Médias Publics:Le vent du changement ?



Médias Publics:Le vent du changement ?
Lors de sa réunion hebdomadaire du jeudi 10 décembre, le gouvernement a décidé d’ouvrir –certainement à sa manière- l’accès des médias publics, réduits à leur plus simple expression de vulgaires outils de propagande, aux points de vue des partis de l’opposition. Une décision annoncée par le ministre chargé de la communication, Mohamed Mahmoud Ould Boukhary, a u cours d’une conférence de presse tenue quelques heures après le conseil des ministres, aux côtés de ses homologues Kane Ousmane, des finances ; Cissé Mint Cheikh O. Boidé, de la culture, de la jeunesse et des sports et Ismaël Ould Bedde Ould Cheikh Sidya, de l’urbanisme et de l’habitat. Cette volonté d’ouverture a été accueillie avec une réelle satisfaction en attendant la suite.
Parallèlement à cette annonce faite par le gouvernement, les responsables des médias de l’état ont saisi les partis politiques pour les informer de la nouvelle orientation et en vue de prendre toutes les mesures pratiques préalables à la couverture des différentes manifestations.
La nouvelle démarche devrait donc, au théoriquement, permettre à Radio Mauritanie, la TVM, l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI) et aux quotidiens «Chaab » et « Horizon » de porter, enfin, les habits de médias publics au diapason des préoccupations de toute la société mauritanienne (pouvoir, opposition et société civile) et abandonner, pour de bon, le rôle qui était jusqu’ici le leur à travers lequel ils étaient réduits à de simples organes de l’état, avec un jeu frisant parfois la caricature.
Une triste réalité illustrée ces derniers temps au moins par deux faits. Le premier est un compte rendu « tendancieux » et même délibérément truqué. Ce compte rendu portait sur une conférence de presse organisée par huit partis de l’opposition, qui ont décidé la mise en place d’un nouveau cadre de concertation dénommé « Coordination des Forces de l’Opposition Démocratique » (CFOD) et constitué en une nouvelle plate forme. Le deuxième fait qui illustrait le caractère paradoxal des médias de l’état, concerne l’incroyable mais total silence radio à propos de l’enlèvement sur la route Nouadhibou –Nouakchott de trois humanitaires espagnols travaillant pour le compte d’une ONG de Barcelone.

La TVM au banc des accusés

La manière par laquelle la TVM a tenté de rendre compte de la conférence de presse des partis de l’opposition, du lundi 6 décembre 2009, a été à l’origine d’une véritable levée de boucliers. Une contre performance aux conséquences particulièrement négatives pour cette institution. Elle a suscité une vive colère chez l’opposition et a indigné l’opinion publique. Pire, elle a été même jugée de très mauvais goût, semble-t-il, aux yeux de quelques milieux proches du pouvoir qui, n’ayant pas pu avaler la grossièreté de la manœuvre, en étaient arrivés à mettre la TVM au banc des accusés.
Ainsi, dans un communiqué publié au lendemain de ce qui est apparu comme une véritable incartade, les 8 partis de la nouvelle CFOD ont tenu à dénoncer « un outrage » à l’égard de leurs leaders et « une volonté délibérée de dénaturation des faits » en vue de désigner ces derniers «à la vindicte populaire ».
Il s’est donc agi d’un compte rendu d’une conférence de presse dont le contenu a été délibérément sorti de son contexte, dont le résultat est une attitude « proscrite d’outrage » commis par la télévision nationale vis-à-vis des dirigeants de l’opposition.
Suit alors « l’obstination », il y a lieu de le rappeler, des autorités à « prendre en otage » les organes de la presse publique transformés ainsi en caisses de résonnance et en porte- voix du seul maître du moment, avec tout le discrédit induit par une telle situation.
L’opposition réclame alors des poursuites en justice contre les auteurs d’une pratique ignoble, en flagrante violation de la déontologie, de toutes les règles et de l’éthique attachée à l’exercice de la profession de journaliste.
Cette dernière « bavure » intervenant après l’impasse faite sur l’enlèvement des otages espagnols, qui autorisa une partie de la presse privée à affirmer que les organes publics d’information se trouvaient sur une autre planète, a été finalement la goutte qui a fait déborder le vase.
C’est là peut-être la raison de l’ouverture décidée par les autorités en réaction à ce genre de pratiques vraiment d’autre âge. Reste à savoir pourquoi les responsables de ces fautes graves n’ont pas encore été sanctionnés, conformément à la politique de transparence et d’équité prônée par le pouvoir.
Au-delà de ces contingences, est-il permis d’ espérer que la nouvelle « option » donnée aux médias publics ne trouve pas un triste épilogue semblable à celui provoqué par le débat qui a entraîné le limogeage d’un DG de la TVM et l’embastillement d’Isselmou Ould Abdel Kader.
Selon des sources proches de l’opposition, la télévision nationale comptait inaugurer la nouvelle ère par un débat politique entre quelques dirigeants de partis de la majorité et d’autres des partis de l’opposition. Le projet a été annulé à cause des conditions ‘’inacceptables’’ que la direction de la télé cherchaient à imposer aux opposants.

Cheikh Sidya

Source: Biladi

Lundi 14 Décembre 2009
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