
En février dernier, la Mauritanie a décrété zone militaire un vaste corridor de 600 km sur 350 au nord-est du pays. Depuis, des moyens toujours plus importants sont déployés pour tenter d’empêcher toute incursion terroriste, notamment en provenance du nord du Mali. Mais face à l’immensité de la zone, un contrôle total s’avère impossible.
Après une troisième attaque meurtrière d’AQMI contre son armée à Tourine en septembre 2008, la Mauritanie avait réagi en créant les GSI, Groupement spéciaux d’intervention, pour combattre la menace terroriste. AQMI a riposté fin 2009 en enlevant à 170 km seulement de Nouakchott trois humanitaires espagnols, dont deux sont encore retenus au nord du Mali, puis deux touristes italiens.
Pour éviter toute nouvelle incursion sur son territoire, le gouvernement a haussé le ton en plaçant le nord-est du pays, réputé pour être un lieu de passage pour terroristes et trafiquants, sous contrôle militaire. Les soldats y sont autorisés à tirer sans sommation et des points d’entrée obligatoire ont été disposés aux frontières.
D’après le commandant du 2e GSI, Sid Ahmed ould Cheikh, 350 km de frontière avec le Mali font l’objet d’une surveillance spécifique : « On y trouve les couloirs les plus roulants et les plus susceptibles d’être utilisés pour l’infiltration. Plus de 800 hommes sont désormais déployés pour contrôler ces points d’entrée stratégiques ».
Théorie sur l’exfiltration des Espagnols
Couloirs d’infiltration mais aussi d’exfiltration. Plusieurs experts considèrent, en effet, que les ravisseurs des Espagnols ont emprunté un de ces axes pour rejoindre le camp de Belmoktar au nord du Mali.
Faux, réplique le commandant Sid Ahmed, qui estime que c’est plus au nord, par le no man’s land sous contrôle du Polisario qu’ils se seraient enfuis : « Je le dis en mon nom personnel et par expérience : les ravisseurs, s’ils n’avaient pas bénéficié d’une certaine complicité étrangère, y compris d’un territoire étranger, n’auraient pas pu enlever aussi facilement les Espagnols et les amener directement dans le nord du Mali. »
Des moyens de contrôle renforcés
En plus de l’effort sur le nombre d’unités déployées, l’armée a mis l’accent ces derniers mois sur la formation pratique et théorique de ses hommes, avec l’appui de pays amis : exercices à balles réelles, entrainement commando, techniques de pistage, formation en cartographie, communication, etc. De source militaire, de nouveaux équipements sophistiqués, comme des pick-up blindés, auraient été ajoutés aux équipements actuels (mitraillettes lourdes, RPG, etc.).
Malgré ces efforts, le commandant Sid Ahmed avoue qu’il est impossible de contrôler totalement la zone. « Nous avons mis en place un maillage très efficient et capable sinon de mettre fin aux infiltrations, du moins de les freiner, parce que réellement le risque zéro n’existe pas. »
Le renseignement, enjeu crucial
Les conditions climatiques sont très difficiles. Le maillage est donc notamment centré sur les points d’eau, hautement stratégiques. C’est là aussi que se trouvent les rares nomades de la région. Les unités leurs apportent soins et aide logistique et espèrent en échange obtenir des renseignements sur les va-et-vient dans la zone.
Mais ces populations, prises entre militaires et terroristes, ne sont pas toujours fiables. « Ils nous sont globalement acquis, mais le risque est de transformer le renseignement en business », indique un officier. « Nous les aidons pour l’eau, nous achetons leurs moutons. Les terroristes eux, ont plus de moyens. »
Si le renseignement pose problème, la principal difficulté reste l’immensité de la zone. « On a beau quadriller, on ne peut pas être partout. Jamais des moyens terrestres ne suffiront à contrôler les passages ici », admet un gradé.
Nouveaux outils
Pour y remédier, la nouveauté, c’est la surveillance aérienne. « Depuis les enlèvements, nous faisons des survols aériens réguliers. Nous devons les multiplier, mais nous avons déjà pu constater que c’est un moyen réellement efficace pour contrôler cette zone », indique le commandant Sid Ahmed. Il place également beaucoup d’espoir dans le commandement militaire unifié (Mauritanie, Algérie, Niger et Mali) installé à Tamanrasset depuis avril : « Une force intégrée nous permettrait de poursuivre les terroristes où ils sont, sans tenir compte des frontières .»
Source: RFI
Après une troisième attaque meurtrière d’AQMI contre son armée à Tourine en septembre 2008, la Mauritanie avait réagi en créant les GSI, Groupement spéciaux d’intervention, pour combattre la menace terroriste. AQMI a riposté fin 2009 en enlevant à 170 km seulement de Nouakchott trois humanitaires espagnols, dont deux sont encore retenus au nord du Mali, puis deux touristes italiens.
Pour éviter toute nouvelle incursion sur son territoire, le gouvernement a haussé le ton en plaçant le nord-est du pays, réputé pour être un lieu de passage pour terroristes et trafiquants, sous contrôle militaire. Les soldats y sont autorisés à tirer sans sommation et des points d’entrée obligatoire ont été disposés aux frontières.
D’après le commandant du 2e GSI, Sid Ahmed ould Cheikh, 350 km de frontière avec le Mali font l’objet d’une surveillance spécifique : « On y trouve les couloirs les plus roulants et les plus susceptibles d’être utilisés pour l’infiltration. Plus de 800 hommes sont désormais déployés pour contrôler ces points d’entrée stratégiques ».
Théorie sur l’exfiltration des Espagnols
Couloirs d’infiltration mais aussi d’exfiltration. Plusieurs experts considèrent, en effet, que les ravisseurs des Espagnols ont emprunté un de ces axes pour rejoindre le camp de Belmoktar au nord du Mali.
Faux, réplique le commandant Sid Ahmed, qui estime que c’est plus au nord, par le no man’s land sous contrôle du Polisario qu’ils se seraient enfuis : « Je le dis en mon nom personnel et par expérience : les ravisseurs, s’ils n’avaient pas bénéficié d’une certaine complicité étrangère, y compris d’un territoire étranger, n’auraient pas pu enlever aussi facilement les Espagnols et les amener directement dans le nord du Mali. »
Des moyens de contrôle renforcés
En plus de l’effort sur le nombre d’unités déployées, l’armée a mis l’accent ces derniers mois sur la formation pratique et théorique de ses hommes, avec l’appui de pays amis : exercices à balles réelles, entrainement commando, techniques de pistage, formation en cartographie, communication, etc. De source militaire, de nouveaux équipements sophistiqués, comme des pick-up blindés, auraient été ajoutés aux équipements actuels (mitraillettes lourdes, RPG, etc.).
Malgré ces efforts, le commandant Sid Ahmed avoue qu’il est impossible de contrôler totalement la zone. « Nous avons mis en place un maillage très efficient et capable sinon de mettre fin aux infiltrations, du moins de les freiner, parce que réellement le risque zéro n’existe pas. »
Le renseignement, enjeu crucial
Les conditions climatiques sont très difficiles. Le maillage est donc notamment centré sur les points d’eau, hautement stratégiques. C’est là aussi que se trouvent les rares nomades de la région. Les unités leurs apportent soins et aide logistique et espèrent en échange obtenir des renseignements sur les va-et-vient dans la zone.
Mais ces populations, prises entre militaires et terroristes, ne sont pas toujours fiables. « Ils nous sont globalement acquis, mais le risque est de transformer le renseignement en business », indique un officier. « Nous les aidons pour l’eau, nous achetons leurs moutons. Les terroristes eux, ont plus de moyens. »
Si le renseignement pose problème, la principal difficulté reste l’immensité de la zone. « On a beau quadriller, on ne peut pas être partout. Jamais des moyens terrestres ne suffiront à contrôler les passages ici », admet un gradé.
Nouveaux outils
Pour y remédier, la nouveauté, c’est la surveillance aérienne. « Depuis les enlèvements, nous faisons des survols aériens réguliers. Nous devons les multiplier, mais nous avons déjà pu constater que c’est un moyen réellement efficace pour contrôler cette zone », indique le commandant Sid Ahmed. Il place également beaucoup d’espoir dans le commandement militaire unifié (Mauritanie, Algérie, Niger et Mali) installé à Tamanrasset depuis avril : « Une force intégrée nous permettrait de poursuivre les terroristes où ils sont, sans tenir compte des frontières .»
Source: RFI