Quartier Basra de Sebkha : Qui a vendu la maison de Yahya Konté ?



Quartier Basra de Sebkha : Qui a vendu la maison de Yahya Konté ?
Qui a vendu la maison de Yahya Amadou Konté, ce mauritanien immigré en Italie où il travaille ? A qui l’a-t-on vendu et pourquoi ? A ces interrogations, Saïdou Amadou Konté son grand frère, maître maçon natif de Kaédi (Gorgol), peine à trouver une réponse claire de la justice qui a eu à instruire un conflit foncier l’ayant opposé à une plaignante, au sujet d’un terrain situé dans la moughataa de Sebkha.

C’est du moins ce qu’il défend mordicus. De quoi s’agit-il ? En 2000, Saïdou Amadou Konté agissant pour le compte de son frère, Yahya Amadou Konté, absent du pays, lui achète un terrain à 500.000 mille ouguiyas au quartier ‘‘Basra’’ (moughataa de Sebkha) phase II extension (secteur 1). La parcelle de terrain en question a une superficie de 150 m2.

Sa lettre d’attribution porte le numéro 4154 datée du 23/06/1999 et signée d’un ancien wali du district de Nouakchott, M’Hamada Ould Meimou. Cette lettre d’attribution porte le nom d’un nommé Demba Aw. L’acte de vente est établit par un Imam de mosquée, M. Mohamed Mahmoud Ould Ahmed Youra Ould Rabani.



Ensuite le transfert du permis est opéré au nom de Yahya Amadou Konté son petit frère immigré en Italie. Un mois plus tard, sur ordre de ce dernier, Saïdou Amadou Konté commence de ses propres mains la construction d’un bâtiment qu’il achève neuf mois plus tard. L’immigré italien l’autorise à habiter la maison. C’est ainsi qu’il s’y installe avec ses deux épouses et leurs enfants de 2001 à 2006. Dans le courant de cette année-2006, une jeune dame se manifeste pour revendiquer l’appartenance du terrain déjà mis en valeur.

L’administration de la moughataa de Sebkha notamment le Hakem de l’époque fait vérifier par son topographe, M. Saidou Sarr, à qui appartient cette parcelle. Ce dernier après vérification, signifie au Hakem que la parcelle est au nom d’une nommée Djalika Corréra. Mais le hakem intrigué par l’absence de réaction de la plaignante depuis 2000, s’est dit être dans l’incapacité de trancher l’affaire, d’autant que l’acheteur détient un permis d’occuper au nom du vendeur sur la même parcelle.

Il renvoie les deux parties à la police de la même moughataa après la plainte. La police, après avoir écouté toutes les parties prenantes dans le conflit notamment Demba Aw le vendeur, Saïdou Amadou Konté l’acheteur et la plaignante, vérifié les documents de la parcelle de terrain et déclare être dans l’incapacité de trancher le litige. La police suggère alors à la plaignante de s’adresser à la justice.

Quand le parquet s’en mêle.

L’affaire portée devant le tribunal amène le juge à entendre tout le monde. Demba Aw le vendeur du terrain confirme au magistrat qu’il est l’auteur de la vente. Menacé d’aller en prison s’il s’avérait que c’était lui, il ne démord pas. Le juge le met sous mandat de dépôt et le fait conduire en prison. Quant à Saïdou Amadou Konté, son premier contact avec le juge d’instruction ne se passe pas bien. ‘‘ Il m’a fait convoquer par un policier qui est venu me chercher chez moi. Nous sommes partis ensemble. Quand j’ai été introduit dans son bureau, j’ai eu droit à des insultes de toute nature alors que j’ignorais encore les raisons pour lesquelles il m’a fait venir, bien que je les soupçonnais.

Quand j’ai voulu parler il m’a dit de me taire, sinon il me conduisait en prison. Un peu sur les nerfs, je m’éloignais de lui et gardait le silence jusqu’au moment où il se décidait à me parler dans le respect de ma dignité’’, nous confie Saïdou Amadou Konté. Ainsi, dit-il, il a vérifié les documents de la parcelle en ma possession et tout d’un coup il mit ses mains sur la tête pour dire par la suite :

‘‘ J’ai commis une erreur en emprisonnant un innocent. Ces documents sont en règle’’. Saïdou Amadou Konté raconte qu’à la question du juge adressée à la plaignante pour savoir où elle était pendant six ans, alors que le terrain qu’elle revendique a été vendu en 2000, construit après avant d’être habité, sans qu’elle n’ait eu à faire signe, la jeune dame n’a donné aucune raison satisfaisante. ‘‘ C’est ainsi d’ailleurs que j’ai appris que Demba Aw était en prison, car je l’ignorais’’, ajoute notre interlocuteur M. Konté.

Dans cette situation, le juge aurait proposé à l’acheteur un arrangement qui consistait à compenser financièrement le prix du terrain pour qu’il puisse libérer Demba Aw qui croupit en prison à tort. A la suite de plusieurs négociations dans le bureau du juge d’instruction sur le prix à payer, le magistrat a proposé à monsieur Konté de donner 500.000 ouguiyas à la plaignante. L’acheteur prend l’engagement de revenir le lendemain avec la somme. Le lendemain, il présente au juge un montant en liquide de 300.000 ouguiyas et un chèque de 200.000 ouguiyas à encaisser à la BMCI.

Mais surprise, la plaignante réclame une compensation d’un million trois cent mille ouguiyas (1.300.000 UM) pour son terrain. Le juge, pas très à l’aise dans cette affaire après avoir écroué Demba Aw, lui fait remarquer que s’il a cherché un arrangement à l’amiable avec l’acquéreur du terrain, c’est parce que dans ce genre d’affaire, la justice cherche toujours la conciliation d’abord et qu’ensuite M. Saïdou Amadou Konté n’a rien à voir avec elle. Malgré cette remarque, la plaignante aurait refusé l’arrangement. Devant l’impasse, le juge restitue alors l’argent liquide et le chèque à son propriétaire. Il fait en sorte ensuite de libérer sous caution M. Demba Aw après 29 jours de détention.

La maison a-t-elle été vendue ?

Avec les élections municipales et législatives de 2006, précédée de la campagne référendaire du CMJD, le conflit déjà dans l’impasse, perdure jusqu’en 2009 date à laquelle il connaît un nouveau rebondissement. M. Saïdou Amadou Konté fréquente à nouveau les couloirs du palais de justice de Nouakchott où la délégation judiciaire de la police, selon ses propos ne cesse de le harceler pour répondre chaque jour à des convocations interminables d’un ‘‘procureur’’. Ce dernier aurait tenté de le convaincre à maintes reprises de donner 1 million 500.000 ouguiyas à la plaignante revenue à la charge par le biais de son avocate, Me Fatimata MBaye, présidente aussi de l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH).

M. Konté refuse toute compensation estimant n’avoir nullement affaire avec la cliente de l’avocate. Toutes les démarches entreprises dans ce sens se heurtent à une fin de non recevoir jusqu’au jour où il est arrêté au mois de mars 2009, conduit à la brigade des mineurs à la Socogim PS et gardé à vue dans le commissariat. Le jeudi 5 mars 2009, il est expulsé en plein jour manu militari de la maison de son petit-frère Yahya Konté qu’il occupait. Ses bagages sont mis dans la rue avec ses deux femmes et ses enfants sous prétexte que la maison aurait été vendue.

M. Konté se défend et déclare à qui veut l’entendre, que même l’arrêt fait par le tribunal de Sebkha est faux de bout en bout et qu’il n’a jamais assisté à un arrangement quelconque. Sa carte d’identité aurait été utilisée par un ami qui le lui avait demandé pour un besoin, alors qu’elle a servi à relever le numéro mentionné sur l’arrêt de ce tribunal de Sebkha.

Selon lui, il a été victime d’une machination de la justice dans laquelle des fonctionnaires du ministère de l’équipement et des transports, des policiers, des avocats et un huissier ont trempé. En fait dans cette affaire trop de zones d’ombre subsistent. Si cette maison a effectivement été vendue, comment la vente s’est effectuée.

Après coup, la loi de l’Omerta.

Le Quotidien de Nouakchott a cherché à savoir mais en vain. A la justice c‘est motus bouche cousue, personne ne sait ou ne veut parler. Tous nos interlocuteurs, policiers de la délégation, et autres qui ont eu à connaître de cette affaire, se sont débinés, même si certains sous le sceau de l’anonymat disent se rappeler des péripéties de cette affaire au parquet. Pour sûr, la maison aurait été évaluée par un Samsar qui ne connaît rien du domaine sinon qu’il opère dans l’achat, la location ou la vente d’immeuble. La personne qui nous a été indiquée comme l’évaluateur réfute cela et dit n’être mêlé ni de près ni de loin à cette affaire. Quoi qu’il en soit, elle aurait été évaluée à 5.500.000 ouguiyas.

De ce montant, un chèque de la Bacim Bank d’un montant de 3.845.000 ouguiyas à prélever d’un compte a été libellé au nom de Saïdou Amadou Konté. Or la maison ne lui appartient pas. Elle est au nom de Yahya Amadou Konté. La justice a tout intérêt à mener une enquête sérieuse pour élucider cette affaire qui n’a pas encore fini de parler d’elle. Surtout que Demba Aw, le vendeur du terrain n’a pas tout dit dans cette affaire et des liens d’affaires qu’il entretenait avec la plaignante sur des histoires de terrains à l’Ilôt K extension à l’origine de leur brouille.

Moussa Diop


source : cridem

Jeudi 22 Octobre 2009
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