Les années 2000 en Mauritanie et ailleurs...



Les années 2000 en Mauritanie et ailleurs...

Le bug 2000, le bluff du début du siècle


2000 – Ce ne fut pas la fin du monde même si la rumeur courrait depuis les années 70. Et le bug informatique tant redouté a fait long feu. En fait, le passage informatique à l’an 2000 s’est passé finalement en douceur sans l’apocalypse prédite par les gourous de la robotique. Pourtant, Dieu sait que le monde a retenu son souffle quelques secondes avant l’heure fatidique 23 h 59 : 59 du 31 décembre 1999. À 00h de l’an 2000, le téléportage des ordinateurs et de tous les éléments dont la date est codée sur seulement 2 chiffres a eu lieu sans problèmes. Une farce coûteuse, mais heureuse. Des sociétés, des banques et des institutions publiques ont dépensé des fortunes pour une « migration » sans risques. En Mauritanie, le risque était minime parce que très peu informatisée, mais dans le bug on voyait surtout une possible fin du monde. C’était tout juste pour nous, une affaire de superstition.



Le 11-Septembre

2001 – C’est incrédule que nous avons suivi en direct à Atar l’attaque du 11 septembre. Ce jour, la capitale de l’Adrar se préparait à accueillir en grande pompe le Roi du Maroc, sa Majesté Mohamed VI, qui se trouvait déjà à Nouakchott depuis la veille. Les journalistes venus pour couvrir cette visite ont tout de suite compris que le souverain marocain ne viendra pas. L’effondrement des tours jumelles du World Trade Center vécu en temps réel par des centaines de millions de téléspectateurs à travers le monde a traumatisé la planète entière. Le monde continue d’en payer les conséquences. En 1941, l’attaque surprise de la base navale américaine Pearl Harbor par les japonais incita les Etats-Unis à officiellement entrer dans la Seconde Guerre mondiale avec les conséquences que l’on sait dont Hiroshima et Nagasaki. Le 11-Septembre engloutira l’Afghanistan et l’Irak. Et ce n’est pas fini…


L'extrême droite au second tour


2002 – Le Pen au second tour en France, voilà un affront pour la Patrie des Droits de l’Homme. Jean Marie Le Pen a battu la gauche et a menacé Chirac. Les sondages n’ont y vu que du feu. Finalement, c’est à un sursaut national que Jacques Chirac devra son deuxième mandat à l’Elysée. Le traditionnel face-à-face entre les deux tours manqua au férus de l’élection présidentielle française, Chirac ayant refusé de débattre avec Le Pen. Toutefois, la France s’est depuis crispée sur le terrain des droits de l’homme. Après le foulard, on s’attaque à la burqa. La course aux voix de l’extrême droite est engagée. Ce n’est pas encore le Danemark, heureusement, mais… En Mauritanie, on juge, quand même, que les formalités du visa pour la France connaissent plus de rigueur que nécessaire.


Les cavaliers du changement


2003 – Le 8 juin, une tentative musclée de coup d’état sème le chaos à Nouakchott pendant 1 jour et demi. Les insurgés ont mis la main sur le bataillon blindé et neutralisé plus d’une dizaine d’officiers. Seul l’état-major de la Garde nationale échappa à leur contrôle. Le bilan fut lourd : 15 tués (dont le chef d’état-major de l’armée national, Mohamed Lemine Ould Deyane) et plusieurs blessés. Les noms des commandants Saleh Ould Hanena et Mohamed Ould Cheikhna circulent très tôt… La tentative a échoué, mais elle a eu la capacité d’ébranler pour de bon et le régime de Ould Taya et la stabilité du pays. Deux mois plus tard, les auteurs du putsch manqué proclament sur la chaîne Qatarie la naissance du mouvement « Les cavaliers du changement ».


Tsunami, un mot japonais

2004 – L’île indonésienne de Sumatra sera envahie par une vague énorme et meurtrière, un Tsunami d’une magnitude de 9° sur l’échelle de Richter. Le raz-de-marée touche de plein fouet par la suite le Golfe du Bengale, la Malaisie, la Birmanie, l’Inde, le Sri Lanka, le Bangladesh, Singapour et les Îles Maldives. On dénombre 223 492 morts. Plus que les bombes Hiroshima et Nagasaki réunies. Une campagne planétaire de récolte de dons permit d’amasser des millions dollars pour venir en aide aux victimes. A Nouakchott, le phénomène permit de se poser des questions sur l’éventualité d’un Tsunami … On dit que Tevragh Zeina est une ancienne nappe et qu’elle est presque au même niveau que la mer, donc sous la menace d’envahissement par les eaux. Pour l’histoire, le mot Tsunami est japonais. Qu’Allah nous en garde !


La chute d'Ould Taya

2005 – Le 3 août, au petit matin, un groupe de 17 officiers, profitant du voyage de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Ould Taya en Arabie Saoudite où il a été présenté ses condoléances à la suite du décès du Roi Fahd, annonce dans un communiqué rendu public qu’il a été mis « fin aux pratiques totalitaires du régime déchu dont notre peuple a tant souffert ces dernières années. Ces pratiques ont engendré une dérive dangereuse pour l’avenir du pays ». Le Comité Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD) présidé par le colonel Ely Ould Mohamed Vall précisait que « les Forces Armées et de Sécurité n’entendaient pas exercer le pouvoir au au-delà d’une période de deux ans, jugée indispensable pour la préparation et la mise en place de véritables institutions démocratiques». A l’époque, les pressions de la communauté internationale permirent de faire respecter par les militaires le calendrier malgré de multiples subterfuges pour s’accrocher encore au pouvoir.


La dernière guerre du Liban

2006 - Déclenchée le 14 août, la dernière guerre du Liban a fait plusieurs centaines de morts civils et des milliers de blessés. Des images atroces et terribles ont été diffusées en boucles sur toutes les télévisions du monde. Des enfants déchiquetés, des vieillards hébétés et des familles en errance dans un décor de ruines et de désolation totale, les scènes étaient insoutenables. Israël avait fait un usage disproportionné de la force militaire contre un pays qui n’était pas en guerre avec elle. Les bombardements aériens et les bombes à sous minutions ont fait des ravages parmi les populations civiles et, en particulier, chez les enfants. En Mauritanie, ces images ont beaucoup révolté l’opinion publique nationale. La classe politique était unanime pour exiger la fermeture de l’ambassade d’Israël à nouakchott.


L'exemple mauritanien

2007 – Le 25 mars, la Mauritanie élisait, au second tour, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi à la présidence de la République avec 52,89% des voix contre 47,11% pour Ahmed Ould Daddah. L’élection avait été jugée, par tous, comme honnête, libre, transparente et démocratique. L’image de la Mauritanie en sortait améliorée. Et comme prime à la démocratie, les partenaires au développement semblaient disposés à casser la tirelire pour venir en aide au pays. D’ailleurs quelques temps après, le Club de Paris s’engageait à appuyer le développement du pays au cours des 3 prochaines années avec une enveloppe de 2,18 milliards de dollars américains. En s’envolant pour Paris, la délégation mauritanienne tablait seulement sur 1,6 milliard de dollars. Elle obtint un véritable jackpot qui devait profiter au développement de l’hydraulique, de l’électricité et au financement du partenariat public-privé. A l’époque le Premier ministre Zein Ould Zeidane et son ministre de l’Economie et des Finances, Abderrahmane Ould Hama Vezzaz se sont disputés la paternité d’un tel succès.


Le putsch des Généraux

2008 – 6 août, la Mauritanie qu’on pensait définitivement immunisée contre les coups d’état renoue subitement avec une tradition vieille de plus de 30 ans. Le quotidien français le Monde donne le ton ce jour-là : « Ce coup d’état a été mené sans effusion de sang par le chef de la garde présidentielle, le général Mohamed Ould Abdel Aziz ». Le porte-parole de la présidence de la République dira que le coup d’état est une réaction au limogeage des officiers Mohamed Ould Abdel Aziz et de Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed (Ghazwani) annoncé le matin même à la radio. En fait, la querelle est plus vieille que ça ! Il faut dire que la situation du pays était exécrable et tendait au pourrissement. Les militaires voulaient depuis quelques mois en finir avec Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi en respectant un minimum de formes. En effet, dans les coulisses, ils tiraient les ficelles d’une fronde parlementaire et suscitaient une désaffection de la rue qui devait à aboutir à la longue à un soulèvement populaire. Pris au dépourvu par leur limogeage, les militaires ôtèrent les masques. Le monde n’avait pas le temps de s’occuper de la Mauritanie. En Europe, la crise financière et les problèmes d’énergie occupaient les esprits. Aux Etats-Unis, les préparatifs de l’élection présidentielle mettaient une sourdine à la politique extérieure. Le monde arabe, quant à lui, n’a jamais vu d’un bon œil les caprices démocratiques de la Mauritanie. La France, l’Espagne, le Maroc et le Sénégal semblaient bénir la nouvelle junte. La suite de l’histoire tout le monde la connaît… Les accords de Dakar, puis l’élection présidentielle du 18 juillet, Hay Sakène, la Gabegie, Al qaida et les hommes d’affaires.


Obama à la Maison blanche

2009 - Le 20 janvier, Barack Obama est officiellement investi 44e président des Etats-Unis d’Amérique. À cette occasion historique, il s’adresse au monde musulman et aux déshérités de la planète : « Au monde musulman : nous cherchons une nouvelle façon d’avancer fondée sur notre intérêt mutuel et notre respect mutuel. Aux dirigeants à travers le monde qui veulent semer le conflit ou imputent les maux de leur société à l'Occident : sachez que votre peuple vous jugera sur ce que vous pouvez construire, et non sur ce que vous détruisez. A ceux qui s'accrochent au pouvoir par la corruption, la tromperie et en réduisant la contestation au silence, sachez que vous êtes du mauvais côté de l'histoire. Mais que nous tendrons la main si vous voulez desserrer votre étau. Aux peuples des pays pauvres: nous promettons de travailler à vos côtés pour que vos fermes s'épanouissent et que coulent des eaux propres; d'alimenter les corps affamés et de nourrir les esprits assoiffés. Et aux nations comme la notre qui jouissent d'une relative abondance, nous disons que nous ne pouvons plus nous permettre de rester indifférents à la souffrance au-delà de nos frontières; que nous ne pouvons pas non plus consumer toutes les ressources du monde sans nous soucier des conséquences. Car le monde a changé et nous devons évoluer avec lui ». Un nouvel espoir est né pour le monde !

Ahmed Ould Soueidi


Source:
Challenge

Jeudi 7 Janvier 2010
Boolumbal Boolumbal
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