Assemblée nationale : Quel sera le sort des populations quand les saoudiens vont exploiter 100 000 h



Au cours de la plénière du lundi 21 avril à l’assemblée nationale mauritanienne, la députée Aminata Niang du parti Tawassoul, a posé la question orale suivante à Brahim Ould Mbarreck Ould Mohamed Mokhtar, ministre du développement rural :

« Nous assistons depuis quelques temps à une vague de contestations de la part des populations riveraines de la vallée, notamment dans les wilayas du Brakna et du Trarza suite à la mise à la disposition d’un projet saoudiens, EX Rajhi, de terrains à usage agricole.

Ces terrains, d’une superficie de 100 000 ha, se situent dans la moughataa de Boghé, commune de Boghé, de Ould Birome, de Dar El Avia et dans la Moughataa de R’kiz, commune de Lixeiba.

Monsieur le ministre, ces populations dans leur grande majorité, déclarent leur rejet total de cet accord qui selon elles, n’est autre qu’un moyen d’accaparer encore une fois de plus leurs terres et de les priver de leur seul moyen d’existence et de leur seule zone de pâturage.

Monsieur le ministre, la gravité de l’enjeu, nous oblige à vous poser cette question à laquelle nous vous prions de répondre : « Quel sera le sort de nos populations locales après l’installation de ce projet ? »

Dans sa réponse, le ministre du développement rural a indiqué que les populations vivant dans les zones en questions ne sont pas contre la mise en valeur de terres par de investisseurs étrangers. Il a ensuite expliqué qu’il s’agit d’investissements lourds qui ne peuvent être supportés par ces populations. D’où la décision de l’Etat de les mettre a la disposition de Ex Rajhi.

Le ministre, cité par l’ami « Il a demandé aussi l'examen du contenu de cet accord, de ses dimensions et de ses objectifs avant de faire son appréciation, précisant qu'à la différence des interrogations exprimées par l'interpellation, l'actuel pouvoir n'a privé ou confisqué d'aucun citoyen ses terres, affirmant que c'est plutôt le contraire qui s'est produit, évoquant l'aménagement réalisé par les autorités d'immenses aires agricoles ainsi que leur exploitation gratuite par les citoyens, particulièrement dans les wilayas du Trarza et du Brakna, indiquant que le pouvoir a ramené les citoyens dans leurs fiefs, leur a octroyés des terres aménagés, des vaches et assurer tous les moyens pour mener une vie digne.

Le ministre a indiqué par ailleurs que les zones d'intervention du projet sont difficiles, avec une exploitation liée aux précipitations, choisies en raison des difficultés de leur mise en valeur à travers l'irrigation et de leur non exploitation dans le domaine agricole.

Il a indiqué aussi que parmi les objectifs du projet adoptée en 2014 figure la production de récoltes faisant partie intégrante de notre sécurité alimentaire, avec des prévisions productives estimées à 200 milles tonnes de blé et 300 mille tonnes d'orge ainsi que 600 tonnes d'aliments de bétail en plus de la création d'une infrastructure de base agricole et pastorale et la formation des habitants environnants sur les techniques agricoles en plus de la fourniture de 1.500 emplois.

Le ministre a précisé que le premier bénéficiaire de ce projet est le peuple mauritanien, en particulier les populations des zones concernées dont les doléances seront prises en considération avec la création de pistes à l'intérieur du projet pour assurer le passage des animaux. »

Abeid Ould Mohamed Abd vient de Dar El Barka. Il a fait le voyage pour assister a la session question orale. Il n’est pas du même avis que le ministre. « Nous sommes contre ce projet. Nous sommes venus au parlement pour le dire. C’est un projet qui va nous asphyxier, nous et notre bétail…. » dit Abeid.

A coté de Abeid, Oumar Ousmane Dia, lui aussi vient de Dar El Barka. « Vous savez, quand nos compatriotes qui résident a l’étranger meurent, leur corps sont rapatriés pour être enterrés ici, car ailleurs, ils n’ont pas de terres. Pourquoi l’État veut donner nos terres aux investisseurs saoudiens. Ces terres sont le seul bien que nous avons… » dit Oumar.

Selma Mint Bleya, vient elle aussi de Dar el Barka. Son avis n’est pas différent « avec l’exécution de ce projet, nous aurons comme alternative la mort ou le déguerpissement. Nous disons non a ce projet. Si l’État veut faire quelques chose, qu’il demande notre avis, et cet avis est : nous ne voulons donner nos terres a personne…»

«La réponse du ministre du développement rural n’est pas convaincante » a déclaré Mamadou Bocar Ba, député de l’AJDMR. Pour ce député « si l’État mauritanien veut développer l’agriculture, améliorer le niveau de vie des populations, c’est lui-même qui doit prendre en charge ces investissements dits lourds. » D’autre part, ajoute Mamadou Bocar Ba « des investissements moins lourds peuvent être faits pour permettre aux paysans de se prendre en charge eux mêmes avec de petits périmètres agricoles comme chez les voisins du Sénégal… »

Le député de l’AJDMR dit ne pas être par principe opposé aux investissements estrangers dans le domaine de l’agriculture. Seulement, pour lui « il faut, au préalable, une concertation pour prendre l’avis des paysans, des paysans qui demandent la reconnaissance par l’Etat de leur droits de propriété sur ces terre. » Même avec des investisseurs étrangers, il faut, dit le député AJDMR « aménager, dans le cadre du projet une partie des hectares au profit des populations. » Autrement « ces paysans vont devenir ouvriers agricoles sur leur propres terres. »

Enfin, pour lui, « ce ne sont pas les investisseurs étrangers qui feront l’autosuffisance alimentaire des populations du Brakna et du Trarza. » Ces investisseurs « vont produire et vendre aux plus offrants car ils cherchent seulement a réaliser des bénéfices. »

Un espace vital à ne pas céder

Les populations habitant dans les zones ou des terre ont été mises à la disposition des investisseurs saoudiens rejettent le projet pour plusieurs raisons. D’abord, la zone concernée est à haute intensité agro-pastorale. L’attribution d’une zone de pâturage a des investisseurs étrangers « affecterait durablement hommes et bêtes et pourrait exacerbait l’insécurité alimentaire ambiante. » Pour ces populations, il s’agit d’un espace « vital » qui ne saurait être cédée.

Ensuite, selon Sarr Mamadou, secrétaire exécutif du FONADH, « Les populations n’ont aucune idée du projet des saoudiens… »

Khalilou Diagana


Source : Le Quotidien de Nouakchott via cridem.org

Mardi 22 Avril 2014
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