André Parent : "Le Général Aziz est un dictateur peint en démocrate"



André Parent : "Le Général Aziz est un dictateur peint en démocrate"
Les confidences du conseiller du président français chargé des affaires africaines, André Parent, publiées par le journal "Le Républicain Lorrain", continuent de provoquer des vagues entre son pays et certains chefs d’Etat africains. Ces propos, peu amènes, concernent des présidents dont Mohamed Ould Abdel Aziz.

Jusqu’ici, il n’y a pas eu de réactions officielles de la partie mauritanienne. Mais, contrairement à la représentation diplomatique française à Dakar qui avait tenu à démentir de tels propos, l’ambassade de France à Nouakchott est restée discrète et n’a fait jusque là aucun commentaire.

En attendant, les observateurs se demandent s’il s’agit d’excès de langage d’un conseiller ou d’une fuite "orchestrée" qui prépare une nouvelle approche de l’Elysée dans sa politique africaine.

Ancien ambassadeur de son pays à Dakar et, tout dernièrement, à Beyrout, André Parant est devenu, il y a peu de temps, le monsieur Afrique de l’Elysée. Il travaille sous l’autorité du conseiller diplomatique, Jean David Levitte. Au cours d’une rencontre informelle avec des journalistes diplomatiques, il aurait tenu des propos, of the record, comme on dit quant on ne veut pas assumer publiquement des propos. Mais, généralement, quand on raconte des propos à des journalistes, ce n’est pas pour leur faire seulement des confidences, on cherche plutôt à ce qu’ils les publient. Surtout, si l’on est nouveau dans sa profession, comme c’est le cas de monsieur Afrique de l’Elysée. Mais au-delà de la polémique, quels sont les présidents qui étaient cités et jugés par le conseiller indiscret ?

A tout seigneur tout honneur, il y a d’abord le président Abdoulaye Wade, accusé de vouloir semer la pagaille dans son pays en voulant se présenter pour un nouveau mandat à son âge et en cherchant à imposer son fils, Karim, aux sénégalais. A côté du doyen Wade, des propos acerbes auraient été tenus contre le président Aziz, le Président Denis Sassou Ngesso du Congo, Faure Eyadéma du Togo et Ali Bongo du Gabon. Nous nous limiterons à ceux proférés contre le président de la République, gratifié de son grade de militaire et accusé d’être arrivé au pouvoir par la fraude. «Le Général Aziz est un dictateur peint en démocrate. Il a organisé des élections frauduleuses. On a simplement fermé les yeux» aurait confié André Parant.

Une déclaration qui va à l’encontre de l’entente parfaite, voire la complicité qui existait entre certains milieux influents de la politique étrangère de la France et les auteurs de rectifications en Mauritanie. Le numéro deux de la junte militaire qui a renversé Ould Cheikh Abdellahi, Mohamed Ould Ghazouani, général chef d’état major de l’armée nationale, a été reçu fréquemment par ce qui qu’on présente comme étant le vice président français, Claude Guéant, officiellement secrétaire général de l’Elysée.

Dans les milieux de l’opposition, on va même jusqu’à accuser la France d’avoir provoqué le putsch, couvert et soutenu ses auteurs. L’un des négociateurs de l’accord de Dakar explique que l’ambassadeur de France à Nouakchott faisait beaucoup de manœuvres pour maintenir Aziz en selle. Il est allé jusqu’à dire que son pays reconnaitra l’élection de Aziz si les autres acteurs boycottent le scrutin ou en cas de non signature d’accord mettant fin à la crise. Un grand pays qui a consenti tous ses efforts va-t-il laisser tomber son "champ en défriche" aussi simplement. Difficile à croire en effet que les français puissent laisser tomber aussi facilement le président Aziz, même si certains analystes estiment que Sarkozy a paniqué après les mauvais résultats de la droite aux régionales et les intensions de vote en chute libre promues par les sondages.

Des propos dans le vent

Les révélations du Républicain lorrain par rapport aux propos désobligeants du conseiller Afrique de l’Elysée par rapport au président Aziz sont tombées pendant le weekend. On ne sait même pas si le gouvernement en a encore pris connaissance et on ne sait pas non plus s’il va ou non réagir en exigeant des excuses ou au moins des explications. Même si cette méthode ne fait partie de nos pratiques diplomatiques. Surtout si les appréciations faites par le conseiller de l’Elysée ne dépassent pas l’analyse personnelle d’un ancien diplomate qui connait bien le continent. Mais la question est de savoir s’il n’a pas été mandaté pour tenir un message aux amis. Cela, dit-on, est d’autant plus probable que le chef d’orchestre de la France Afrique, Claude Guéant, chercherait à quitter son poste. Des milieux de la presse française soutiennent qu’il avait laissé échapper exprès le dossier de Rachida Dati que la famille Sarkozy accuse d’être derrière les informations reprises sur la vie de leur couple.

Envisagée, sous cet angle l’affaire prendrait une autre allure, car tous les chefs d’état cités appartiennent au cercle de la France Afrique animé par l’avocat robert Bourgi et compagnons sous l’œil vigilant de l’omniprésent secrétaire général de l’Elysée. Si son départ se confirmait, tout peut arriver dans la politique africaine de la France. Y compris l’option de lâcher ses anciens amis qu’elle avait aidée un moment à contrôler le jeu politique chez eux. En diplomatie, comme en politique, il n’y a pas de positions éternelles !


Source: Taqadoumy




Lundi 3 Mai 2010
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