Envoi de fonds de la diaspora mauritanienne établis à l’étranger : Les circuits informels, préférence des migrants



Envoi de fonds de la diaspora mauritanienne établis à l’étranger : Les circuits informels, préférence des migrants

Transférer de l’argent en Mauritanie à partir de l’étranger est un casse-tête pour la diaspora mauritanienne établie à l’étranger. Et pour cause, les migrants mauritaniens ont un choix réduit à faire pour leur envoi d’argent. Il n’existe en Mauritanie que Western Union et Money Gram. Deux sociétés spécialisées dans le transfert international d’argent à travers le monde.

Ces deux sociétés détiennent un quasi-monopole sur le marché des envois de fonds des migrants. Le hic est que les coûts de transfert par ces sociétés sont prohibitifs du fait qu’elles imposent des taxes pouvant aller jusqu’à 20 % du montant à envoyer. Or ces coûts prohibitifs ont détourné les migrants mauritaniens établis un peu partout à l’étranger, vers les circuits informels qui foisonnent dans le pays.

En effet, partout à Nouakchott et à l’intérieur du pays, ces circuits informels ont pignon sur rue. Il est dix heures à la gare routière de Kaédi, Sélibaby, Boghé située juste à l’est du marché « Socim).

Là, les hauts parleurs crépitent annonçant çà et là, qu’ils envoient de l’argent en plus d’être une boutique de marchandise, de portables téléphones, de vente de cartes de recharges et de transfert de crédit téléphoniques. Plusieurs commerces alignés de part et d’autre le long de la route font le même business. Nous nous introduisons dans l’une d’elle. Après le salamalec d’usage, le gérant dit s’appeler Mohamed Ould Ivikou, un ancien migrant au Congo, en RDC et en Côte d’Ivoire.

La problématique des envois de fonds, il connaît pour avoir été confronté à cela à une période donnée. « Je n’ai pas confiance au système d’envoi d’argent en Mauritanie » dit-il. Parce qu’il y a trop de tracasseries à l’arrivée pour percevoir cet argent au-delà du coût prohibitif. C’est la raison pour laquelle Ould Ivikou, la quarantaine révolue, s’est décidé à se tourner vers l’activité d’envois de fonds.

Mine de rien, cette activité lui rapporte gros. Mais Ould Ivikou ne veut rien dire sur la manne qu’il brasse quotidiennement. Tout juste accepte t-il de lever un coin du voile. Il lui arrive d’envoyer des fonds par le biais de ses succursales informelles à l’intérieur du pays, variant entre 7 et 500.000 ouguiyas (environ entre 20 et 1200 Euros). Les Taxes varient selon les montants, dit-il. Hormis la taxe, l’expéditeur et le destinataire ne sont soumis à aucune contrainte supplémentaire.

Tout est basé sur la confiance et cela marche bien en Mauritanie. Il suffit pour le destinataire d’avoir sa carte d’identité et le tour est joué à quelles minutes près de l’envoi. « Vraiment c’est pratique » a lancé heureuse Salamata Gassama, qui vient de percevoir un envoi de 105.000 ouguiyas il y’a à peine quelques 15 minutes. « J’avais peur de ma retrouver en face d’escrocs mais en vérité ces gens sont honnêtes et bien organisés en plus de la courtoisie dont ils font montre.

L’autre facteur expliquant la prévalence des circuits informels, c’est le manque d’agressivité des banques mauritaniennes sur le segment des transferts de la diaspora. Elles se contentent en général de jouer le rôle d’intermédiaires et de partenaires obligés des sociétés de transfert d’argent que sont Western Union et Money Gram.

Au Maroc, en Algérie et en Tunisie, les banques ont , par contre, réalisé des efforts importants sur le chemin du développement de services de transfert d’argent et de produits d’épargne et d’investissements dédiés aux migrants. Le Maroc, où la «bi-bancarisation» (bancarisation des migrants dans leur pays de résidence et dans leur pays d’origine) est largement développée, offre l’exemple le plus achevé de ce processus.

Les Marocains résidents à l’étranger détiennent plus de 20% du total des dépôts des banques marocaines. Celles-ci proposent également aux MRE des produits d’investissement comme les OPCVM. Flairant le bon coup, certaines banques tunisiennes, dont la Banque Internationale Arabe de Tunisie et Attijari Bank, s’inscrivent dans la même démarche. Il n’y a que la Mauritanie, parmi ces pays du Maghreb, qui traîne les pieds trahissant ainsi le manque d’une politique réelle de migration.

Moussa Diop



Source : Le Quotidien de Nouakchott

Mardi 26 Février 2013
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