La communauté bambara de Mauritanie aspire à une reconnaissance officielle.



L’extension du territoire mauritanien a eu, entre autres, pour conséquences une très grande diversité de la population qui y vit. Aux côtés des principaux groupes ethniques officiellement reconnus, une minorité de Bambaras et de groupes ethniques connexes résident dans le pays depuis des siècles, notamment dans la région des Hodhs, en Assaba, au Guidimakha, au Gorgol, au Brakna.

Dans la plupart des cas, leur arrivée sur le sol national est bien antérieure à la naissance de l’Etat Mauritanien. Les bambaras ou Ban-Mana, dont le nom signifie «ceux qui refusent d’être dominés», constituent un groupe ethnique issu du grand Mande dont le noyau est situé en territoire malien.

Au cours du dix-huitième siècle, deux grands royaumes bambaras ont existé en Afrique occidentale : le royaume de Segu et le royaume de Kaarta dont le rayonnement a couvert certaines régions de l’actuelle Mauritanie.

La cohabitation, les échanges culturels et la proximité géographique voire les séquences d’ambivalence territoriale avec la Mauritanie favoriseront au fil des années une présence bambara notoire tout au long des zones frontalières. Si certains bambaras sont arrivés en Mauritanie à la faveur des mouvements migratoires naturels, la très grande majorité est constituée de «tirailleurs» originaires du Soudan français parvenus au sein des contingents coloniaux du Colonel Gouraud (1903 – 1911) et dans le cadre de services militaires aux lendemains des deux grandes guerres mondiales.

Nombreux sont ceux d’entre eux de religion animiste (notamment la pratique du KOMO) qui se convertiront à l’islam et préféreront s’établir dans leur nouveau pays d’adoption pour ne pas retourner dans leurs villages d’origine où ils risquaient de rencontrer un rejet du fait de la méconnaissance de l’Islam. Cet état de fait confortera la présence de cette communauté, dont la seule pratique de la langue est associée dans tous les coins du pays aux valeurs traditionnelles d’intégrité, de fidélité et de fierté.

C’est ainsi qu’on rencontre dans les zones géographiques précitées, les principaux grands patronymes bambaras (Traoré, Diarra, Koné, Coulibaly, Marico et par extension Keïta…). Si certains de ces noms prennent racine dans des ethnies bien connues, en revanche, d’autres plus nombreux continuent d’être nourris à la sève bambara.

Après l’indépendance et pendant de très longues années, la séculaire communauté bambara de Mauritanie et les groupes ethniques assimilés (Malinké, Senoufo, Mossi …) étaient reconnus officiellement dans les statistiques nationales sous la rubrique «autres ethnies». Mais, ils ont fini par être expéditivement et silencieusement sacrifiés sur l’autel de bas arrangements politiciens interethniques.

Ainsi, par un jeu «indolore» de simple mutation dans les fameuses rubriques désignatives des statistiques nationales, cet ensemble a perdu, au moins provisoirement, une partie des conditions de son accomplissement socioculturel. Jusqu’à récemment, faute d'avoir bien appréhendé les enjeux de cette clandestine décision «culturicide», les bambaras de Mauritanie, bien que reconnus de fait parmi les populations pionnières du pays, continuaient d’en payer le prix fort.

Aujourd’hui, les dignes descendances de cette communauté, organisées au sein de la Coordination pour la promotion des bambaras de Mauritanie (COPROBAM), souhaitent que la République tienne compte de leur identité bambara pour leur permettre de s’épanouir au sein de la Nation, dans le respect de la diversité culturelle nationale. Elles souhaitent que leur paisible communauté nationale, artificiellement désincarnée par un hasardeux et solitaire calcul politicien, puisse enfin retrouver loyalement, au sein de la patrie, la place qui lui sied ainsi que les conditions objectives de son plein épanouissement.

Dans cette perspective, les membres de cette communauté souhaitent vivement qu’à l’occasion des nécessaires aménagements futurs de la loi fondamentale, des dispositions consacrant la reconnaissance de cette vérité historique de fait, soient soumises à l’examen du législateur. En attendant, ils œuvreront aux côtés de toutes les femmes, de tous les hommes épris de justice afin que l’État et les décideurs politiques concernés prennent instamment des mesures concourant à la résolution de cette importante question de portée nationale.

Dans la voie de cette aspiration légitime, la COPROBAM considère que les multiples défis qui assaillent le pays requièrent des apports prolifiques de toutes les compétences nationales sans distinction de race, de confrérie, ou d’ethnie. Aujourd’hui, plus que jamais, le pays a besoin de tous ses fils, quelque soit leur appartenance sociale ou leur identité culturelle pour continuer à bâtir ensemble, dans un élan patriotique, une Mauritanie plurielle, de paix, de stabilité et d’opportunités pour tous ses fils sans exclusive.

Dans la nouvelle dynamique de construction nationale, la communauté bambara de Mauritanie, comme de par le passé, répond à cet appel patriotique aux côtés de toutes les composantes la nation, sur le soutien et la solidarité desquelles, elle ose raisonnablement compter pour recouvrer, à bon droit, sa modeste place.

Le coordinateur : Moussa Traoré
Pour contacter la COPROBAM, écrivez à l’adresse ci-après : bambarasrim@yahoo.fr

Source : bambarasrim@yahoo.fr

Vendredi 19 Septembre 2014
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