Sarr, Hamidou Baba et Messaoud, le choix cornélien des FLAM / Hadee wada Tall



Sarr, Hamidou Baba et Messaoud, le choix cornélien des FLAM / Hadee wada Tall


Après la mise en échec du calendrier unilatéral du général putschiste les mauritaniens sont obligés de remettre la balle au milieu. Beaucoup de joueurs dans le match, des professionnels, des amateurs et même des mercenaires. Le coeur des supporters et des entraineurs balance entre les différents camps.

Avec le putsch des alliances conjoncturelles se sont dessinées et le paysage politique s´est restructuré c´est ainsi qu´on a vu les FLAM, Le PLEJ et le DEKALEM dans le camp du refus et L´AJD-MR et Kane Hamidou Baba dans le camp du fait accompli.

Aujourd´hui le putsch est mis en échec, apparemment le président élu, l´homme de la réconciliation ne se présentera plus aux prochaines élections, il était le candidat idéal des Flam, du Dekalem de feu Dr Mourtoudo et de la Mauritanie ; mais comme Sidi n´est plus partant qui donc parmi les actuels prétendants au fauteuil présidentiel peut gagner notre sympathie, répondre à nos attentes et satisfaire nos revendications ?

Mettons hors jeu les candidatures militaires, les deux cousins, le colonel et le général sont disqualifiés d´avance. Tous deux anciens hommes de confiance de l´ancien dictateur et despote mal éclairé, on verrait mal les FLAM soutenir le camp des tortionnaires et des putschistes. (Je vous renvoie à l´article du camarade Bara Ba - La trilogie du malheur).

Les candidats qui se détachent dans ce choix cornélien sont ceux qui sont idéologiquement plus proches des FLAM mais cela suffit-il pour soutenir leur candidature et gagner notre sympathie ?

Voyons !

Ibrahima Moctar Sarr

Ancien membre-fondateur des Flam, rescapé de la prison mouroir de Oualata et qui compte dans les rangs de son parti nombre d´ex membres des Flam, vieux compagnons, sympathisants, parents et amis des flamistes. Ils reprennent le même discours que les FLAM et puisent dans le même vivier électoral, le seul obstacle pour des retrouvailles entre les Flam et l´AJD-MR est paradoxalement le leader actuel des "wona-wonaistes". Ce n´est qu´un secret de polichinelle le leader de l´AJD-MR ne porte plus dans son coeur les Flam qui lui portent ombrage quelque part, parait-il. L´enfant de Bokki en veut toujours aux FLAM qu´il considére comme responsable de ses malheurs, son arrestation et détention en 1986.

L´homme bien que membre de l´organisation n´était plus actif et boudait le mouvement. Il n´a pas participé à la rédaction du MANIFESTE DU NEGRO-MAURITANIEN OPPRIMÉ contrairement à la légende. Il s´est retrouvé en prison malgré lui comme beaucoup d´autres cadres négro-africains qui n´avaient aucun lien militant avec les FLAM. L´homme était abattu moralement et avait démissionné complétement de l´organisation depuis la prison et ne participait plus aux réunions de cellules et des commissions de réflexion sur l´après-prison. Au moment où les camarades cogitaient sur l´avenir de la lutte il versait dans les prières, la poésie et dans la platitude totale.

Nombreux sont ceux qui sont surpris de le revoir, après des moments de désértion pendant les années de braise revenir à la lutte avec l´avénement de la démocratie du colonel Taya. Mieux vaut tard que jamais diront certains. Il militera au sein de l´AMN que dirigeait Diop Mamadou Amadou dit Samba Hawoyel, membres du FDUC avec les camarades de l´intérieur jusqu´à la création de l´UFD, la scission et la création du Comité de crise qui accouchera plus tard l´Action pour le changement sous la direction de Messaoud Ould Boulkheir.

Nommé Secrétaire général de l´A.C et président de l´AMN il voyait mal les relations"douteuses" qu´entretenaient les jeunes cadres de cette mouvance avec leurs camarades en exil. Il n´hésitera pas à les "griller" auprès de la direction de l´AC et exigera même leur exclusion du parti. Le député Kébé Abdoulaye, Modi Cissé, Sow Amadou Moctar, Diba Abdoulaye, Diallo Alpha, Sarr Mamadou Oumar, Touré Ousmane Baba, Cheikhani Thiam, Dia Hapsatou, Aboubackrine Ba et d´autres jeunes militants seront exclus sans explication ni avertissement. D´autres militants par solidarité comme le vieux Ball Fadel de Kaëdi rejoindront les exclus et créeront plus tard ce qu´il est convenu d´appeller aujourd´hui L´AJD/Authentique. Ironie du sort ce sont les exclus de Sarr qui paraineront sa candidature aux présidentielles de 2007 après sa nouvelle traversée du désert et la fin de son mandat de député du parti APP.

Entre temps beaucoup d´eau a coulé sous les ponts de Diama et de Manantali. La pré-campagne, le périple occidental du "couple présidentiel", la campagne électorale sans saveur ni chaleur du 06-06-09 de la junte, les révélations de Taqadoumy, les menaces de plainte du candidat du" la youmkinou, l´impossible", le défi du site électronique de Hanevy, les accords de Dakar, le report du scrutin. Rebelotte, mais on n´a pas entendu l´enfant de Bokki, depuis l´arrêt de ses rêves immédiats dissipés par l´accord cadre de Dakar.

Continuera t-il son odyssée comme un conte de fèes ? En tout cas on ne l´a pas entendu sinon seulement pour exprimer son dépit et exiger le remboursement de son argent auprès du groupe de contact international alors que ces derniers ne l´ont jamais poussé d´aller aux élections. Le communiqué de leur bureau politique publié le 17 juin souffle le chaud et le froid.(Je vous renvoie au commentaire du Quotidien Le rénovateur du jeudi 18 juin 2009- qui décrypte bien leur bafouille). S´il faut reclamer de l´argent c´est auprès d´Aziz et du conseil constitutionnel qu´il faut les réclamer mais pas auprès des bonnes volontés. Sarr savait bien qu´il est parti en campagne avec ses risques et périls en acceptant de soutenir un processus unilatéral. S´ il souhaite toujours être notre "Obama tropical" il doit encore reprendre la campagne du "Faandu almuudo" et re-démarrer sa course si les accusations de Taqdoumy sont infondées à savoir qu´il est pauvre comme job.

En dehors de son anti-flamisme primaire Mr Sarr est en situation de conflit permanent avec tous les autres leaders politiques Négro-africains. Il ne parlait plus avec feu Mourtoudo Diop jusqu´au décès de ce dernier et pourtant ce dernier a abandonné tout et rentré dare dare de son exil contre vents et marées pour le soutenir mais l´enfant de Bokki n´a pas été reconnaissant et Gawlo Miskineebe a découvert la nature de l´homme et tiré une croix sur l´enfant prodige de Bokki saarankoobe. Ses relations avec le doyen Ba Mamadou Alassane du PLEJ sont connus, le vieux Fadel Ball l´un des rares vieux Négro-africains à s´engager toujours pour la cause depuis les évènements de 1979 jusqu´à maintenant, Alassane Borti Diallo qui a financé une partie de sa campagne en 2007 et mis à sa disposition voitures et essences, Gagny Diawara l´ex-président du comité de crise et dirigeant de l´AC, ses ex-camarades Ba Alassane Hamady-Balas, Amadou Moctar Sow son ex-compagnon de Oualata, Ba Mamadou Kalidou son ancien porte-parole, Wane Abdoul Birane son propre beau-frère pour ne citer que ces derniers.

C´est pour dire malgré son engagement Sarr reste un homme difficile, complexé et complexe pour ses proches. Il aurait même dit "ko lenyol ngol soklimo wonaa kanko sokli lenyol ngol" (c´est la communauté négro-mauritanienne qui a besoin de lui et non le contraire). Quelle modestie pour quelqu´un qui aspire à diriger une nation. Ses coups de colére lors de sa conférence publique de Memphis sont gravés toujours chez beaucoup de foutankoobe des USA. L´homme n´accepte pas la contradiction et aurait lancé à l´assistance : "kala mo yidaakam ko haaju mum"(tout celui qui ne m´aime pas c´est son problème).

Sarr pourra-t-il retenir ses nerfs, convaincre ses anciens camarades pour le soutenir d´autant qu´on sait qu´il avait refusé de répondre positivement à l´appel du président Samba Thiam entre les deux tours des présidentielles de 2007 qui souhaitait la concertation des mouvements négro-africains suite aux sollicitations des différents candidats.

Kane Hamidou Baba

Ancien chargé de la communication de l´UFD/EN, ancien attaché de presse à la Présidence lors des évènements du printemps 1989, poste qu´il quitta pour des raisons liées au conflit sénégalo-mauritanien et aux questions des droits de l´homme et rejoint alors L´UFD. Diplomé en communication, fin analyste politique mais manque de charisme séducteur. Fidéle parmi les fidéles de Daddah, qui lui rendra la monnaie en le nommant tête de liste de son parti alors qu´il n´avait aucune grande base au sein du parti, il est resté bras droit de l´enfant de boutilimit.

Poignantes interventions à l´assemblée nationale en tant que député, reputé humble et respectueux des autres pour ne pas dire poli. Malgré sa modération il reste très proche et sensible au discours flamiste. On l´a jamais entendu lancer des flèches ou vouer aux gémonies ce mouvement dans ses interviews ou interventions contrairement à son alter-ego et ami Ibrahima Sarr. Malgré l´opposition des FLAM au putsch du général il ne s´est jamais attaqué à ce mouvement mieux il comprenait et respectait leur position. Le seul problème est le contexte de sa candidature et son alignement sans réserves au camp des putschistes. Que peut offrir le candidat du "YES WE KANE" pour refroidir ou rechauffer les positions des enflammés en exil mais surtout prouver qu´il n´était pas un "candidat de paille" ou une marionnette des militaires ? Le diable est dans les détails, aurait-il professé.

Messaoud Ould Boulkheir

Membre-fondateur du mouvement El horr (l´homme libre) né dans la clandestinité à la fin des années 70 pour lutter contre l´esclavage. Gouverneur, ancien ministre du développement rural, membre-fondateur du FDUC et de l´UFD, President de l´Action pour le changement, parti créé en août 1995, dissout par Taya le 02 janvier 2002 qui y voyait un regroupement dangereux des négro-africaines et haratines mais surtout d´avoir eu vive et houleuse altercation à l´assemblée nationale avec le premier ministre Cheikh El Avia.Devant le refus du pouvoir de reconnaitre son nouveau parti Convention pour le changement(C.C), courageux, pragmatique il fusionne avec les nasseriens de l´APP, qu´il redonne souffle et aura.

Quatrième dans les coeurs des èlecteurs mauritaniens après les présidentielles de 2007, ce que lui a donné cette position du "faiseur des rois" et a négocié ferme en position de force au plus offrant. Ainsi donc il s´allie avec le president Sidi au deuxième tour , qui lui a promis la présidence de la chambre basse et surtout la criminalisation de l´esclavage, le retour des déportés et ouverture du dossier du passif humanitaire. En homme de parole Sidi tiendra ses engagements c´est ce qui explique certainement cette reconnaisance de Messaoud et sa prise de position courageuse contre le putsch du général limogé. Leader incontesté et de fait du FNDD sa candidature ne pouvait-être une surprise.

Entre Messaoud et les FLAM même si le discours est presque le même leurs relations ont toujours évolué en dents de scie. Il pense que les FLAM soutiennent que les Haratines sont responsables des actes de pillages et de massacres des Négro-africains lors des tragiques èvènements de 1989, il croit aussi que les Flam sont constituées de l´aristocratie négro-afrcaine et font de la récupération de la question haratine en parlant de la communauté Négro-mauritanienne dans son ensemble. Malgré ces divergences qui sont surtout des préjugés il reconnait quand-même que le "manifeste a nettement posé le problème en termes de communautés. Il résume trés bien la situation des Négro-mauritaniens à l´époque" même s´il le trouve un peu exagéré. Il reconnait aussi que "la police d´Etat a substitué au document un tract plus violent. J´étais au gouvernement et j´ai vu donc comment certains passages ont été soulignés et présentés au président Taya comme la preuve de l´existence d´une menace noire, de caractère raciste, qui peserait sur le pays.. J´ai conseillé au président de ne pas s´emballer et rester serein(....) De même , lorsque le ministre de l´intérieur(Djibril ould Abdallah) m´a demandé de l´aider pour "écraser les pulaar", je lui ai répondu qu´il n´était pas question que je participe à une "chasse aux pulaar". Peu de temps après, j´ai quitté le gouvernement" confiait-il à une journaliste francaise.

Il disait aussi dans son texte de campagne électorale de 2007" Je suis au courant de nouvelles tendances qui se dessinent chez les FLAM...J´ose espèrer que, en majorité, qu´ils ne soutiennent plus que les haratines sont la source de leurs maux et donc leur principal ennemi". Comme on le voit le leader des Haratines n´a que des préjugés qui n´étaient pas fondés parce que les FLAM ont toujours défendu l´unité des opprimés, et défendu la cause des esclaves .

Esperons qu´avec des négociations franches et ouvertes, ils arrondiront les angles et retrouvent l´unité tant souhaitée et mettent en déroute le putsch et le retour des militaires au pouvoir. Comme vous voyez j´ai des problèmes pour trancher, le débat est vraiment ouvert.

La lutte continue.

Hadee Wada Tall

Source: Taqadoumy

Dimanche 21 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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