Le gouvernement veut reconstruire nos institutions sur de nouvelles bases saines : A-t-on mis la charrue avant les bœufs ?



Le gouvernement veut reconstruire nos institutions sur de nouvelles bases saines : A-t-on mis la charrue avant les bœufs ?
Les rideaux sont tombés sur la première session 2009-2010 du parlement. Une session marathon marquée par la déclaration de politique générale du gouvernement présentée par le Premier Ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf à l’attention des députés de l’assemblée nationale, et des sénateurs par le ministre de la communication chargé des relations avec le parlement, Mohamed Abdellahi Ould Boukhary.


Ambitieux programme d’actions gouvernementales si l’on puit dire, que Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a déroulé dans ses grandes lignes aux parlementaires des deux chambres. De ce discours programme très ambitieux, le Premier Ministre a fait savoir que l’action gouvernementale tire sa source des objectifs majeurs que le président de la République a fixés dans son programme électoral et qu’il a réitéré à plusieurs occasions, particulièrement lors de son discours d’investiture le 5 août 2009. Des objectifs qui se résument globalement, selon la solennité du discours, « dans l’engagement ferme et courageux de sauver le pays de la dérive, du fait des mauvaises politiques appliquées par les régimes qui se sont succédés durant quelques décennies ».

Préalables à la construction

Mais ce que Moulaye Ould Mohamed Laghdaf n’a pas dit, c’est comment reconstruire nos institutions sur de nouvelles bases saines alors qu’entre les acteurs, il n’y a ni dialogue, ni concertation sur les grands dossiers, pour s’entendre sur la finalité de cette reconstruction. Question. Peut-on penser à reconstruire sans se donner les moyens de sa politique ? A priori non ! La réussite des ambitions du président de la République demande d’abord à ce que soit décrispé le climat politique délétère voulu et entretenu en haut lieu, vis-à-vis de l’opposition. Il faut dépasser et dépassionner ce débat politique autour des questions de l’heure, quand bien même l’opposition a du mal à s’installer dans la peau dans une logique constructive. Certes qu’avant de vouloir balayer devant la porte d’autrui, elle devrait commencer par balayer devant la sienne et faire le ménage dans ses rangs, car les critiques ne manquent pas quant à la gestion peu démocratique des partis. Ces critiques sont aussi valables pour les partis de la Majorité présidentielle. Aucun de ces multitudes de formations politiques, anciennes ou nouvelles à commencer par l’Union Pour la République (UPR) ne fonctionnent sur des bases démocratiques. 90 % des formations politiques reconnues dans le pays n’ont ni siège, ni adresse, ni téléphone, ne disposent de structures de base tant à Nouakchott, qu’à l’intérieur du pays, n’ont aucune implantation à leur actif, pas même de réunions simples encore moins de meetings. La reconstruction devrait commencer par revoir les critères de reconnaissance des formations politiques.

La démocratie est un état d’esprit

Démocratie ne veut pas dire anarchie et pagaille. Il s’agit de gérer ce pays avec des têtes bien pensantes et disposant d’une certaine matière grise et non avec des « Zozos ». Avec le coup d’Etat de 2005, le PRDS a fondu dans la nature avec la volonté soutenu et affiché du CMJD de l’époque, présidé par Ely Ould Mohamed Vall. Adil qui a voulu prendre le relais avec l’avènement de Sidi Ould Cheikh Abdellahi, n’a pas réussi. Ce même parti qui n’a jamais connu d’implantation, sans aucune structure de base sur le territoire national pour qu’on puisse juger de son assise, n’a pas tenu de congrès une seule fois –à moins que ce ne soit par le biais de textes réglementaires édulcorés- côtoie des hommes politiques de gros calibre qui peuvent se bomber le torse de détenir des partis ayant au moins une assise populaire certaine. Il s’agit de l’Udp de Naha Mint Mouknass, de l’App de Messaoud Ould Boulkheïr, le RFD de Ahmed Ould Daddah, l’Ufp de Mohamed Ould Maouloud. Ces formations vieilles de plusieurs années, tiennent des sièges plus ou moins bien équipés, des meetings partout sur le territoire national, des réunions régulières pour ne pas dire quotidiennes sur la vie de leur formation respective. Ils ont adresse, téléphone, mail et site web pour certaines d’entre elles. Ils ont une comptabilité et emploient des travailleurs régulièrement payés. Tout le reste n’existe pas sinon sur papier.
Malheureusement cette anarchie, on la retrouve dans la société civile à l’exception de Rencontre citoyenne où se retrouvent le FONADH avec ses 26 Ong membres et la coalition Publiez Ce Que Vous Payez ‘‘PCQVP’’. Dans le milieu syndical, le mal s’y est gangrené. En dehors de l’UTM divisé, la CGTM, la CLTM, les autres centrales n’ont jamais eu pignon sur rue.
Ce n’est qu’en s’orientant vers l’assainissement de ces organisations et les rapports entre Pouvoir et Opposition que la reconstruction sur de nouvelles bases saines aurait des garanties de succès. A bon entendeur salut !

Moussa Diop

Source: Quotidien Nouakchott

Lundi 11 Janvier 2010
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