Violence faite contre les femmes Les Mauritaniennes filment leur calvaire



Violence faite contre les femmes Les Mauritaniennes filment leur calvaire
Des dizaines de mauritaniennes, victimes de violences conjugales, ont exprimé leur calvaire à travers un documentaire saisissant réalisé par l'Association des femmes chefs de ménage que dirige Aminetou Mint Mokhtar. Ce film devra être projeté incessamment à Nouakchott.
Dans une première inédite en Mauritanie, des femmes battues et maltraités par leurs maris, ont lancé un appel aux autorités, à travers un documentaire qui relate leur drame, afin que la législation spécifique aux femmes mauritanienne soit modifiée pour prendre en compte leur situation.

Selon Aminetou Mint Mokhtar, la violence conjugale prend des proportions inquiétantes en Mauritanie, soulignant que l'association qu'elle dirige enregistre par jour une vingtaine de cas relatifs à la violence que subissent les femmes. Pour elle, seule une législation qui protège la femme peut éradiquer le phénomène. La présidente de l'Association des femmes chefs de ménage affirme que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 18 décembre 1979, ratifiée par la Mauritanie le 21 septembre 2005, continue d'être bafouée. Les femmes ont surtout relevé la non imbrication des dispositions de la Convention dans la législation nationale, livrant les femmes à des dispositions locales qui ne les protègent pas suffisamment.

Il faut aussi rappeler que la Mauritanie est signataire du Protocole à la Charte africaine des Droits de l'Homme et des Peuples relatif aux droit des femmes, plus connu sous le nom de Protocole de Maputo, visant à harmoniser les lois nationales et à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre la violence contre les femmes. Ce Protocole a été adopté le 11 juillet 2003, lors du second sommet de l'Union africaine dans la capitale du Mozambique.

L'image la plus saisissante du documentaire qui sera présenté bientôt au public de Nouakchott, est celle de cette femme transportée d'urgence dans un centre d'accueil à Arafat avec le visage sérieusement amoché et des égratignures aux bras. Elle venait de subir les assauts d'un mari aveuglé par la colère. Effondrée et en larmes, elle disait ne jamais oublier ce que son mari venait de lui faire subir, interpellant les autorités et la société civile sur leurs responsabilités dans la protection des femmes.

Mounaya Mint Mohamed Fadel, responsable d'une ONG très active dans la Moughataa de Teyarett, a déclaré pour sa part que plusieurs femmes victimes de violences conjugales préfèrent taire leur calvaire par conformisme traditionnel et par gêne de porter leurs litiges conjugaux sur la place publique.

Des dizaines de femmes ont ainsi exposé leur drame à visage ouvert, dans une thérapie de choc destiné à secouer les certitudes ouatées dans lesquelles la propagande officielle tente de les enfermer depuis des siècles.

Selon les professionnels du droit, les lois nationales condamnent toutes les violences infligées aux femmes, soulignant que c'est le manque d'application de ces lois qui fait défaut en Mauritanie ainsi que l'impunité. Cela ne pouvait, selon eux, que déboucher sur la recrudescence du phénomène. Les juristes relèvent aussi qu'il y a des hommes qui pensent qu'ils ont le droit de battre leurs épouses, ce qui est bien entendu contraire aux lois en vigueur, ont-ils relevé, faisant remarquer que le drame est dû essentiellement à l'ignorance et au laisser-aller qui règnent dans la société. Ils ont relevé que certains magistrats considèrent en général de tels cas comme des cas personnels. En réalité, font-ils savoir, quand il s'agit d'agression, cela sort du domaine du privé pour devenir un crime.

Selon la responsable du Centre d'accueil d'Arafat, Siniya Mint Mohamed Saleck, "l'homme mauritanien expose presque d'une manière continue sa femme à la violence", faisant remarquer qu'il existe des cas dont le récit est si poignant qu'on ne peut l'écouter sans éprouver une profonde émotion.

Ce documentaire d'une durée de 38 minutes, sous le générique "Episode de sensibilisation autour de la violence familiale ", est réalisé par l'Association des femmes chefs de ménage et monté par Moustapha Ould El Bane. Il a été filmé par Mohamed Ould Idoumou. C'est la manière la plus forte que les femmes mauritaniennes ont trouvé pour témoigner leur solidarité avec leurs sœurs victimes de violences conjugales.


Source: L'authentique

Vendredi 23 Octobre 2009
Boolumbal Boolumbal
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