La crise politique n'est pas finie, l'impasse économique encore moins

Finalement, la présidentielle de juillet dernier n'a pas mis fin à la crise multiforme que vit le pays depuis le départ de Sidioca. Un nouveau président a été certes élu, mais le quotidien des Mauritaniens demeure, avec les mêmes travers.



La crise politique n'est pas finie, l'impasse économique encore moins

Il y a un mois, la Mauritanie se croyait extirpée de la crise politico économique et sociale dans laquelle l'avaient plongée ses leaders politiques. La consécration du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz à la présidence de la République, au terme d'une élection présidentielle à laquelle avaient participé toutes les forces vives de la nation, était perçue par d'aucuns, comme un terme à la bagarre fratricide qui sévissait dans le pays. Les Mauritaniens avaient conséquemment nourri beaucoup d'espoir de voir enfin l'entame d'une ère économique prospère, en tout cas, susceptible de procurer du travail et des revenus à la majorité des citoyens du pays.

Quand l'ex-général prit le pouvoir, le pays était au bout du gouffre. Il sortait d'une période durant laquelle une lutte acharnée confronta les hommes politiques et accapara les esprits. L'héritage est lourd : la crise a laissé aux gouvernants des dossiers remplis d'attentes populaires et des caisses publiques vidées par les luttes de pouvoirs qu'elles ont alimentées depuis plusieurs années. La dépense publique a malheureusement coïncidé avec une brutale augmentation du budget des armées imposées par l'impératif sécuritaire et les retards accumulés pour l'entretien des troupes, auquel est venu s'additionner une conjoncture où, royalties traditionnelles sur les ressources naturelles et aide au développement, sont plombées par la crise mondiale. Les partenaires au développement ayant mis fin à leurs contributions dans l'effort de construction nationale, l'argent s'est fait encore plus rare : l'UE, la France, la Banque Mondiale, le FMI, les USA, et même les pays arabes dits proches des USA, ayant suspendu leurs partenariat avec la Mauritanie consécutivement au coup d'Etat, auront largement contribué à la déchéance économique du pays.

Après un mois au pouvoir, le nouveau président dont on dit qu'il va bientôt s'adresser à la Nation, sera dans l'obligation de mener des mesures dites impopulaires.

Il sera difficile d'éviter des mesures de rigueurs budgétaires et quelques bradages supplémentaires sur des enjeux économiques et politiques fondamentaux. En effet, la conjoncture oblige à repenser les mécanismes traditionnels de redistribution. Le positionnement électoral contre la gabegie, du président Ould Abdel Aziz semble avoir anticipé la nouvelle contrainte économique. Néanmoins l'outil reste délicat d'usage sans révision systémique de la gouvernance du pays. Il est peu plausible que le moment y soit favorable. Le problème du renouvellement des outils de contention des attentes sociales reste donc entier.

Le président Mohamed Ould Abdel Aziz qui s'est autoproclamé " président des pauvres " a certainement constaté que pour mener des actions d'envergure susceptibles de relancer l'économie nationale, il va falloir que des mesures particulières. C'est peut-être pourquoi, il a décidé de lancer une adresse au peuple. Serait-ce pour lui expliquer que " tout ne va pas dans le meilleur des mondes possibles " et que pour se faire, il va falloir attacher les ceintures, pour l'heure ? Certainement.



Jeudi 10 Septembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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