Le 15 avril 1991, il y a de cela dix-neuf ans, le colonel Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, président du Comité Militaire de Salut National, Chef de l’Etat, annonce, à la veille de l’Aïd El Fitr, à la surprise générale, un prochain référendum constitutionnel suivi d’élections générales.
L’opposition et les syndicats non autorisés, qui réclamaient la tenue d’une conférence nationale, sont pris de court. Malgré leur rejet de l’agenda présidentiel, la nouvelle Constitution, rédigée par une commission placée sous l’égide du Comité militaire de salut national, est adoptée par référendum.
Dès le 25 juillet, les partis politiques sont autorisés et à la fin du mois, une amnistie générale est décrétée. C’est un pas supplémentaire, espère-t-on, vers la démocratisation, depuis les élections municipales pluralistes de 1990.
Toutefois, il est évident que le processus démocratique est consécutif au fameux discours de La Baule, de François Mitterrand, le 20 juin 1990, dans le cadre de la 16ème conférence des chefs d’État d’Afrique et de France qui s'est déroulée dans la ville française de La Baule.
Discours qui se résume ainsi : "Le vent de liberté qui a soufflé à l'Est devra inévitablement souffler un jour en direction du Sud. Il n'y a pas de développement sans démocratie, comme il n'y a pas de démocratie sans développement". Comme il fait suite aussi à la visite du ministre français des Affaires étrangères, Rolland Dumas, à Nouakchott en avril 1991.
Le pouvoir ayant contrôlé de bout en bout l’échéancier électoral, décidé unilatéralement par Taya et ses hommes-liges, la transition démocratique est loin d’avoir débouché sur un bouleversement politique. Elle n’aboutira qu’à donner au régime de Taya une assise démocratique. Une aubaine.
Le 17 janvier 1992, se tiennent les premières élections présidentielles pluralistes, avec quatre candidats. Comme prévu, le président candidat Ould Taya gagne dès le premier tour avec un score de 62,65%, mais l’opposition dénonce des fraudes massives et refuse de reconnaître les résultats.
La bataille a été rude. Mais, la "machine de Koubenni", petite bourgade de l’Est dont le nombre d’électeurs a été multiplié de façon exponentielle, a sauvé le colonel face au marabout. De violents affrontements éclatent à Nouadhibou, provoquant 3 morts dans les rangs des sympathisants de l’opposition. Muté hâtivement à Zouérate, et prié de regagner son poste immédiatement, le Wali de Nouadhibou, disparaîtra avec son avion et tous les membres d’équipage, dans des conditions pour le moins douteuses et non élucidées.
Ce qui amène les principaux partis d’opposition à boycotter les deux tours de l’élection législative (6 et 13 mars 1992). Le PRDS, véritable parti-Etat, dirigé d’une main de fer par le président Taya, arrache 67 des 79 sièges.
Dix sièges vont à des indépendants et les deux autres à deux partis, servant de force d’appoint au PRDS (le RDU et l’UDP). Un scénario identique se reproduit aux élections sénatoriales des 3 et 10 avril 1992. Elles sont remportées par le PRDS qui rafle 36 sièges sur 56, les 17 restants allant à des indépendants.
Le 19 avril 2007, c’est le sacre du vainqueur du deuxième tour de l’élection présidentielle, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, au terme d’une transition militaire qui s’est achevée par une élection présidentielle à laquelle les militaires du CMJD et leur gouvernement n’étaient pas candidats, en vertu de la promesse de Ely Ould Mohamed Vall de rendre le tablier aux civils.
Ses adversaires l’accusent, toutefois, d’arbitrer en sous-main au profit du candidat de l’establishment politico-militaro-financier, tandis que certains des concurrents en lice se disputent l'appui des partisans de l'ancien régime.
Le 20 avril 2009, le général Mohamed Ould Abdel Aziz annonce sa démission du pouvoir, auquel il est parvenu par la voie d’un coup de force militaire, en écartant Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, le 6 août 2008. Le président du Sénat, Bâ Mamadou Mbaré, prend la relève jusqu’à l’élection présidentielle, initialement prévue le 6 juin 2009. L’opposition refuse un tel agenda, le qualifiant d’unilatéral et investit la rue pour manifester sa désapprobation.
Le président Abdoulaye Wade entre en ligne et offre ses bons offices pour dénouer la crise mauritanienne. Les accords de Dakar sont signés le 2 juin 2009. Ils prévoient l’organisation d’une élection présidentielle, un dialogue inclusif entre les 3 parties (Aziz, le RFD et le FNDD) et la formation d’un gouvernement d’ouverture nationale. La seconde transition est mise en place, sous la présidence du président du Sénat, chef de l’Etat par intérim. Le scrutin présidentiel est organisé le 18 juillet 2009.
Samedi 17 avril 2010, au cours d’un meeting monstre organisé par la coalition de l’opposition, Messaoud Ould Boulkheir demande au président Mohamed Ould Abdel Aziz de quitter le pouvoir, lui qui en a démissionné un certain 20 avril 2009. Le mois d’avril est un mois bien funeste. Décidément, c’est le mois de tous les possibles.
Yahya Ould Hamoud
Source: Le Rénovateur.com
L’opposition et les syndicats non autorisés, qui réclamaient la tenue d’une conférence nationale, sont pris de court. Malgré leur rejet de l’agenda présidentiel, la nouvelle Constitution, rédigée par une commission placée sous l’égide du Comité militaire de salut national, est adoptée par référendum.
Dès le 25 juillet, les partis politiques sont autorisés et à la fin du mois, une amnistie générale est décrétée. C’est un pas supplémentaire, espère-t-on, vers la démocratisation, depuis les élections municipales pluralistes de 1990.
Toutefois, il est évident que le processus démocratique est consécutif au fameux discours de La Baule, de François Mitterrand, le 20 juin 1990, dans le cadre de la 16ème conférence des chefs d’État d’Afrique et de France qui s'est déroulée dans la ville française de La Baule.
Discours qui se résume ainsi : "Le vent de liberté qui a soufflé à l'Est devra inévitablement souffler un jour en direction du Sud. Il n'y a pas de développement sans démocratie, comme il n'y a pas de démocratie sans développement". Comme il fait suite aussi à la visite du ministre français des Affaires étrangères, Rolland Dumas, à Nouakchott en avril 1991.
Le pouvoir ayant contrôlé de bout en bout l’échéancier électoral, décidé unilatéralement par Taya et ses hommes-liges, la transition démocratique est loin d’avoir débouché sur un bouleversement politique. Elle n’aboutira qu’à donner au régime de Taya une assise démocratique. Une aubaine.
Le 17 janvier 1992, se tiennent les premières élections présidentielles pluralistes, avec quatre candidats. Comme prévu, le président candidat Ould Taya gagne dès le premier tour avec un score de 62,65%, mais l’opposition dénonce des fraudes massives et refuse de reconnaître les résultats.
La bataille a été rude. Mais, la "machine de Koubenni", petite bourgade de l’Est dont le nombre d’électeurs a été multiplié de façon exponentielle, a sauvé le colonel face au marabout. De violents affrontements éclatent à Nouadhibou, provoquant 3 morts dans les rangs des sympathisants de l’opposition. Muté hâtivement à Zouérate, et prié de regagner son poste immédiatement, le Wali de Nouadhibou, disparaîtra avec son avion et tous les membres d’équipage, dans des conditions pour le moins douteuses et non élucidées.
Ce qui amène les principaux partis d’opposition à boycotter les deux tours de l’élection législative (6 et 13 mars 1992). Le PRDS, véritable parti-Etat, dirigé d’une main de fer par le président Taya, arrache 67 des 79 sièges.
Dix sièges vont à des indépendants et les deux autres à deux partis, servant de force d’appoint au PRDS (le RDU et l’UDP). Un scénario identique se reproduit aux élections sénatoriales des 3 et 10 avril 1992. Elles sont remportées par le PRDS qui rafle 36 sièges sur 56, les 17 restants allant à des indépendants.
Le 19 avril 2007, c’est le sacre du vainqueur du deuxième tour de l’élection présidentielle, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, au terme d’une transition militaire qui s’est achevée par une élection présidentielle à laquelle les militaires du CMJD et leur gouvernement n’étaient pas candidats, en vertu de la promesse de Ely Ould Mohamed Vall de rendre le tablier aux civils.
Ses adversaires l’accusent, toutefois, d’arbitrer en sous-main au profit du candidat de l’establishment politico-militaro-financier, tandis que certains des concurrents en lice se disputent l'appui des partisans de l'ancien régime.
Le 20 avril 2009, le général Mohamed Ould Abdel Aziz annonce sa démission du pouvoir, auquel il est parvenu par la voie d’un coup de force militaire, en écartant Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, le 6 août 2008. Le président du Sénat, Bâ Mamadou Mbaré, prend la relève jusqu’à l’élection présidentielle, initialement prévue le 6 juin 2009. L’opposition refuse un tel agenda, le qualifiant d’unilatéral et investit la rue pour manifester sa désapprobation.
Le président Abdoulaye Wade entre en ligne et offre ses bons offices pour dénouer la crise mauritanienne. Les accords de Dakar sont signés le 2 juin 2009. Ils prévoient l’organisation d’une élection présidentielle, un dialogue inclusif entre les 3 parties (Aziz, le RFD et le FNDD) et la formation d’un gouvernement d’ouverture nationale. La seconde transition est mise en place, sous la présidence du président du Sénat, chef de l’Etat par intérim. Le scrutin présidentiel est organisé le 18 juillet 2009.
Samedi 17 avril 2010, au cours d’un meeting monstre organisé par la coalition de l’opposition, Messaoud Ould Boulkheir demande au président Mohamed Ould Abdel Aziz de quitter le pouvoir, lui qui en a démissionné un certain 20 avril 2009. Le mois d’avril est un mois bien funeste. Décidément, c’est le mois de tous les possibles.
Yahya Ould Hamoud
Source: Le Rénovateur.com
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