Fin de la grève à la SNIM : Ouf de soulagement général



Après plus de deux mois d’arrêt presque complet de travail, les travailleurs de la société minière nationale ont signé un accord, la semaine dernière, avec leur employeur, la SNIM, qui met fin à la plus longue grève de l’histoire de l’entreprise.
Quoique bancal, cet accord est salué par toutes les parties prenantes et par toute l’opinion publique, tant la situation devenait de plus en plus insupportable et pouvait exploser à tout moment.

Les négociations entre la SNIM et les représentants de ses travailleurs doivent être ouvertes demain, jeudi. L’accord, réalisé en fin de semaine dernière au forceps suite à l’intervention du maire de Zouerate et ami du président, Cheikh Ould Baya, accorde quelques avantages pécuniaires aux grévistes contre leur retour au boulot avant l’ouverture des fameuses négociations entre la direction de l’entreprise et les délégués des travailleurs. Le point même qui avait provoqué le déclenchement du mouvement de grève.

A l’époque, la direction de la SNIM avait refusé catégoriquement l’ouverture de négociations sur l’accord d’augmentation ‘’substantielle’’ de salaires qu’elle avait conclue avec ses employés en avril 2014 et qu’elle tenait à ne plus respecter, prétextant la chute des cours du minerai de fer sur le marché international.

Pourtant si la SNIM, au lieu de la fuite en avant et à l’intransigeance sans motif face aux doléances des grévistes, avait adopté une autre méthode plus douce et plus ouverte, la grève n’aurait probablement pas été décrétée.

Mais l’ADG de l’entreprise paraissait intraitable sur la question des négociations et avait opté dès le départ du mouvement pour la fermeté et le refus catégorique de dialogue. Ainsi s’est-il allé trop vite sur la voie des sanctions, en renvoyant des dizaines de grévistes de leur boulot.

Des mesures qui ont tourné au bras de fer avec les grévistes qui, au-delà de la réalisation de leurs revendications salariales, défendaient leur honneur bafoué par une direction qui tenait à les ‘’humilier’’, explique un syndicaliste qui soutenait avec ferveur le mouvement.

Mais est-ce que réellement l’ADG de la SNIM est si puissant pour décider, seul, de l’avenir de l’entreprise ? Certainement pas. La SNIM, véritable vache à lait de l’actuel pouvoir, est suivie de très près par le rectificateur en chef, le président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Celui-ci la faisait intervenir dans des secteurs particulièrement très éloignés de son champ d’action. On la voyait acheter, rubis sur ongle, des avions à la nouvelle société aérienne, régler des commandes de blé et, surtout, prêter quinze milliards ouguiyas à une entreprise privée qui peinait à réaliser le fameux projet du nouvel aéroport de Nouakchott.

Tout cela reflète l’importance de l’entreprise minière pour le chef de l’Etat, que certains estiment être même le véritable gérant de la boite. D’ailleurs cela est d’autant plus vrai que lors d’un passage récent à Zouerate Aziz avait réuni les travailleurs de l’entreprise pour les entretenir sur les difficultés auxquelles est confrontée la société à cause de la chute des cours du fer sur le marché international.

Une manière comme une autre de faire appel à leur sens du ‘’sacrifice’’ et de les dissuader d’exiger l’application de l’accord d’augmentation des salaires signé quelques mois auparavant entre la SNIM et les délégués de son personnel.

Même si cette intervention au plus haut niveau n’a semble-t-il pas véritablement ému les travailleurs de l’entreprise minière qui persistent à réclamer leur part de la croissance qui s’est étalée sur presque une décennie, elle réconforte l’ADG qui ne répond qu’au chef de l’état. Aucun autre membre du gouvernement, fut-il le premier ministre, ne pouvait se hasarder à intervenir dans ce domaine réservé.

C’est certainement ce qui explique l’intransigeance du patron de la SNIM, un ancien employé de la boite renvoyé pour malversation et devenu, à la faveur de la rectification, son chef. Il a certainement des comptes à régler avec certains de ses hauts cadres. Ce qu’il a effectivement fait.

Mais delà à dire qu’il est autonome dans la gestion d’un conflit grave tel que la grève très suivie des travailleurs, c’est vraiment ne pas connaitre les règles de fonctionnement au sein du pouvoir de la rectification.

Lorsque le président a décidé de résoudre le problème, il l’a confié à l’un des ses hommes : le maire de Zouerate. Ce qui doit faire trembler l’ADG de la SNIM qui risque fort de payer les frais de la longue grève au sein de la société minière.

Surtout que le fer a chuté ces derniers jours (47 dollars la tonne) à un niveau qui ne couvre plus les charges de l’exploitation évaluées à 49 dollars la tonne. Une nouvelle réalité qui risque de plonger la SNIM dans une autre précarité qui ne saurait ne pas impacter sur les engagements de la société minière. Y compris celui pris en faveur de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs.

Mohamed Mahmoud Ould Targui

Source: http://www.rmibiladi.com

Jeudi 9 Avril 2015
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