Et si les otages espagnols sont en Mauritanie ?



Et si les otages espagnols sont en Mauritanie ?
Les trois otages espagnols, enlevés fin novembre 2009 sur la route Nouadhibou - Nouakchott, font toujours parler d’eux sans qu’on puisse savoir vraiment là où ils se trouvent exactement. Certaines sources algériennes citées par la presse continuent d’évoquer la possibilité qu’ils soient toujours gardés en Mauritanie. Une hypothèse qui, si elle se confirme, va certainement jeter à l’eau, toutes les certitudes par rapport au sort de ces trois humanitaires. L’information a déjà été publiée, une première fois, par le journal algérien Al Khabar, généralement très bien informé sur l’actualité des mouvements islamistes jihadistes. Le voilà revenir de nouveau à la charge pour évoquer la possibilité que les otages espagnols n’aient jamais quitté le territoire mauritanien. Ou bien qu’ils ne soient pas, au moins, gardés dans nord du Mali, comme le suppose tout le monde. Il ne s’agit pas d’une confidence faite à un organe de presse, ni d’une information sûre. Il s’agirait tout simplement d’une hypothèse, fruit d’une analyse qui estime que ceux qui détiennent les malheureux espagnols n’ont jamais présenté la moindre preuve sur leur vie. Pas la moindre photo de ces otages, comme cela a été le cas pour les otages italiens qui seraient tombés dans les mains de Abd Al Hamid Abou Zeyd qui a diffusé leurs photos, assis en captivité et sous la menace des armes de leurs géôliers. Ce film a été diffusé par la chaine Al Arabiya et a été authentifié par plusieurs sources. Pour ce qui est des espagnols, il n’y a pas toujours de preuves pareilles dans aucun organe de presse, ce qui pousse certains analystes à dire que cette absence d’images serait due au fait qu’ils ne se trouveraient pas dans une zone de sécurité pour leurs ravisseurs. Sur la base de cela, ils pourraient être restés, dit-on, en Mauritanie.
Cette thèse ne semble pas convaincre beaucoup de monde. Il y a d’abord le fait que certains services occidentaux – particulièrement les américains - qui se sont spécialisés dans la traque des sites des organisations terroristes avaient, dès le départ, authentifié la revendication selon laquelle les trois espagnols seraient détenus au nord du Mali. Mais la différence entre les deux hypothèses se rapporte essentiellement à l’identité du ravisseur.
Selon toute vraisemblance, les otages espagnols auraient été enlevés par l’émir du Sahara, Moctar Bel Moctar, alias Bellaouar. Un ancien chef terroriste en semi retraite et qui bénéficierait de l’allégeance de nombreuses cellules dormantes en Mauritanie. Cet homme est présenté comme étant un chef de guerre très expérimenté dans les opérations de prise d’otages dans le Sahel. Fort donc d’un grand savoir faire en la matière, Bellouar aurait fait exprès de maintenir le black out total autour des otages pour que le moindre effort qu’il fera dans les négociations par rapport à l’état des otages soit comptabilisé pendant les négociations et fortement rémunéré. Cette manière de faire peut bien expliquer, à elle seule, le silence observé par rapport aux otages espagnols au moment où tous les autres ravisseurs agissaient autrement et avaient présenté des preuves de vie des européens qu’ils avaient enlevés en Mauritanie et au Mali.
Enfin, il y a les contacts qu’avait déjà pris le gouvernement espagnol avec les ravisseurs à travers des notables maliens qui ont pu rencontrer les terroristes et apporter leurs doléances et l’état de santé des otages dont l’un d’eux souffrait d’une blessure et avait besoin de médicaments que les autorités espagnols auraient dépêchés via le même chemin.
De toute les façons, la question des otages européens tombés entre les mains d’Al Qaeda au Maghreb islamique est très complexe et suscite l’intérêt d’un grand nombre de pays qui veillent au grain et qui ont déjà entrepris beaucoup de mesures allant toutes dans le sens de l’objectif final : la libération des otages.

Un prix fort

Les déclarations officielles provenant des gouvernements européens évoquent la nécessité de rester ferme par rapport à la question des rançons et des autres exigences demandées par les ravisseurs. Toutefois derrière la fermeté affichée, se cache la fébrilité et le pragmatisme. Il n’est pas nouveau que les gouvernements n’acceptent pas de dire publiquement qu’ils ont cédé à ce qu’ils présentent comme ‘‘un chantage’’des malfaiteurs. Mais dans la réalité, ils le font tous, à part peut être, la Grande Bretagne dont l’un de ses citoyens a été exécuté l’année dernière par ses ravisseurs qui se réclament d’AQMI.
Le problème des six otages européens enlevés en fin d’année dernière en Mauritanie et au Mali n’est pas censé déroger à la règle. On parle déjà de pourparlers indirects et d’exigences des ravisseurs qui auraient été en train d’être satisfaits. Dans ce cadre, on évoque le cas de Abdou Ould Habib, un mauritanien interpellé au Sénégal pour trafic d’armes et qui a été élargi par les autorités sénégalaises qui lui ont permis de traverser la frontière malienne à partir de Kayes.
Au Burkina, la libération de deux Jihadistes confirmés (un nigérien et un malien) rentrerait dans la même logique.
En contre partie, l’épouse de l’italien Sergio Cicala devrait être libérée incessamment. Et lui-même, quelque temps après.
Il reste le cas du français capturé au Mali et dont les ravisseurs réclament la libération de quatre militants du mouvement salafistes emprisonnés au Mali, dont deux mauritaniens.
En Mauritanie, il y a du nouveau dans ce dossier : la possibilité d’ouvrir le dialogue avec les militants du Jihad en prison depuis 2007 et 2008 et l’éventualité de leur libération. Cette dernière mesure entend satisfaire une partie des exigences des ravisseurs des otages espagnols.
Quoi qu’il en soit, la question des Islamistes et de leurs otages continuent de capter l’attention des gouvernements concernés. Cependant, une évolution rapide et spectaculaire de ce dossier n’est pas à exclure. On travaille dans beaucoup de directions et aucune hypothèse, quelque soit sa
nature, ne peut être écartée.
Ould Bladi

Source
: Biladi

Vendredi 15 Janvier 2010
Boolumbal Boolumbal
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