Avril 1989. Témoignage



Revenons un peu aux années des déportations, avril 1989, témoignage. Je sortais cet après du 25 avril 1989 de mon cours de français.

NDIAYE Baydi, mon professeur de français, Sénégalais, quatre amis, dont trois camarades de Djiby Mbodj, Ndeye Fatou Niang, un bidhan Ahmed Ould Dahi, et Mamadou Li que nous devions raccompagner à la cité police. Mohamed Ould Dahi devait escorter tout ce beau monde, il était notre sésame.

Après Li que nous avions pu ramener avec beaucoup de contorsions, il fallait repartir à Chems Dine et attendre une voiture avec chauffeur pour me déposer à la Socogim Ps, Ndeye Fatou aux îlots D et Djiby Mbodj au Ksar, et Ndiaye Baydi à la Médina R.

Nous fûmes contraints de rebrousser plusieurs fois chemin. Ndeye Fatou était dévastée, ils s'en étaient pris à chez elle. Son père, comptable d'une succursale du groupe MAOA, ensanglanté était venu la récupérer avec un Maure. Plus tard, ce sera au tour de Djiby Mbodj, son père était le chef des ateliers de la direction de l'élevage.

Ndiaye Baydi, je ne sais comment. Il ne reviendra plus. Et, je reverrais non plus les autres, à l'exception de Hamiid Ould Dahi, une autre histoire.

Nous apprendrons que le cœur de Mamadou Li a lâché, juste après après la traversée du fleuve Sénégal. Il était jeune, et avait rejoint sa sœur mariée à un officier de police pour passer son bac en Mauritanie.

Le lendemain très tôt, on entend des hurlements dans le voisinage, Vieux Diallo de Haayre Mbaar, beau - frère du colonel Dieng Oumar Harouna gisait dans une mare de sang. Un hartani lui avait brisé le crâne. La monstruosité devait atteindre son paroxysme ce jour là à Nouakchott.

Contraint par la famille, vu mon caractère, de retourner à Kayhaydi, je ne le pourrais pas par défaut d'une pièce d'identité valide. J'en avais une en arabe que j' ai traduite à l'encre bleu en français. Et aucun chauffeur de taxi brousse ne voulait m' embarquer. Mes cousins et moi, nous repartons à la maison.

A la morgue de l'hôpital national, étaient entassées pèle mêle plusieurs centaines de corps inertes et moribonds. L'horreur sidérante encadrée par les hommes de Ely Ould Mohamed Vall, de Maouiya Ould Ahmed Taya, de Mohamed Ould Abdel Aziz, de Ould Breidelil.

La mue de tout Noir en Sénégalais à massacrer des jours durant, suivi d'un ratissage sur l'ensemble du territoire Mauritanien, c'est encore Taya, Aziz, Ely, Breidelil, et consorts.

Me revient en souvenir, cette femme peule de l'Assaba dont le bébé de deux semaines n'arrêtait pas de pleurer, qu'un Garde Hartaani a arraché pour le faire passer par dessus bord du camion qui les menaient vers la frontière.

278 villages vidés de leurs populations vers le Sénégal et le Mali. Des milliers d'exécutions sommaires de Noirs. La prière de l'absent, un pardon sans coupables. Non. Pas de pardon sans coupables.

Ibrahima DIALLO Baabayel


Source : Ibrahima Diallo

Samedi 29 Avril 2017
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