieurs décennies, dans la logique du déni des violations massives et multiformes des droits de l’Homme auxquelles il oppose des mesures actives d’escamotage de la vérité, d’’impunité et de non-réparation.
Ces procédés prévalent aujourd’hui, contre les personnes réduites en esclavages qu’aucun tribunal n’écoute, malgré de nombreux flagrants délits de travail indécent et non rémunéré , d’’exploitation sexuelle voire de rares cas de vente ; au maximum lorsque le scandale grandit, l’administration publique sépare-t-elle l’esclave du maître qui demeure au dessus du droit ; le même mépris s’impose aux victimes, négro-africaines, des pogroms, déportations, radiations massives des secteurs public et privé, expropriations, tortures, exécutions extrajudiciaires, tous abus perpétrés contre les Noirs de Mauritanie, entre 1986 et 1992;
Les populations victimes d’esclavage et de racisme en Mauritanie ont besoin d’un très large mouvement de droits civiques capable d’influer sur les rapports de forces afin de contraindre l’État et les groupes dominants au repentir ; une adhésion concrète et solennelle aux principes de l’égalité des races et des cultures, conformément à la déclaration universelle des droits de l’Homme, donnera enfin de la consistance aux prétentions démocratiques de la plupart des dirigeants de la Mauritanie.
Mais pour que nous puissions relever le défi, nous avons grandement besoin de la solidarité de la société civile, des intellectuels, des partis politiques et des États Africains. En Mauritanie, les populations martyres et les combattants de la liberté méritent autant d’empathie que peuple noirs d’Afrique du Sud ; malgré la nette différence de degré dans l’expérience du racisme, les deux cas comportent, au fond, une identique atteinte au postulat humaniste de l’équivalence, naturelle, des vies.
Ici au Sénégal, le Parlement vient de voter une loi qui déclare l’esclavage Atlantique crime contre l’humanité; aussi, nous interpellons les autorités Sénégalaises, à partir de cette tribune, pour leur rappeler que la servitude de naissance, dans ses formes les plus inhumaines, dures et révoltantes pour la conscience humaine, a été érigé en dogme de la religion musulmane, avant de devenir une valeur sociale et un mode de vie, ici tout prés, à l’autre rive du Fleuve qui unit nos deux pays.
Enfin, j’invite toutes les personnes ici présentes, à récupérer, sur la table, lire et diffuser le rapport de l’organisation SOS Esclaves sur un cas récent, pratiqué envers une femme et ses enfants, par un ancien ministre mauritanien, colonel de la gendarmerie à la retraite et héros de la guerre du Sahara ; en dépit de la gravité des actes, il bénéficie d’une totale immunité, de la part du pouvoir du général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Je vous remercie".
Biram Dah ABEID, Président de Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste, membre de

SOS.Esclaves de Mauritanie.
Dakar, le 29 mars 2010




Source : Tahalil

Lundi 29 Mars 2010
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