L’esclavage en Mauritanie reconnu comme crime contre l’humanité



« La question de l’esclavage reste un sujet de vive polémique », note à juste titre l’Agence panafricaine de Presse (Pana). Pour tenter d’ y remédier, le gouvernement mauritanien a adopté le 29 novembre un projet de loi qui fait de l’esclavage un crime contre l’humanité. La nouvelle loi prévoit des sanctions sous forme de peines de prison, d’amendes et de privations des droits civiques à l’encontre des contrevenants. Depuis longtemps la Mauritanie tente sans succès d’éradiquer ses vieux démons.

« L’esclavage en Mauritanie a été aboli sous toutes ses formes » le 9 novembre 1981, rappelle SOS Esclaves, une organisation anti esclavagiste, pour la défense et la promotion des droits humains. Cette loi ne suffisant pas à y mettre un terme, le gouvernement a voulu faire preuve d’un peu plus de fermeté en adoptant un autre texte, le 8 août 2007, criminalisant l’esclavage et prévoyant des peines pouvant aller jusqu’à dix ans de prison. Une fois encore cela n’a pas suffit, l’esclavage en Mauritanie est toujours très répandu et presque totalement impuni. Le nombre de personnes qui y sont soumises est difficile à évaluer mais elles sont probablement plusieurs centaines de milliers, dont de nombreuses femmes. Ce sont les descendants des Noirs, les Haratines, dont les allieuls ont été asservis aux Maures blancs, les Bidhans.

Trois formes traditionnelles d’esclavage persistent dans ce pays. L’esclavage domestique, l’esclave est attachée à un maître pour sa vie entière et n’a pas de contact avec sa famille d’origine. Vient ensuite l’esclavage sexuel ou droit de cuissage sur toutes les femmes qui travaillent pour un maître dont l’autorité est considérée comme naturelle. Et enfin l’esclavage agricole, les travaux les plus durs et les plus rebutants sont assignés aux esclaves, dénonce l’inlassable militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l‘Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et bête noire du gouvernement.

Ce dernier a d’ailleurs été accusé par les autorités d’avoir symboliquement brûlé des textes esclavagistes datant du 9ème au 15ème siècle après JC, il a été arrêté et jeté en prison le 28 avril dernier et libéré sans procès au début du mois de septembre. Dans un discours prononcé à Genève le 27 novembre lors de la 5ème session du forum des Nations Unies sur les Minorités il a notamment dénoncé la classe politique et religieuse mauritanienne « en majorité de tendance esclavagiste », dont la représentation du monde est archaïque, puisqu’elle « interdit aux femmes toute fonction dirigeante dans la société, dont notamment la faculté de dire la loi ». Selon cette classe, « la gente féminine serait faible de nature », figée dans le statut de « mineure à vie », justifiant sa mise sous tutelle d’un maître. L’esclave « n’est plus qu’un objet, un bien meuble, à cause de son infériorité consubstantielle, intrinsèque », a-t-il déploré.

Reste à savoir si la nouvelle loi sera suivi d’effet. Les abolitionnistes en doutent, tant l’esclavage est ancré dans la société. Quant aux victimes malgré les lois successives elles n’osent toujours pas porter plainte.



Source: http://blog.slateafrique.com

Lundi 25 Mai 2015
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