Scandale de la banque centrale de Mauritanie (BCM) : Pourquoi Ould Nagi a-t-il été arrêté ?



Scandale de la banque centrale de Mauritanie (BCM) : Pourquoi Ould Nagi a-t-il été arrêté ?
Qui a bénéficié des fameux transferts qui portent sur plus de 7 milliards d’ouguiyas au niveau de la BCM ? La recherche de la réponse à cette question est à l’origine de l’arrestation de Sid’El Mokhtar Ould Nagi et de l’audition et de l’audition de plusieurs grosses fortunes de la Mauritanie.


On se rappelle qu’en pleine campagne électorale en vue de l’élection présidentielle du 18 juillet, Ould Abdel Aziz avait menacé de rendre public des documents compromettants pour certains de ses adversaires d’alors. Rendez vous était pris lors du Mega meeting de Arafat dont certain expliquent d’ailleurs le succès par ces promesses de révélations. Il semble aujourd’hui que c’est à la lumière de ces documents annoncés que l’arrestation de l’ancien gouverneur de la banque centrale de Mauritanie, Sid’El Mokhtar Ould Nagi est intervenue. Toujours d’après nos sources, l’enquête cherche à savoir qui a bénéficié des fameux transferts qui portent sur plus de 7 milliards d’ouguiyas. Tout porte à croire qu’il s’agit là d’une opération de détournement de deniers publics savamment orchestrée avec la complicité de hauts cadres de la BCM et des banques primaires par lesquelles ces sommes ont transité.

Ces transferts auraient été effectués essentiellement sur des comptes ouverts à la BNM et la BAMIS, au profit de certains établissements sans qu’on sache si ces établissements constituent ou non la destination des fonds.
Tout est parti d’une enquête déclenchée en Décembre 2004 et diligentée par le Corps des Contrôleurs de la Direction de la Supervision Bancaire de la BCM. Ce rapport fort compromettant qui avait à l’époque, été purement et simplement enterré, a abouti à des conclusions pour le moins troublantes. Le rapport indique notamment que suite : » « aux vérifications de certaines opérations passées aux crédits de quelques banques par le débit du compte 570 29 00 des irrégularités ont été observées. »
Tous les avis de crédit qui ont été retrouvés concernant ces opérations douteuses ont été signés par l’ancien directeur de la Comptabilité dont précise le rapport : « La responsabilité est totalement engagée quant aux disparitions des pièces comptables ». Le rapport se demande notamment pourquoi les banques primaires se substituent à la BCM pour créditer tel compte ou tel autre. A cet égard pour les enquêteurs, il est établi qu’il y a aussi des complicités du coté de ces banques.
Deux banques auraient principalement bénéficié de cette manne, la BNM et la BAMIS. Pour la première il s’agit de pas moins de 5 800 000 000 UM dont 3 900 000 000 UM ont été passés sur son compte courant en ouguiya détenu à la BCM et 1 700 000 000 passés sur son compte Transferts où il demeuraient, tout au moins jusqu’au 24 Octobre 2004. Pour sa part la BAMIS, elle aurait été la destination de 4 720 000 000 UM dont 3 620 000 000 sur son compte courant à la BCM et 1 100 000 000 sur son compte Transferts.

Le bénéficiaire final introuvable
Selon les limiers de la BCM, il est d’usage que l’avis de crédit comporte le nom et le numéro de compte du bénéficiaire or dans ces opération le bénéficiaire final n’est jamais apparu.
Dans ses conclusions le rapport constatait notamment que les enquêteurs n’avaient trouvé aucune base justifiant ces opérations qui constituent : « une création monétaire sans contrepartie avec ses conséquences économiques, sociales… »
Deuxième constat, toutes ces opérations ont été faites et signées par l’ancien directeur de la Comptabilité de la BCM, Sidi Mohamed Ould Hadj Sidi aujourd’hui interrogé lui aussi par la police des crimes économiques. Tout cela s’est passé quand Sid El Mokhtar Ould Nagi était Gouverneur de la BCM c'est-à-dire entre 2001 et 2002.
Autre constat des enquêteurs : les pièces comptables et les avis de virements relatifs à ces opérations ont mystérieusement disparu du classement comptable de la BCM. Ce qui engage la responsabilité du directeur. Les enquêteurs soulignent aussi la responsabilité des banques primaires dans la mesure ou pour plusieurs de ces montants la BCM effectue les virements sans indiquer le nom du bénéficiaire et la banque s’exécute sans rechigner.
Le rapport préconise enfin que les autorités : « cherchent les moyens de pression sur les bénéficiaires de ces virements pour les amener à rembourser, même si l’avis de crédit BCM stipule leurs noms, étant entendu qu’il s’agit d’opérations irrégulières et donc non autorisées. »
Aujourd’hui on ne cesse de s’interroger pourquoi une telle bombe est restée dans les tiroirs. Le commanditaire de l’époque était le gouverneur Zein Ould Zeidane alors pourquoi n’a-t-il pas suivi les inspecteurs de la Banque dans leurs conclusions. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer son peu d’empressement à l’époque pour tirer les conséquences de cette enquête. Soit le gouverneur a eu comme instruction de laisser tomber le dossier soit il a tout simplement eu sa part du gâteau et d’ailleurs l’un n’exclue pas l’autre. C’est de cette époque que date « l’amitié » entre Zein Ould Zeidane et l’ex première dame Aicha Mint Ahmed Ould Tolba. Certains pensent qu’elle serait derrière toutes ces opérations contre lesquelles personne n’a pu lever un doigt.
On en est encore qu’au début de ce qui pourrait s’appeler en Mauritanie, le plus grand scandale de détournement de deniers publics de tous les temps.

Parler ou botter en touche
lors quelle stratégie va choisir Ould Nagi soit parler et montrer les vrais responsables et les bénéficiaires soit botter en touche en accusant les autorités de s’en prendre à lui parce qu’il s’est opposé au putsch et à Ould Abdel Aziz. Les tous prochains jours nous édifierons.

Bouna Cherif


Source: Quotidien Nouakchott

Mardi 17 Novembre 2009
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