Ces gens-là : Arts Nègres ou Arts Noirs?

Mais où est-il donc, le Nègre, dont on est en train de célébrer les Arts ?... Qui serait assez naïf, analphabète ou instruit, pour croire à l’existence du Nègre ?... Tout, absolument tout, ce que l’Etat africain célèbre est leurre, coquilles vides : OUA, UA, Cinquantenaire, Démocratie, Festival des Arts Nègres… Reprenons



Ces gens-là : Arts Nègres ou Arts Noirs?
Mais où est-il donc, le Nègre, dont on est en train de célébrer les Arts ?... Qui serait assez naïf, analphabète ou instruit, pour croire à l’existence du Nègre ?... Tout, absolument tout, ce que l’Etat africain célèbre est leurre, coquilles vides : OUA, UA, Cinquantenaire, Démocratie, Festival des Arts Nègres… Reprenons :

Quand j’entends parler du « nègre », je ne peux m’empêcher de sursauter, m’attendant à voir surgir un fantôme ou quelque zombie… « Arts Nègres » ? Mais où est-il donc, le Nègre ! Allons !... Il y a bien longtemps qu’il est mort, le nègre.

En effet, pris sévèrement en étau entre l’arabe, l’homme blanc et, plus tard, le complexe d’infériorité, lequel l’engagea dans une prostitution suicidaire, (histoire de faire peau neuve) le nègre étouffa avant de rendre l’âme.



Le Noir (mais préférant désormais être désigné sous le nom de Black, (ça fait plus léger, mais surtout plus cool), le Noir, disais-je, dans le rôle du Nègre, et juste le temps de quelque représentation ou festivité : voilà ce qu’est le Nègre du 21e siècle. En somme, une version du Nègre revue et corrigée par les valeurs des autres peuples.

A l’origine, religion, civilisation, culture. Qui oserait remettre en cause cette relation des plus intimes ? Aussi, d’où vient-il que l’on parle encore du Nègre ? Appelez-moi par mon prénom ou nom, regardez-moi m’habiller, rendez-moi une petite visite et partagez un moment d’intimité avec moi, suivez une émission ou deux sur ma télé, et osez prétendre que vous êtes bel et bien chez un Nègre !...

A la vérité, ma société fait songer à une belle page, jadis blanche. Mais une page aujourd’hui truffée de tampons, de signatures, de ratures, d’écritures de chat, et même de graffitis ! J’ai lâchement laissé, voire autorisé, les autres peuples à égoïstement souillé notre page ! Ils l’ont tant et si bien surchargée que moi, légitime propriétaire, peine encore, et en dépit d’une loupe, à y dénicher un petit coin vierge où apposer mon propre cachet.

Qui une religion ou une philosophie, qui un prénom, une façon d’être, de s’habiller ou de manger ! Voilà comment, coincé, un pied dans chaque camp, jonglant tant bien que mal, je me suis retrouvé tentant en vain de concilier formules magiques et psaumes ou versets. Où sont-ils, mes ancêtres, là, en moi ?

Qu’est-ce qui en moi, une philosophie, un geste ou une simple tenue prouverait à quelque étranger que je suis bel et bien leur héritier, que je n’ai pas rompu la chaîne, ou plutôt, qu’on ne m’a pas fait rompre la chaîne ? A me regarder de près, mon unique source d’inspiration, mes vrais et seuls ancêtres sont mes contemporains !…

Ce sont eux qui m’inspirent. Pas mon être, pas mon environnement, encore moins mes ancêtres ! Qui suis-je vraiment à cent pour cent, ou, soyons moins exigeant, à dix pour cent ? Suis-je un homme de foi qui, par sa piété, espère des lendemains meilleurs ou un homme qui, par certaines pratiques, croit avoir le pouvoir d’influencer le destin en sa faveur ? Ne serais-je pas les deux à la fois ?...

Et en creusant un peu plus, peut-être absent des deux à la fois. J’ai tellement pris, emprunté ou dérobé que, croulant sous le poids des valeurs des autres, je suis à peine visible sous mon chargement. Et quand il arrive que l’on me remarque dans la rue, on me prend toujours pour quelqu’un autre.

Quel est cet homme, digne de ce nom, et qui, paradoxalement, ne serait pas maître chez lui ?... Sous tous les cieux, en enfants du pays, les valeurs des autres peuples règnent en maîtres, en maîtres absolues, sauf chez moi où, minoritaires, elles sont dans l’opposition, pour ne pas dire dans la clandestinité !...

Quel peuple n’a-t-il pas déposé quelque chose chez moi? Je ne suis rien ! Absolument rien. ! Seulement un simple gardien, le gardien du dépotoir universel. Mais ne vaut-il pas mieux parler, par ces temps d’ouverture, de « Civilisation de l’universel » ?

Cheikh Tijane Bathily:via:cridem

Lundi 13 Décembre 2010
Boolumbal Boolumbal
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