L’arabe, le Haoussa et le Swahili, trois langues pour l’Afrique



L’arabe, le Haoussa et le Swahili, trois langues pour l’Afrique
La revendication légitime des Africains dès la première grande vague des indépendances dans les années 60 à vouloir se doter d’une langue officielle ou de travail est sans aucun doute conforme à l’ordre naturel et allait dans le bon sens. La langue choisie à l’époque était le “Swahili”. Après pratiquement un demi- siècle d’indépendance, force est de reconnaître que l’Afrique ne dispose toujours pas de langue de travail ou langue officielle.

Nous voudrions donc noter que, toujours, durant cette période des années 60, les peuples africains assistèrent à la naissance d’une doctrine connue sous le nom de panafricanisme. La doctrine du panafricanisme peut se définir à travers ses deux composantes que nous voudrions volontiers caractériser de facettes. Il s’agit d’une part de regroupement des pays africains sous forme de fédération d’où l’idée des “ Etats-Unis d’Afrique” et d’autre part de doter le continent africain d’une langue unique, le swahili. Il va sans dire qu’une telle structure étatique s’inspire largement d’un pays qui porte le nom des Etats-Unis d’Amérique même si pour paradoxal que ceci puisse paraître les tenants du panafricanisme étaient à l’époque des pays (l’Egypte, le Ghana, la Guinée et le Mali entre autres) dont les dirigeants étaient étiquetés à l’époque comme étant “ de gauche ou progressistes” c’est à dire idéologiquement plus proche du bloc socialiste. Qu’à cela ne tienne, le panafricanisme continue à ce jour de marquer l’histoire des peuples africains et pour cause l’Organisation de l’Unité Africaine dans son évolution changea de nom pour devenir l’Union Africaine. C’est dire que la facette du panafricanisme relative à la fédération continue de hanter l’Afrique et ses dirigeants.



A propos de la langue unique, le swahili, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que cette facette du panafricanisme a totalement disparu des préoccupations des dirigeants et des peuples africains. La première cause de la disparition du swahili du paysage africain est simple et le diagnostic facile : l’instabilité politique des pays africains.

Au plan géographique, les peuples de la région septentrionale de l’Afrique, soit du Grand Maghreb au Soudan en passant par l’Egypte, partagent en commun l’usage de la langue arabe. Dans la région orientale, australe et centrale, l’influence du swahili est perceptible. Quant à la partie occidentale du continent, le haoussa semble être la langue la plus répandue. Si du point de vue de l’histoire, il paraîtrait que l’arabe et le swahili partagent une certaine affinité, ce n’est sans doute pas le cas du haoussa. Le plus important, nous semble-t-il, une fois de plus, n’est point tant l’influence de telle ou telle langue par rapport aux différentes régions africaines mais l’énoncé des conditions préalables et l’identification des obstacles dans un continent qui compte des centaines ou des milliers de langues ethniques, tribales ou vernaculaires et ce quels que soient les mots ou qualificatifs que l’on veut employer. Face à la réalité africaine et à sa complexité, d’aucuns estimeront à juste titre la mise en place de langues officielles africaines irréalisables. Mais alors, nous voudrions humblement et avec respect leur signifier notre désaccord en rappelant que toute affirmation identitaire procède d’un ordre naturel qui par essence est inéluctable.

La mise en place de toutes langues officielles ou de travail en Afrique (en l’occurrence le Swahili, l’Arabe et le Haoussa) doit s’accompagner d’une garantie absolue de préservation et de pérennisation de toutes les langues africaines existantes. En fait les peuples africains se doivent de reconnaître que la plus petite langue vernaculaire participe à la richesse linguistique du continent et qu’à ce titre il constitue un patrimoine qu’il faut impérativement et rigoureusement conserver.

Les institutions nécessaires à la mise en place des-dites langues devront être, nous osons nous en convaincre, entièrement autonomes. Elles devront inclure dans leur organigramme respectif un département chargé non seulement de veiller à la préservation et à la pérennisation de toutes les langues africaines existantes mais également à leur promotion. A cet effet, deux Institutions que nous désignons sous les vocables d’Institut de Recherche et d’Illustration des langues africaines et l’Académie devront y servir de véhicule.

- L’Institut comme son nom l’indique aura pour mission de bâtir non seulement des langues africaines solides grammaticalement mais riches en vocabulaires. L’Institut devra veiller à donner une envergure internationale aux langues africaines sans leur faire perdre leurs racines. Il devra s’occuper et/ou coordonner entre autre la traduction des documents scientifiques et littéraires en langues étrangères.

-L’Académie, outre son rôle traditionnel, devra suivre l’évolution et la promotion des langues africaines.



L’enseignement des langues africaines, en l’occurrence le swahili, l’arabe et le haoussa, devra permettre aux enfants d’Afrique d’être parfaitement trilingues. Pour se faire, dès l’école primaire et au cours des trois premières années, l’écolier (ière) africain (e) débutera sa scolarité par la langue officielle de sa région mais dès les quatrième et cinquième années devront s’ajouter l’enseignement des deux autres langues. Cet enseignement trilingue devra se poursuivre tant au niveau de l’enseignement secondaire qu’universitaire non point seulement sous sa forme littéraire mais également scientifique.





Obstacles relatifs à la mise en place des langues officielles ou de travail en Afrique



Les Romains avaient coutume d’appeler tous ceux qui ne parlaient pas le latin, la langue de Cicéron et de César, les “ barbares ”. De nos jours le latin n’est plus une langue parlée d’où le qualificatif de langue “ morte”. Les langues des “ barbares” sont devenues pour certaines d’entre elles, des langues dominantes et/ou prestigieuses. Une telle réalité historique est suffisamment éloquente et doit convaincre les peuples africains du bien fondé de la mise en place de langues officielles africaines pour les générations à venir et ce en dépit de ces quelques obstacles suivants que nous tenterions de mettre en lumière.



-Le problème tribal et/ou ethnique, il faut l’admettre, constitue l’élément clé qui freine toute évolution linguistique en Afrique. Outre les considérations humaines ou sociologiques normales, ce que l’on nomme en Afrique “ tribalisme”, d’aucuns diront, découle de “la règle d’or du mal colonial” qui se résume en trois mots “ Diviser pour régner”. Ainsi, la tribu ou l’ethnie, qui au plan culturel est une immense richesse parce qu’elle participe à la diversité naturelle au sein d’une nation, est devenue un facteur de rivalité et d’affrontement. Pour les observateurs avertis de la “ question africaine”, ces rivalités et affrontements sont surtout le fait des ambitions politiques démesurées. La politique a été donc utilisée comme instrument de division à des fins personnelles et les peuples africains, hélas, en sont les premières et seules victimes. Ceci nous amène, au second obstacle majeur que constitue la politique.



-La politique, de l’avis même d’un grand nombre d’hommes politiques en Occident, n’a pas toujours bénéficié de termes positifs pour sa description. Aussi, des hommes d’Etat aux hommes politiques les plus respectés en Occident, a-t-on souvent entendu les termes tels que : “destruction, cynisme et mensonge” pour décrire la politique. C’est en cela qu’il faut une analyse visionnaire et humaniste dans l’évaluation de la réalité africaine. Dans ce cadre, les peuples africains ont à leur disposition une source inépuisable d’hommes ressources, d’illustres visionnaires dont nous voudrions bien taire les noms pour préserver le caractère avant tout technique et exploratoire de la présente Communication.



Le financement d’un tel projet/programme devra faire l’objet d’une étude spécifique. Cette étude, qu’il nous soit permis de le réitérer, devra à notre point de vue, garantir l’autonomie des deux Institutions précitées qui seront les véhicules des trois langues officielles africaines. Nous demeurons convaincus que les peuples africains et les bonnes volontés de par le monde apporteront leur franc soutien pour la concrétisation de cette aspiration et revendication naturelles et légitimes.



Monsieur le Président de la Commission, nous mesurons bien la complexité et /ou la difficulté de la tâche. Nous demeurons toutefois convaincus que vous n’êtes pas seul, car les peuples africains qui vous confient cette mission sacrée vous apporteront leur soutien sans faille. Oui, les peuples africains savent, Monsieur le Président de la Commission, que vous êtes capable de relever ce défi. Aussi, ensemble comme un seul homme, ils sont prêts avec vous à surmonter tous les obstacles qui avaient et continuent de constituer un frein à la mise en place des langues officielles africaines. Il ne nous fait aucun doute que par ce tournant historique, l’Afrique connaîtra des avancées spectaculaires inimaginables. De même, les Africains et leurs descendants, partout où ils se trouvent sur cette terre des hommes, iront au rendez-vous du donner et du recevoir de l’universel en se rendant compte qu’ils ont beaucoup à donner à l’humanité.



Tout en vous remerciant d’avance pour la haute attention que vous voudriez bien accorder à l’examen de la présente Communication, je vous prie d’agréer, Excellence Monsieur le Président de la Commission de l’ Union Africaine, l’expression de notre haute et fraternelle considération.



Mamavi Sylvain ATTIGLAH

E-mail : msattiglah@aol.

PS: cette lettre qui date de 2005 avait était copiée aux personnalités suivantes.









Copies
:



-Son Excellence Monsieur Amr MOUSSA

Secrétaire Général de la Ligue Arabe

Le Caire - Egypte





-Son Excellence Monsieur Donald KABERUKA

Président du Groupe de la Banque Africaine de Développement

Tunis - Tunisie





-Son Excellence Monsieur Ban KI-MOON

Secrétaire Général Organisation des Nations Unies

New York - Etats-Unis



-Son Excellence Monsieur Koïchiro MATSUURA

Directeur Général de l’Unesco

Paris - France




Source:
Mauritanies 1

Samedi 24 Octobre 2009
Boolumbal Boolumbal
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