ONUSIDA : l'affaire Horma va-t-elle provoquer la chute du gouvernement ?



ONUSIDA : l'affaire Horma va-t-elle provoquer la chute du gouvernement ?
Le premier ministre Moulaye Ould Mohamed Lagdhaf et son ministre de la santé - Cheikh Ould Horma ont convaincu le principal acteur du projet ONUSIDA en Mauritanie, Abdellahi Ould Horma, de retourner en Mauritanie, avec la garantie qu'il ne sera pas appréhendé suite aux accusations de mauvaise gestion. Ce faisant, les deux espéraient garder leurs postes.

Abdellahi Ould Horma est aujourd'hui en prison mais ses parents influents ne semblent pas sortis d'affaire pour autant. Le ministre de la santé est le frère du détenu et le beau frère du chef du Gouvernement. Travailler en famille est un sacerdoce. Retour sur une complication.

Début septembre dernier, une enquête au sein du programme commun des Nation Unies sur le VIH/Sida en Mauritanie (ONUSIDA) révèle un trou financier de 7 millions de dollars. Les auteurs du rapport indexent la responsabilité du coordinateur Abdellahi Ould Horma ainsi que de Salimata Cheikh Sow, sa principale collaboratrice mais aussi des deux responsables financiers Saleck Ould Hadrami et Mamadou Dia. Aujourd’hui, hormis ce dernier, toujours en fuite, les autres croupissent en prison.

Mais lorsque l'investigation s’achève, Abdellahi Ould Horma travaille déjà à l'étranger et ne paraît nullement pressé de revenir au pays. Pour ses proches, il était le seul membre de sa famille à militer au sein de la campagne de Messaoud Ould Boulkheïr, candidat malheureux de l’opposition à la dernière élection présidentielle. Partant, il n’avait pas de raison de se livrer car il redoutait une vengeance à caractère politique.

Mais ce qui rendait sa situation délicate, ce sont ses liens familiaux avec le gouvernement : Cheikh Ould Horma, son ministre de tutelle, est aussi son frère ainé. Quant au premier ministre, il est marié avec sa sœur cadette. Les deux lui signifient que le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz les soupçonne de l'avoir informé du contrôle, lui permettant ainsi de quitter le pays avant de se faire appréhender. Selon eux, s'il ne revenait pas, ils risquent non seulement d'être limogés, mais poursuivis pour avoir favorisé la fuite d'un auteur présumé de détournements de biens publics.

Pour le convaincre de rentrer à Nouakchott, ils lui promettent l’immunité et tentent de le convaincre de restituer une partie du montant litigieux, en contrepartie d'un non lieu. Un montant de 90 millions d'ouguiyas est évoqué et les deux poussent la prévenance jusqu'à s'engager à régler la "créance", s'il le faut. Mais dès son retour, Abdellahi Ould Horma est placé en détention provisoire, dans l’attente de son procès.

Quant à son responsable financier Saleck Ould Hadrami, il serait actuellement "fuité". En effet, après un bref séjour au Maroc, son passeport arrive à expiration ; alors, il rentre discrètement à Nouakchott où le reçoit le commissaire Mohamed Ould Brahim Ould Seyid qui lui renouvelle son titre de voyage ; il lui demande de quitter le pays et de ne plus y revenir avant que toute cette affaire ne s’achève ou retombe dans l’oubli habituel.

Abdellahi Ould Horma, lui, devient la carte maitresse d'un jeu qui se déroule désormais à la Présidence de la République. En effet, une source proche de Ould Abdel Aziz raconte comment, finalement, cet imbroglio tombe à point nommé pour le Président ; il lui offre l’occasion inespérée de se débarrasser de son insipide premier ministre et de consolider sa réputation de chef d’Etat vertueux.

En haut lieu, l'on reproche, à Ould Mohamed Lagdhaf, de ne pas avoir correctement réussi sa mue : il était un bon chef de gouvernement sous le pouvoir putschiste, exécutant promptement les ordres malgré la virulence de la pression. "Mais tout ça est fini, aujourd'hui, on a besoin d'un premier ministre qui prend des initiatives, non d'un individu pétrifié de prudence qui attend patiemment les directives de la Présidence, sans bouger le plus petit doigt. Ould Mohamed Lagdhaf a fait son temps" estime notre source.

Ousmane Kane était bien placé. Ould Abdel Aziz n'écoutait pas ceux, nombreux, qui reprochaient au ministre des finances de ne pas parler arabe. Il trouvait que ce polytechnicien serait parfait dans le rôle ; or, selon nos sources, la participation de Kane à la réunion "séditieuse", organisée par le vice-président du Sénat Mohcen Ould Hadj, aurait quelque peu compromis ses chances.

Source: Taqatoumy

Dimanche 8 Novembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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