L’attention au peuple



Le président Ould Abdel Aziz compte travailler autrement dans le nouveau contrat qui le lie au peuple. C’est dans ce cadre qu’il a récemment introduit le système de la lettre de mission qu’il a adressée à son nouveau Premier ministre. Lequel a passé ses derniers jours à solliciter ses ministres pour les amener à inscrire leurs activités dans la durée. Est-ce à dire que le gouvernement actuel est appelé à durer en place ? Certainement. En tout cas, chacun des membres du gouvernement a été sommé de présenter un programme de travail et d’introduire de nouvelles recettes dans la politique de son département afin que le Mauritanien mène une vie meilleure !
Les Mauritaniens, encore dans la diète et le besoin, espèrent que ces lettres de mission serviront d’abord à changer leur vie. Matériellement s’entend. Ils rêvent d’enterrer la misère et la précarité ! Ils espèrent voir la pauvreté disparaître, les inégalités finir et l’espoir renaître. Les fonctionnaires et les employés du secteur privé s’attendent à une bonne nouvelle dans le sens d’une hausse générale et obligatoire des salaires, d’une réduction des taxes et impôts sur les traitements, la suppression des impôts sur l’importation des produits de première nécessité et la réglementation stricte du prix des denrées de consommation.
Une fois le vécu quotidien des populations actives amélioré, il va falloir penser à édifier des infrastructures fiables et essentielles pour le développement équilibré du pays. Ces infrastructures doivent être équitablement dispatchées dans toutes les régions du pays. Ainsi, nous devons rompre avec la fâcheuse et injuste habitude des hauts fonctionnaires, concepteurs de la planification des infrastructures, de cantonner celles-ci dans leurs régions, dans leurs villages et dans leurs quartiers, si ce n’est au profit de leurs collectivités tribales ou celles de leurs conjoints !
Les écoles, les collèges, les lycées, les hôpitaux, les routes, les ponts, l’électricité et les édifices culturels doivent être érigés. Nous en avons les moyens. Des grandes villes du pays comme Nouakchott, Nouadhibou, Kiffa, Aioun, Tidjikja, Kaédi, Rosso et Sélibaby doivent être électrifiées. Elles doivent disposer d’infrastructures routières fiables, de canalisations, des services de base modernes, efficaces et fonctionnant selon les normes. Des zones encore enclavées doivent être servies. Les terres irrigables tout au long de la Valée, dans les palmeraies et les Oueds de notre pays doivent être exploitées par des moyens modernes mis à la disposition des paysans autochtones et des hommes qui travaillent la terre afin qu’ils ne soient plus contraints à l’exode dans les grandes villes.
L’agriculture, longtemps sabotée, doit désormais être effectivement valorisée par la rupture avec la honteuse politique de l’agrobusiness entamée depuis quatre décennies. Cette politique qui a déversé des milliards d’ouguiyas sur des bases complaisantes, de louche copinage et de clientélisme tribalo ethnique, a tué l’agriculture en Mauritanie. Des domaines ont été octroyés, sans raison, à des hommes d’affaires, à des administrateurs, à des officiers supérieurs, à des notables pour pouvoir soutirer l’argent au crédit agricole et aux banques. Pourtant, la Mauritanie ne produit même pas plus de 0,75% de ses besoins en produits agricoles. Pour chauffer la marmite, nous sommes obligés d’importer du Sénégal, du Maroc ou du Mali, si ce n’est d’Europe, du Brésil ou de l’Asie du sud est. L’agriculture est le moteur de l’autosuffisance économique d’un pays. Un pays sans agriculture est une entité sans indépendance. Et les véritables agriculteurs, ce sont ces pauvres paysans laissés à eux-mêmes, matés par une administration dictatoriale et féodale qui attribue abusivement leurs terres à des Pachas qui ne pensent qu’à gonfler leurs poches.
Le gouvernement de Hademine doit engager les grands chantiers économiques qu’attendent les Mauritaniens pour relancer l’économie, absorber le chômage, édifier des bâtisses dignes de ce nom pour la santé, l’Université, les ministères, les centres de formation, les instituts de recherche, les routes et la voirie dans la capitale. Des contrats transparents et honnêtes doivent être signés avec sociétés nationales crédibles, le cas échéant, avec des entreprises internationales de renommée pour les exécuter. Elles sont nombreuses, les entreprises « nationales », qui nous ont habitués à un travail qui n’est jamais fait correctement, malgré les montants faramineux qu’elles encaissaient. Où, si elles le réalisaient, la qualité et les normes n’y étaient pas.
Si le système des lettres de mission est la solution pour redynamiser l’activité publique pour le plus grand bien des Mauritaniens, alors allons-y pour ces lettres. Pourvu seulement qu’au bout de l’effort, le pays y trouve son compte. Parce que la Mauritanie, frappée par la diète et l’immobilisme, n’a plus la force d’être le terrain d ‘expérimentation de politiques

Amar Ould Béja

Source:http://lauthentic.info

Dimanche 23 Novembre 2014
Boolumbal Boolumbal
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