126 PROPOSITIONS POUR GOUVERNER AUTREMENT



I. Introduction

1.1 Notre pays, la Mauritanie, après des décennies d’errances politiques et économiques, se trouve dans une crise multidimensionnelle, avec des institutions fragilisées, une perte des valeurs, des pratiques indésirables et des risques avérées de décomposition. Le moment est cependant propice pour un sursaut de l’ensemble de ses enfants pour donner espoir aux jeunes générations. C’est pourquoi, un peu partout à travers le pays des citoyens conscients de cette exigence réfléchissent et s’organisent pour apporter leur pierre à l’édification d’une nouvelle Mauritanie, une Mauritanie rénovée, dans le cadre d’un Etat moderne qui rassemble, protège et promeut les valeurs d’honneur, de fraternité et de justice.

1.2 La Coalition « VIVRE ENSEMBLE » se veut un cadre d’échanges, de réflexion et d’actions, regroupant des partis politiques, des organisations de la société civile et des personnalités indépendantes, tous, soucieux du renforcement de l’unité nationale et de l’ancrage de la démocratie dans notre pays. La Coalition « VIVRE ENSEMBLE » entend se mobiliser, avec tous les hommes, femmes et jeunes de bonne volonté, pour sauver notre pays, en élaborant des réponses concrètes et rapides face aux défis du développement, de la sécurité et de la paix intérieure. Elle reste convaincue que la priorité des priorités réside dans la résolution correcte de ce qu’on appelle d’un terme pudique : la question nationale.

II. Diagnostic de la situation

2.1 Le sentiment dominant en Mauritanie, pour tout observateur averti, reste celui de l’exclusion. Bien que tous les mauritaniens, à des degrés divers en subissent les effets, les communautés négro-africaines et haratines en souffrent davantage. Il s’est développé un système raciste, esclavagiste et qui sape les fondements de l’unité nationale, axé sur la captation des ressources nationales et la conservation du pouvoir au détriment de la volonté populaire. Cette situation explique, en retour, les problèmes récurrents de la cohabitation, la persistance des pratiques esclavagistes et associées, le féodalisme, le tribalisme érigé en mode d’assouvissement d’intérêts bassement matériels et le déni de citoyenneté pour des milliers de mauritaniens.

2.2 Question de la cohabitation. Restée longtemps taboue, souvent occultée, la question de la cohabitation, qui est l’un des problèmes saillants de la « question nationale » se pose comme un défi permanent, aggravé par la gestion chaotique des rapports entre l’Etat et les communautés, particulièrement négro-africaine. Si certains aspects peuvent être taxés de conjoncturels (la déportation des années 89, les nominations aux hautes fonctions civiles et militaires, la gestion du foncier, l’exclusion biométrique, etc.) une analyse objective indique clairement que ces phénomènes résultent d’une stratégie d’exclusion structurelle, posant aujourd’hui la question du partage du pouvoir et des richesses.

2.3 Question culturelle. Beaucoup d’observateurs peu avertis ont tendance à réduire le problème négro- mauritanien à sa simple expression culturelle. Ce qui est une erreur, car la question culturelle n’est qu’un aspect du problème global que pose la question nationale. Il est urgent de rechercher une solution à cette question en partant du principe de base qu’aucune culture, ni aucune langue nationale n’est supérieure en elles-mêmes aux autres cultures et langues nationales.

2.4 Question de la spoliation des terres. Entamée avec la mise en œuvre de la loi domaniale de 1983 portant sur la réforme foncière, les autorités administratives ont profité de cette brèche, souvent au mépris de la loi, elle-même, pour procéder à la dépossession progressive et planifiée des négro-mauritaniens de leurs terres. Pour arriver à bout de la résistance des populations hostiles à cette réforme et ses pratiques illégales, le système, avec à sa tête Maaouya O/ Sid’Ahmed TAYA, a profité des évènements sénégalo-mauritaniens de 1989 pour procéder à la déportation de dizaines de milliers de propriétaires terriens négro-mauritaniens (fonctionnaires, agriculteurs et éleveurs) ; et donc à la spoliation sans précédent des terres. Cette situation perdure encore, malgré le retour de la majorité des déportés.

2.5 Question du passif humanitaire. La perception largement partagée que les crimes commis entre 1986 – 1991 participent d’un génocide ethnique, sape d’avantage les fondements même de la vie en commun par l’augmentation des préjugés et la perte de confiance entre l’Etat et les communautés, mais aussi entre les différentes composantes nationales. Certains compatriotes adoptent des concepts et appellations qui ne sont pas loin de l’euphémisme, du faux diagnostic, du faux témoignage ou simplement se plient à l’exigence de déni des anciens bourreaux, ce qui n’est pas de nature à rapprocher les positions pour une solution durable.

2.6 Ces positions, banalisant ce qu’on a coutume d’appeler le passif humanitaire, ne manqueront pas d’avoir des conséquences lourdes que l’histoire et la mémoire collective se réserveront de juger. Si en vue de panser les plaies du passé, des ébauches de solutions ont été proposées, les revendications réelles des victimes et ayant droits n’ont pas été entendues. Certains réfugiés ont pu récupérer terres et biens, mais d’autres en sont privés sur l’autel du fait accompli et bon nombre d’entre eux courent toujours derrière ce droit et celui encore plus banal de recouvrer leur état civil .Ce problème est d’abord et surtout un problème politique avant d’être un problème de violation des droits humains et les mauritaniens doivent s’entendre sur la meilleure façon d’exorciser ce traumatisme de la sombre histoire de notre pays pour que nos communautés recommencent à se faire de nouveau confiance .

2.7 Question de l’esclavage. Malgré les lois prises visant son éradication (1981, 2007, 2012), l’esclavage existe dans la pratique et survit dans la mentalité de la plupart des mauritaniens, parce que la volonté politique et les mesures d’accompagnement font défaut. Si le phénomène de l’esclavage est ancien et traverse l’espace sahélien, l’incapacité de l’Etat à faire face à cette question sociale est à l’origine des crispations de la communauté Haratine autour de revendications basées sur le nombre et la marginalisation.

2.8 Question économique et sociale. Suite à la mise en œuvre des politiques économiques et sociales malavisées, incohérentes et peu soucieuses de l’équité, la croissance économique erratique, observée au cours de la dernière décennie, n’a pas permis à la grande majorité de notre population de sortir du cercle vicieux de la pauvreté. C’est ainsi que la Mauritanie est à la traîne en ce qui concerne un grand nombre d’indicateurs sociaux : (i) la pauvreté n’a pas reculé surtout en milieu urbain qui attire les plus pauvres d’entre les pauvres ; (ii) plus de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté et le chômage touche près 30% de la population active ; (iii) les groupes sociaux, exclus du progrès social, sont de plus en plus nombreux et davantage marginalisés ; (iv) les taux de scolarisation des enfants de 6 à 11 ans atteint à peine 55 % ; (v) plus du tiers des ménages vivent dans des logements précaires et ; (vi) à peine 38 % de la population à accès à l’électricité.

2.9 En outre, les incohérences dans les priorités budgétaires, au cours de la décennie, expliquent que les investissements publics n’ont été ni efficaces ni efficients. Non seulement les retombées sur les conditions de vie des populations ont été plus que marginales, pire encore, ils ont conduit à un endettement sans précédent avec une dette de près de 100% du PIB, plaçant ainsi la Mauritanie parmi les pays les plus endettés du Continent.

2.10 Face à l’ampleur des défis à relever et aux nouvelles menaces (terrorisme, drogue) qui nous cernent, l’enjeu fondamental est la survie de notre pays. En patriotes sincères, les membres de la Coalition « VIVRE ENSEMBLE » appellent à l’urgence de fédérer d’autres patriotes issus des formations politiques, de la société civile et des personnalités de toutes les communautés et de tous bords dont le seul souci est de participer de façon active à la reconstruction de notre pays. La Coalition « VIVRE ENSEMBLE » reste ouverte à la diaspora mauritanienne des quatre coins du monde, et à toutes les personnalités morales et religieuses dont la vocation est de défendre les intérêts supérieurs d’une Mauritanie unie, démocratique, débarrassée de ses tares, de ses préjugés et réconciliée avec elle-même, dans le respect de sa diversité culturelle.

III. PROPOSITIONS POUR GOUVERNER AUTREMENT

3.1 Le présent programme de Gouvernement se veut un projet de société dont la trame repose sur une politique d’intégration nationale. Les 126 propositions qui suivent constituent une déclinaison des dimensions de ce projet de société qui puisent leurs sources dans nos valeurs islamiques, la richesse de notre diversité culturelle et nos responsabilités devant l’histoire et face à l’avenir de notre jeunesse.

3.2 Pour faire face au déficit de dialogue, le Gouvernement s’attellera aux réformes institutionnelles suivantes visant à la fois à jeter les bases d’une démocratie forte et paisible et à rationaliser les institutions constitutionnelles.

A. Unité nationale et cohésion sociale

1. Organiser des Assises nationales, au cours de 100 premiers jours du mandat, devant aboutir à la place d’une série de réformes permettant de décrisper les rapports sociaux, de restaurer la cofinance et de dissiper les préjugés. Il s’agira de jeter les bases d’un consensus national sur des thématiques majeurs qui seront consignés dans la Charte du Vivre Ensemble ;

2. Instituer un partage équilibré du pouvoir, particulièrement au niveau des institutions à mandat de la République comme la Primature, le Parlement, la Cour des comptes, la Cour suprême, le Conseil constitutionnel et certains ministères régaliens relevant de la souveraineté ;

3. Résoudre le passif humanitaire à travers une justice transitionnelle et des mesures d’apaisement qui aideraient à restaurer la confiance et à créer les conditions d’une véritable réconciliation entre tous les mauritaniens. L’État veillera au retour de tous les déportés et à leur rétablissement dans leurs droits

4. Satisfaire les revendication légitimes des victimes et ayants droit sur la base des quatre devoirs (vérité, justice, réparation et mémoires ;

5. Lancer une enquête indépendante et impartiale sur le phénomène de l’esclavage et de ses pratiques associées. Cette enquête sera élargie à l’évaluation des mesures prises par les autorités nationales et locales face à des pratique d’esclavage qui leur ont été signalées.

6. Adopter des mesures de réparation pour les victimes de l’esclavage et rendre l’instruction primaire obligatoire et gratuite jusqu’à l’âge de 12 ans ;

7. Adopter des mesures d’accompagnement pour l’application des textes incriminant l’esclavage et reconnaitre toutes les organisations anti-esclavagistes ;

8. Engager des réformes constitutionnelles affirmant l’identité multinationale et pluriculturelle du pays. Il s’agira de promouvoir la diversité culturelle et l’équité dans toutes les manifestations publiques ;

9. Officialiser toutes les langues nationales ainsi que l’affirmation de leur égalité devant l’éducation, l’emploi et la justice. A cet effet rétablir l’Institut des Langues nationales en élargissant ses compétences à la recherche et aux métiers de la communication ;

10. Recréer le système des internats dans tous les chefs-lieux de wilaya et moughataa;

11. Favoriser les initiatives d’intégration nationale en organisant par exemple des colonies de vacances inter-régionaux pour les enfants mauritaniens dès le jeune âge;

12. Accorder des primes aux productions multiculturelles (musique, théâtre, ballets, arts, etc.) valorisant notre patrimoine commun ;

13. Créer dans la nomenclature gouvernemental un ministère chargé de la solidarité nationale et de la cohésion sociale ;

14. Assurer une redistribution des richesses plus équitable par la collecte publique de la Zakat. A cet effet une Agence nationale sera chargée de la gestion et de la redistribution des ressources collectées au profit des couches vulnérables ;

15. Lutter contre le phénomène de mendicité des enfants, en apportant aide et assistance aux écoles coraniques.

B. Consensus Politique

16. Revoir le découpage administratif et électoral du pays en tenant compte des critères de populations ainsi que les missions des Conseillers régionaux. Les régions doivent être dotées de pouvoir reconnus dans la constitution à travers de larges compétences, moyens et prérogatives dans les domaines de l’économie locale, du foncier, de l’éducation et de la gestion des ressources naturelles ;

17. Garantir le principe de la séparation des pouvoirs (judicaire, législatif et exécutif) dans le respect des droits humains et des libertés fondamentales ;

18. Élaborer un code électoral consensuel sur la base d’une approche participative ;

19. Mettre en place une Commission nationale électorale consensuelle et permanente qui aura en charge l’organisation et la supervision de toutes les élections ;

20. Organiser un référendum constitutionnel portant sur : (i) la suppression du Conseil économique et social, (ii) la création d’une Chambre des hautes collectivités locales, (iii) le renforcement des pouvoirs du Premier ministre. Il sera désigné dans la majorité parlementaire. Il détermine et conduit la politique économique et sociale du Gouvernement, (iv) La constitutionnalité de la Haute autorité de la presse et de l’audio-visuel, (v) la motion d’investiture par l’Assemblée nationale d’un certain nombre de postes, dont le mandat de 4 ans donné au Président de la Cour des comptes, renouvelable une fois, et (vi) les autres questions d’intérêt national qui seront soumises au débat constitutionnel ;

C. Justice et Libertés publiques

21. Assurer l’Indépendance de la justice par la révision de la composition et du fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature ;

22. Revaloriser les salaires et améliorer les conditions de travail des fonctionnaires, agents auxiliaires, ainsi que les pensions des retraités civils et militaires de manière à indexer les niveaux de rémunération sur le coût de la vie ;

23. Construire des prisons répondant à des normes humaines dans les chefs-lieux de Wilaya et former le personnel (régisseurs et gardiens de prisons) au respect des droits humains, tout en donnant aux détenus la chance d’une réinsertion dans la vie normale ;

24. Instaurer l’obligation de la déclaration de patrimoine à l’entrée et à la sortie des hautes fonctions publiques et la rendre publique. Pour les hautes charges (Président de la république, membre du Gouvernement, responsables des grandes sociétés publiques), cette mesure sera élargie aux épouses et enfants mineurs.

25. Impliquer les organisations de la société civile ayant vocation à le faire dans le suivi de l’état général des libertés et des droits de l’homme dans le pays;

26. Réformer les textes juridiques relatifs au code de procédure pénale en matière de présomption d’innocence et d’assistance judiciaire ;

27. Mettre en œuvre de façon effective le régime de la déclaration préalable en matière de constitution de partis, d’associations, de syndicats, de réunion et de manifestations publiques ;

28. Accorder à la presse un régime fiscal préférentiel ;

29. Mettre en œuvre une nouvelle réforme du secteur l’audiovisuel public et privé ;

D. Croissance et Emploi

30. Mettre en œuvre, dès début 2020, un programme de relance économique qui fixera les premières orientations en faveur de la croissance inclusive, de l’emploi et du cadre de vie. Ce programme s’inscrira dans le cadre d’une stratégie cohérente, prudente et disciplinée d’investissement en vue de restaurer et préserver la viabilité de l’endettement du pays ;

31. Assainir la gestion des finances publiques et adopter la nouvelle loi budgétaire organique, fondée sur une budgétisation programmatique axée sur la per formance ;

32. Entreprendre des réformes du secteur bancaire en mettant l’accent sur le cadre de surveillance et de règlementation pour préserver la stabilité́ macroéconomique et renforcer le rôle positif du secteur dans le développement économique du pays ;

33. Accélérer la transformation structurelle et la diversification de l'économie à travers l’amélioration du climat des affaires pour l’émergence d’un secteur privé dynamique qui sera désormais le principal moteur de la croissance économique ;

34. Promouvoir la chaine des valeurs dans les secteurs à fort potentiel de croissance (agriculture, élevage, pêche) pour changer le paradigme actuel en matière de sécurité alimentaire ;

35. Mettre en place, dès 2020, un Guichet d’information qui aura en charge de promouvoir des outils d’information, de sensibilisation et de vulgarisation sur les opportunités et potentialités existantes en matière de développement de la très petite entreprise (TPE). Ce guichet hébergera en même temps un service d’information, de conseil et d’orientation professionnelle, dédié à la jeunesse et à l’entreprenariat féminin ;

36. Mettre en place un programme d’urgence en milieu rural ayant comme priorités l’accès à l’eau, à la santé, à l’énergie éducation et le désenclavement ;

37. Mettre en œuvre un Programme de Développement Communautaire (PDC), ciblant 500 villages et adwaba de plus de 500 habitants comprenant : (i) le renforcement des capacités à travers l’alphabétisation fonctionnelle y compris en langues nationales ; (ii) la réalisation des micro-projets selon une approche participative des communautés de base ; (iii) le micro-crédit en milieu rural pour appuyer la création d’activités génératrices de revenus ;

38. Mettre en œuvre un Programme National de Développement local (PNDL) destiné à accompagner les entités déconcentrées et/ou décentralisées (Wilaya, Moughataa et collectivités locales);

39. Renforcer la productivité de l’économie à travers le développement des infrastructures en milieu rurale (routes et pistes rurales, irrigation, électricité, installations de stockage, accès aux marchés, systèmes de conservation et réseaux d’approvisionnement, etc.) ;

40. Renforcer l’offre d’infrastructures de formation professionnelle (construction de lycées techniques et professionnels, mise en place de clusters de formation professionnelle, construction de centres de formation aux métiers ;

41. Revaloriser le SMIC dont le montant sera fixé après négociations avec les organisations patronales et syndicales. A terme le SMIC actuel sera multiplié au moins par deux (2) durant le mandat;

42. Réformer le régime de la Sécurité sociale en révisant, branche par branche, l’ensemble des prestations de la CNSS.

43. Promouvoir une politique d’habitat social en faveur des couches défavorisées ;

44. Œuvrer à la mise en place d’un environnement fiscal plus attrayant pour les investisseurs nationaux et internationaux, notamment à travers l’adhésion à l’Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA) ;

45. Rationaliser les exonérations fiscales, sources de distorsions et d’inefficacité des efforts de mobilisation des ressources budgétaires domestiques ;

E. Initiatives en faveur des jeunes et femmes
Il s’agira pour l’État de renforcer les ressources humaines et financières des institutions de crédits et micro crédits, qui permettront aux jeunes et aux femmes d’avoir accès aux sources de financement à moindre coût pour leur insertion dans le tissu économique et social.

46. Encourager les jeunes et certains diplômés sans emploi à la pratique de l’agriculture pour lutter contre le chômage et participer à l’autosuffisance alimentaire. Cela suppose que les jeunes soient formés aux techniques culturales, encadrés et regroupés en GIE. Ils bénéficieront de périmètres aménagés de 20 à 30 ha et de crédits agricoles à taux zéro ;

47. Mettre en place un fonds doté de 200 millions MRU, dédié à la formation et au financement des jeunes et des femmes ;

48. Lancer un programme spécifique de promotion de l’employabilité des jeunes, doté d’un budget de 100 millions MRU, dédié à la formation et à l’apprentissage des jeunes opérant dans le secteur informel ;

49. Mettre en œuvre un projet de développement de la pêche continentale, au profit des jeunes et aux pêcheurs fluviaux ;

50. Mettre en œuvre un programme d’investissement à l’objectif de créer 50 000 emplois décents par an en faveur des jeunes ;

51. Encourager les jeunes diplômés sans emploi et les docteurs vétérinaires à s’investir dans l’élevage intensif par la création de fermes modernes ;

52. Élaborer des budgets sensibles à la question du genre pour mettre un terme aux pratiques discriminantes à l’égard des femmes. Les priorités budgétaires vont désormais intégrer la promotion de l’égalité́entre les sexes, le développement de l’entreprenariat féminin et la participation des femmes au marché du travail ;

53. Favoriser au niveau des grandes entreprises la création d’emplois destinés aux femmes;

54. Favoriser l’éducation, la formation et l’emploi des femmes : la femme doit avoir les mêmes opportunités que l’homme en matière d’éducation et de formation professionnelle. Elle doit avoir un libre choix de la profession et de son exercice ;

55. Mettre en place un programme de micro-crédits destinés à financer des micro-projets générateurs de revenus en faveur des jeunes et des femmes. Ces crédits seront octroyés à taux zéro ;

56. Accorder des bourses spéciales aux filles étudiantes au niveau des filières scientifiques et techniques ;

F. Gouvernance

57. Créer un Ministère chargé de la Décentralisation et du Développement local et renforcer la déconcentration administrative pour apporter des réponses de proximité aux besoins exprimées par la population ;

58. Moderniser le système budgétaire de l’Etat à travers la mise en place d’une gestion axée sur les résultats, la performance et la reddition des comptes ;

59. Renforcer le rôle de l’Inspection générale des finances en matière de contrôle et d’audit de la gestion des différents services de l’Etat.

60. Promouvoir une nouvelle culture de gestion des ressources humaines basée sur la compétence et le mérite;

61. Adopter de nouvelles normes de services visant à rendre l’administration plus proches de l’usager et instaurer des contrats de performances ;

62. Initier, dès le début du mandat, des émissions radio-télévisées de sensibilisation et d’orientation sur les démarches et procédures administratives. A cet effet, des services d’accueil et d’information ainsi qu’un portail dédié aux publics, seront créés au sein des différents départements ministériels ;

63. Mettre en œuvre un Programme spécial de renforcement des capacités (PSRC), visant à accroître la qualité des ressources humaines de l’administration et comprenant un plan visant à organiser une Opération «Retour de nos cerveaux » ;

64. Mettre en place un cadre institutionnel de renforcement de la transparence et de la moralisation de la vie publique par la création d’une agence nationale de prévention et de lutte contre la corruption ;

G. Économie numérique

65. Créer la plateforme « technologie de l’information de la communication » (TIC) de l’Etat par la mise en œuvre d’un schéma directeur de l’informatique en vue d’accélérer la transformation numérique de l’économie nationale ;

66. Renforcer l’efficacité de l’administration à travers le développement de l’initiative e.Gov
afin de moderniser ses méthodes de gestion et d’organisation. Il s’agira de tirer profit des potentialités offertes par les TIC dont notamment la mise en ligne des services de l’administration au profit du citoyen et de l’entreprise ;

67. Réduire la fracture digitale au profit des citoyens en visant l’objectif « connexion » pour tous et améliorer l’accès à la téléphonie et aux équipements numériques ;

68. Soutenir le développement des compétences nationales en mettant en œuvre un programme spécifique de renforcement des capacités nationales dans le domaine des TIC ;

H. Politiques sectorielles
Éducation, Santé

69. Organiser, dès 2020, les états généraux de l’éducation et de la formation ;

70. Entreprendre un vaste programme d’infrastructures scolaires et universitaires visant à accroître de 50% l’offre à l’horizon 2024. Quatre universités seront créées à Rosso, Nouadhibou, Kiffa et Kaédi;

71. Réformer les curricula d’enseignement dès le cycle primaire de l’éducation nationale pour y introduire progressivement l’enseignement de l’informatique et de l’anglais à partir du cours moyen ;

72. Améliorer les compétences et mettre à niveau les effectifs du de l’Éducation nationale en en vue d’atteindre, dans les meilleurs délais, la scolarisation universelle et éliminer le décrochage scolaire, tout en revalorisant la fonction enseignante dans le cadre d’une politique adéquate de gestion des carrières.

73. Lancer, dès 2020, un programme national de cantines scolaires, en priorité en milieu rural et dans les centres péri-urbains défavorisés, pour renforcer les bases d’une école pour tous.

74. Unifier l’enseignement, mais inclure dans les programmes scolaires des options diverses en fonction de nos réalités culturelles ;

75. Privilégier dans l’enseignement supérieur, les options scientifique et techniques et viser à répondre à l’adéquation formation- emploi (enseignement professionnel) ;

76. Créer une université d’excellence ouverte sur le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest pour l’enseignent des lettres arabes et du coran ;

77. Généraliser et revaloriser les bourses d’études dans certains domaines et pour les étudiants issus des couches défavorisées ;

78. Mettre en place un programme de retour au pays des personnels de santé qualifiés exerçant à l’étranger ;

79. Accorder une priorité aux soins de santé primaire, à la médecine préventive et à la protection de la mère et de l’enfant afin d’atteindre les objectifs du développement durable (ODD) ;

80. Réhabiliter et équiper les hôpitaux de l’ensemble des willaya et les dotés de personnels compétents. Un effort particulier sera fait en matière de maintenance et de gestion de ces structures ;

81. Moraliser les conditions d’exercice des professions médicales et pharmaceutiques ;

82. Intensifier la lutte contre les grandes pandémies, dont le paludisme, le SIDA et la tuberculose ;

83. Mettre en place une solution de réduction des prix des médicaments sur toute l’étendue du territoire national et encourager la vente de médicaments génériques ;

Agriculture, Elevage et Pêche

84. Mettre en place une réforme foncière judicieuse et équilibrée, respectant la propriété privée et le principe d’une juste indemnisation en cas d’expropriation pour cause d’utilité publique ;

85. Entreprendre une Nouvelle politique Agricole (Agriculture et Elevage) pour faire face aux crises alimentaires récurrentes ;

86. Aménager des bassins de rétention d’eau dans les zones dites Humides (tamourett Naaje au tagant, mahmouda au Hodh Chargui et le Karakoro) ;

87. Créer une banque de crédit agricole destinée aux petits et moyens exploitants ;

88. Réhabiliter l’Ecole Nationale de Formation et de Vulgarisation Agricole de Kaédi (ENFVA) ;

89. Réhabiliter l’abattoir de Kaédi et rendre opérationnel celui de Néma en le mettant aux normes d’hygiène universellement admises et dont les produits seront destinés à l’exportation ;

90. Prendre les dispositions législatives et réglementaires dans le domaine de la pêche par la création des espaces communautaires de gestion des ressources tant au niveau maritime qu’au niveau de la pêche continentale, pour une plus grande implication des pécheurs dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre des plans d’aménagement des ressources halieutiques ;

91. Mettre en place des infrastructures de distribution des produits de la pêche pour assurer l’approvisionnement du marché intérieur et encourager les opérateurs du sous-secteur ;

Environnement

92. Élaborer une Charte nationale de l'environnement et du développement durable ;

93. Promouvoir une gestion préventive contre les risques naturels et identifier des mesures d’adaptation au changement climatique ;

94. Renforcer les mécanismes économiques et financiers de nature à inciter à la réalisation de programmes visant la sauvegarde et la protection de l’environnement ;

95. Mettre en œuvre un programme de sensibilisation des populations en matière de protection de l’environnement ;

96. Mettre en place un dispositif institutionnel de la promotion du traitement des rejets liquides, solides et gazeux ;

Industrie, Mines et Pétrole

97. Renforcer le tissu industriel notamment dans les régions de l’intérieur, l’accès au marché, la recherche et l’innovation en faveur des Petites et Moyennes Industries (PMI) dans des secteurs à forte valeur ajoutée ;

98. Mettre en place dès 2020, un Observatoire de l’Industrie, doté d’un budget de 80 millions MRU, dont l'objectif est de fournir aux entreprises les informations pertinentes sur les opportunités d’investissement, les données sur les normes internationales de production et d’exportation ;

99. Encourager la création et la multiplication d’unités de production utilisatrices de main d’œuvre et de matières premières locales ;

100. Limiter l’extraversion de la SNIM et des autres sociétés nationales d’exploitations des mines (cuivre et or) pour leur intégration à l’économie nationale, tout en préservant leur compétitivité et le respect de leurs engagements internationaux ;

101. Intensifier la prospection et la recherche minière et pétrolière, en vue de l’exploitation en partenariat avec les sociétés internationales dans le cadre de sociétés mixtes à capitaux mauritaniens et étrangers ;

102. Renforcer et assurer une gestion transparente du fonds créé sur les revenus du gaz et du pétrole pour les générations futures ;

103. Favoriser la « Mauritanisation » des emplois dans le secteur gazier et pétrolier dans un délai raisonnable par la mise en place d’un programme ambitieux;

104. Éliminer de façon graduelle au niveau de la SNIM, Taziast, MCM et des grandes entreprises privées l’utilisation des ouvriers par des tacherons et des sous-traitants et favoriser leur recrutement direct dans lesdites sociétés.

Commerce, Tourisme et Artisanat

105. Organiser le secteur du commerce selon les divisions classiques (détaillants, semi-grossistes, grossistes, importateurs et grande distribution) avec une délimitation du cadre dans lequel chacun de ces opérateurs peut évoluer ;

106. Encourager l’organisation des foires et expositions périodiques dans les grandes villes, les capitales régionales et les villes frontalières ;

107. Redresser l’image de la Mauritanie à travers les secteurs du tourisme et de l’artisanat, en mettant l’accent sur la triple dimension culturelle, écologique et commerciale ;

108. Faire de la destination Mauritanie, un raccourci de l’Afrique, offrant la richesse et les variétés culturelles de l’Afrique noire et du monde arabe, à travers nos différents écosystèmes, l’artisanat et le folklore.

Hydraulique, Énergie et Transport

109. Doter tous les centres urbains de plus de 100 familles d’un réseau d’adduction d’eau potable ;

110. Favoriser la diversification des sources d’énergie et limiter la production de charbon de bois aux seules zones des marchés ruraux et programmer sa réduction progressive;

111. Encourager la production et l’utilisation des énergies renouvelables, solaires et éoliennes ;

112. Assurer l’électrification de toutes les Moughataas du pays avant 2024.

113. Construire les routes M’bout – kiffa, Selibaby-kiffa, Néma –Amourj-AdelBagrou, Tidjikja- Atar- choum, Rosso- Keur Macene, Tiguent-Mederdra-R’Kiz ;

114. Envisager la réalisation d’un nouveau port en eau profonde à Nouakchott et améliorer la compétitivité du PANPA ;

I. La Culture et les loisirs

115. Faire connaitre notre patrimoine culturel en assurant notre présence dans les fora Africains, Arabes et Internationaux ;

116. Mettre en place un programme ambitieux pour l’édition et la publication du patrimoine culturel et des œuvres intellectuelles et techniques mauritaniennes ;

117. Construire et équiper des Complexes Sportifs dans tous les chefs-lieux de wilayas et des maisons des jeunes dans les Moughataas ;

118. Créer une société de production à capitaux mixtes pour la promotion des œuvres artistiques et musicales ;

119. Accorder une liberté entière à la création artistique et à la transmission des valeurs culturelles dans tous les domaines de l’art ;

120. Favoriser et encourager les sports traditionnels notamment la lutte ;

J. Relations extérieures

Pays charnière entre le monde arabe et l’Afrique noire, la Mauritanie appartient naturellement aux ensembles régionaux ayant en commun des caractéristiques humaines culturelles et des intérêts communs (Union Africaine, UMA, OMVS, la ligue arabe et la CEDEAO) ;

121. Promouvoir une politique de bon voisinage et de coopération avec les pays voisins : Sénégal, Maroc, Mali et Algérie ;

122. Pour le Sahara Occidental : Contribuer dans le cadre des nations unies et de l’UMA à une solution juste et durable, acceptée par tous ;

123. Réintégrer la Mauritanie au sein de la CEDEAO ;

124. Soutenir l’ouverture de la Mauritanie, grâce au développement des axes de desserte (routes, voies fluviales, maritimes ferroviaires et aériennes) vers les pays limitrophes pour faciliter la circulation des personnes et des biens au sein des espaces de l’UMA et de la CEDEAO ;

125. Soutenir la création d’un état palestinien indépendant et viable ayant pour capitale la ville sainte de El Qods, le retour inconditionnel de tous les réfugiés et l’évacuation totale des territoires syrien et libanais ;

126. Réaffirmer l’attachement de la Mauritanie à la préservation de la paix et au développement des rapports d’amitié et de coopération avec l’ensemble des pays du monde ; et ce ; dans le respect mutuel de la souveraineté et des intérêts de tous.

Dimanche 9 Juin 2019
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