COMMÉMORATION DES DÉPORTATIONS: DÉCLARATION DES FLAM



COMMÉMORATION DES DÉPORTATIONS: DÉCLARATION DES FLAM
Avril 1989, avril 2010, il y a 21 ans, que le régime despotique du Colonel Maouiya Ould Sid´Ahmed Taya et ses alliés nationalistes arabes, à l'époque maitres vénérés du système, profitaient de ce qu´il est convenu d´appeler les « évènements sénégalo-mauritaniens» pour déporter leurs propres concitoyens négro-africains vers le Sénégal et le Mali. Si depuis, bien des régimes et des hommes se sont succédé à la tête de notre pays, ni les fondements idéologiques, ni les justifications chauvinistes qui ont provoqué les déportations n'ont évolué. Quant aux Déportés, seul le lieu de leur cantonnement a changé, passant des camps de la honte au Sénégal à ceux de la précarité, des vexations et des frustrations à la lisière de leurs villages et de leurs terres demeurés plus que jamais inaccessibles.
Pour rappel, en sus de l'obsession funeste de modification de la physionomie démographique de la Mauritanie, les déportations satisfaisaient les vélleités annexionistes des terres fertiles du Waalo devenues subitement objet de toutes les attentions dans la perspective de la mise en valeur du fleuve Sénégal, tout comme elles permettaient de se débarrasser des cadres Négro-africains suspectés de sympathie pour les FLAM en même temps qu'elles étouffaient toute tentative de résistance à l'arbitraire d'une réforme foncière taillée sur mesure.
La timidité de l'engagement des successeurs de Maouiya dans la voie du réglement définitif des problèmes saillants de la cohabitation prouve leur adhésion, pour l'essentiel, à la philosophie dominante du système exclusiviste en vigueur.
Les FLAM luttèrent, inlassablement, pour arracher un retour organisé des réfugiés, sous l'égide du Hcr-, qui intervint en 2008 avec le Président Sidi Ould Cheikh Abdallah.
S'il faut reconnaitre au président Sidi Ould Cheikh Abdallah le mérite de l'initiative du rapatriement des déportés et à son tombeur celui de l'avoir poursuivi, on ne peut manquer toutefois de souligner les manquements notoires qui subsistent; il s'agit, entre autres, de la viabilisation de ces sites /villages ( habitat, eau, écoles, latrines et cases de santé), du problème des pièces d'état civil, et surtout de la question explosive des terres de culture non récupérées ; ces Réfugiés sont arrêtés, battus et jetés en prison lorsqu'ils réclament leurs terres de culture. Malgré les promesses d'intégration de centaines de fonctionnaires déportés, les concernés attendent toujours.
Par ailleurs, les Réfugiés restés dans les camps, parce qu'insatisfaits des garanties de retour, sont abandonnés à eux-mêmes, par les pays d´accueil et les organisations humanitaires et aucun projet viable d´insertion n´est envisagé pour eux.
Au Mali, les Réfugiés attendent un protocole d´accord tripartite entre les Gouvernements mauritanien, malien et le HCR qui tarde à venir.

Ailleurs, le recensement, bâclé, des Déportés et Exilés en Europe et aux Etats-unis, s´est fait dans la précipitation totale.

Bref, des insuffisances notoires persistent, qui sément le doute sur la volonté réelle des Autorités mauritaniennes à réhabiliter et réinsérer les Réfugiés, et à tourner cette page sombre de notre histoire.


Les FLAM attirent l´attention des autorités publiques sur ces manquements graves dont les conséquences peuvent compromettre la timide décrispation du climat social. Les FLAM qui ont inlassablement oeuvré à l'encadrement de ces Réfugiés pour un retour organisé sous l'égide du Hcr, entendent poursuivre cette lutte jusqu'au recouvrement intégral de leurs droits . Elles exhortent le Gouvernement mauritanien à combler au plus vite ces manquements afin d'apaiser le climat social, et appellent les Réfugiés à rester mobilisés jusqu'au recouvrement de tous leurs droits.

Sur le plan politique, si des pas importants ont été posés par le Président Aziz, ils risquent d'être compromis par l'inféodation et l'instrumentalisation d'institutions où l'on nomme des courtisans et remis en cause par la tendance dangereuse à la restauration du Parti- Etat, voire du parti unique déguisé.

La récente déclaration du premier ministre sur l'arabisation forcée à relents assimilationnistes et les propos de mépris de sa ministre "d'une culture", qui ont suscité une levée de boucliers tant à l´intérieur qu'à l´extérieur du pays, semblent conforter les raisons du doute légitime sur les capacités de rupture du président Ould Abdoul Aziz avec les politiques de tradition exclusiviste et raciste qui continuent à compromettre notre unité nationale.

L´histoire de la Mauritanie, sa composition sociologique et sa position géographique l´incitent à assumer, pleinement et avec fierté, sa diversité culturelle, qui passe par l´égalité de toutes ses langues et cultures .


Les FLAM invitent les étudiants à rester vigilants et à ne pas céder aux provocations et à la violence, en dépit de leurs inquiétudes légitimes et du constat amer que le principe d'égalité et de justice pour une cohabitation équilibrée tarde à se matérialiser. La colère des étudiants est d´autant plus compréhensible que le président Ould Abdel Aziz pourtant supposé garant de l´unité nationale se mure dans un silence assourdissant à l´intérieur de sa maison brune.


Les FLAM considérent que la résolution de toutes ces questions sensibles doit s'insérer dans le processus global de la réconciliation nationale, qui passe par un apaisement préalable du climat social, et par un débat national large et serein sur la question centrale de la cohabitation entre les différentes composantes nationales, devant déboucher sur l'organisation des états généraux de l'Education, de l'Administration et de la justice, de l'Economie et de l'armée.


Elles demeurent fermes et déterminées à oeuvrer pour un Etat de droit, et pour une Mauritanie égalitaire, démocratique, respectueuse de sa diversité.




La lutte continue.

Stockholm le 24 avril 2010.

Le département de la Communication

Samedi 24 Avril 2010
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