Djéwol se dote d’un centre de santé flambant neuf: Les émigrés jouent leur partition



Djéwol se dote d’un centre de santé flambant neuf: Les émigrés jouent leur partition
Mardi 3 novembre dernier, la commune de Djéwol, situé à dix-huit kilomètres au sud-est de Kaédi, au Gorgol, a été le point de ralliement de tout le gratin politique, économique et social de la région. Ce fut une grande mobilisation. Les populations de cette commune rurale et des onze localités relevant de la municipalité et une brochette d’officiels ont fêté, avec tambours et trompettes, l’inauguration de trois projets de grande dimension, dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la jeunesse. Après le somptueux accueil des délégations, le lundi, les festivités se sont poursuivies avec des manifestations folkloriques retraçant l’histoire et les traditions de la localité. Ainsi, tous les corps de métiers, des potiers (Maboubé) aux griots, en passant par les forgerons, ont tenu à donner, à l’événement, un cachet particulier. Les villages Peulh ont mis en scène le Mbaye Dialala, l’Ouro et le Nyaroo baali, où les bêtes des jeunes éleveurs font partie du spectacle. Les danseurs des Wango, Rippo et Yaka ont, de leur côté, magistralement, exécuté des mouvements d’ensemble. Djéwol s’est, ainsi, drapé de ses beaux atours.

D’un coût de 350.000 euros, soit 120 millions d’UM, le centre de santé, classé de catégorie A, selon l’indice du Ministère de la Santé, est doté d’équipements performants. Il est composé, entre autres, de bureaux de consultation, d'une pharmacie, d'un laboratoire, d'un cabinet de soin dentaire et d'une PMI.
Il offrira, aux 20.000 habitants des onze localités constituant l’arrondissement des soins de «qualité». Les travaux ont été réalisés en deux étapes. Il a fallu, tout d’abord, démolir l’ancien bâtiment et procéder à sa reconstruction. On a aménagé les réseaux d’adduction d’eau et d’alimentation électrique, édifié, en sus, un local technique pour le générateur d’électricité et réhabilité les sanitaires. Dans un second temps, ce fut la construction du hangar, la réhabilitation de l’ancien bâtiment de la PMI, de la clôture et, enfin, l’édification du bloc d’hospitalisation. Le centre a été équipé en matériel médical – chaise dentaire et matériel de laboratoire, notamment. Les lieux disposent, désormais, d’un incinérateur de déchets médicaux et sont autonomes en eau et en électricité. Le tout sera, prochainement, doté d’une ambulance.
Importantes réalisations
Le gouverneur adjoint du Gorgol, accompagné du préfet, du maire de Kaédi et des autorités sanitaires de la région, a supervisé la cérémonie d’inauguration de ces trois importantes réalisations, en présence de l’adjoint au maire de Noisy-le-Sec (France), des membres du comité de jumelage, ceux de l’ONG Agir ABCD, avec Mohamed Mody Camara, ancien ministre de la Santé et délégué de cette ONG en Mauritanie, des pontes de la scène politique locale – Kane Abdoul Wahab, Doro Sow, N’Gaïndé Alassane, en particulier – ainsi que des cadres et des élus de Djéwol. Ce fut une grande fête, riche en couleurs. Sur les banderoles, des slogans magnifiaient l’apport des immigrés, les bienfaits de la coopération décentralisée, à travers le jumelage. Les chants des griottes et des communicateurs traditionnels saluaient l’action des membres de la diaspora, éparpillés entre les USA et l’Europe. Soucieux de l’amélioration des conditions sociales, économiques et éducatives, dans le développement harmonieux de leur commune, les émigrés ont à leur actif, un ensemble de diverses réalisations, fort importantes, chacune en son domaine respectif.

Le centre médical va palier au manque d’infrastructures dans cette zone rurale, et permettre, aux femmes enceintes qui éprouvaient de grandes difficultés à bénéficier de consultations prénatales, de disposer d’un efficace soutien à proximité de chez elles. Mademoiselle Roghaya Diawara, sage-femme diplômée d’Etat, affectée nouvellement à ce centre, chiffre à 30 accouchements par mois, en moyenne, l’activité du service-maternité. D’ailleurs, à l’instant même où l’on inaugurait l’établissement, Dieynaba Mawdo Sall mettait au monde un beau garçon qui se porte à merveille, nous assure-t-on. Le docteur Francis Clarissou, médecin jeune retraité, qui a supervisé les travaux du projet, précise que le centre sera un premier point de relais, dans l’administration des soins aux patients. «Un bel outil de développement», s’est-il réjoui, «qui permettra de combler de nombreuses lacunes. Il reste à le pourvoir d’un personnel qualifié.»
Djéwol et ses environs connaissent, à l’image du Gorgol, une morbidité et une mortalité, tant infantiles que maternelles, élevées, une incidence importante de pathologies infectieuses, avec le paludisme, les pneumonies, la tuberculose, les diarrhées aiguës, les MST et les pathologies ophtalmologiques, notamment; les anémies chroniques, chez les enfants, relevant, le plus souvent, de la malnutrition.
Premier intervenant, l’édile de Djéwol, Ba Abdoulaye Moussa s’est félicité de la réalisation de ces ouvrages qui vont permettre une «amélioration du cadre et des conditions de vie des populations les plus vulnérables, celles des zones à haut risque, celles plus gravement exposées à la maladie, à l’ignorance et à la faim». Il a manifesté la détermination de son équipe à œuvrer, de toutes ses forces, «pour faire, de nos communes rurales, des centres d’attraction, des piliers de développement, qui assurent l’apprentissage des valeurs démocratiques, des droits et devoirs citoyens. […] La réalisation de ce nouveau centre de santé est, tout à la fois : le symbole d’une volonté, de valeurs et d’objectifs partagés, entre deux communes, l’une du Nord, Noisy-le-Sec, et l’autre du Sud, Djéwol. Un bel exemple de solidarité, qui s’inscrit dans le cadre des priorités du gouvernement en la matière, pour l’atteinte des objectifs du Millénaire pour le développement». C’est, ajoute-il, une « réponse aux attentes et besoins vitaux de nos populations, qui met en relation divers partenaires, et, en cohérence, le développement participatif communautaire et le développement communal».
Ba Abdoulaye Moussa a exprimé, à ses partenaires français, les «profonds sentiments de gratitude et d’amitié des habitants de sa commune, pour les énormes sacrifices consentis en leur faveur». Ba a, également, renouvelé toute sa considération, sa fierté et ses fraternels remerciements à tous les Djéolois, regroupés dans des associations de solidarité développement qui ont soutenu, de manière constante, le développement local, par des appuis substantiels. «Le centre de Djéwol nous confère», assure l’édile, «des obligations: celle portant sur une bonne et transparente gestion, participative, des équipements et des infrastructures. Mais, aussi, celle visant le renforcement des capacités des personnels de soutien, en charge de la maintenance, de la propreté et de l’hygiène des lieux. La commune ne ménagera aucun effort pour répondre aux attentes des populations, des partenaires et des pouvoirs publics.»
Amélioration du bien être des populations
Quant au premier adjoint au maire de Noisy-le-Sec, Jean Paul Lefebvre, il a exprimé la volonté de sa commune à poursuivre un jumelage qui date de plus de 20 ans, régulièrement réaffirmé par les différentes équipes municipales. Après avoir salué la mémoire de Diarra Samba, ancien maire de Djéwol et Roger Bouillet, ancien édile de Noisy-le-Sec, tous deux décédés, il a affirmé que la réalisation du centre résulte de «la prise de conscience des autorités municipales de sa commune sur la nécessité d'aider au développement du Sud, afin de permettre à ses populations de trouver des conditions de vie décente, en favorisant le développement durable. […] Ce centre va soulager sensiblement, l’hôpital de Kaédi, soumis à de très fortes pressions». Le premier adjoint a laissé entendre qu’il s’agit, là, d’une «réalisation unique», en Mauritanie, et annoncé sa prochaine dotation en véhicules, avant de convier les bénéficiaires à l’impératif de maintenance et à la «bonne tenue» de l’ouvrage. Il a également attiré l'attention sur le fait que Noisy-le-Sec n'épargnera aucun effort pour apporter son concours au développement de la commune de Djéwol. Jean-Pierre Solna, représentant de l’ONG «Agir ABCD», une association regroupant des retraités bénévoles, a estimé, quant à lui, que le centre de santé constitue un «bel exemple» de coopération et une œuvre d’ «importance majeure».
Abou Touré, président de l’association des ressortissants de Djéwol à Nouakchott, a salué, au nom des populations locales, «ces actions éminemment louables», tout comme les journées médicales organisées, annuellement, par les ressortissants de Gory, régulièrement couvertes par Le Calame, qui «auront», souligne-t-il, «des incidences positives sur le développement local». Il a salué le rôle avant-gardiste des pionniers, notamment El Hadj N’Gaïndé et Ba Mahmoud et des émigrés, qui, au péril de leur vie, participe à l’essor de leur localité. La présidente de l’ONG «Yaakaare Debbo», madame Maïmouna Niang, s’est félicitée de ces initiatives qui concourent à l’amélioration du bien être des populations. Cette ONG a édifié une case des tout-petits (jardin d’enfants) regroupant trois sections de 80 pensionnaires. Bien évidemment, les initiateurs de la manifestation ont jugé bon de «renouveler leur attachement» aux maîtres du moment et aux actions entreprises.
Après avoir visité le centre de santé flambant neuf, les officiels se sont rendus au collège. L’extension du collège de Djéwol, entamé en 2006, d’un coût de 13.470.600 ouguiyas, a permis la construction de trois salles de classe et l’édification d’une clôture, toujours avec le soutien du comité de jumelage de Noisy-le-Sec. L’établissement a été équipé en table-bancs, à raison de 20 tables, d’un bureau et d’une chaise par classe. Les officiels se sont, enfin, rendus à la maison des jeunes dont les travaux commencés en 2006 viennent de s’achever. D’un coût de 4.100.000 UM, l’ouvrage a été financé, en 2004, lui aussi par le comité de jumelage de Noisy-le-Sec.
Notant, par ailleurs, que, dans un cadre beaucoup plus global, l’Association des Mauritaniens du Gorgol Résidant en France (AMGRF), compte organiser, en 2010, une caravane de santé au Gorgol.

THIAM MAMADOU
Envoyé Spécial à Djéwol

Encadré
Une fédération au service du développement

«Dental Pelle» (Regroupement des associations) est une fédération d’associations déoloises, en Europe et aux USA, dont le but est de faciliter la mise en œuvre de projets pour Djéwol. Cette association est dirigée par un bureau fédéral, élu par un conseil d’administration, représentant, à égalité, toutes les associations-membres. Les premières initiatives, entamées en 1999, se sont concrétisées par un échange de délégations, entre 2003 et 2006. L’approbation des textes fondateurs, par l’assemblée générale de l’ARDI (Italie), le 7 janvier 2006, et par l’ARD, le 14 de la même année, ont permis la fondation officielle de la fédération. Actuellement, quatre associations en sont membres : ARDI (Italie), ARDF (France), Baamtaare (USA), ARDE (Espagne). Cette fédération est dirigée par Sy Mamadou Samba, ancien directeur du journal Chaab, jusqu’en 1990.
Tous les projets de développement ont été rendus possibles grâce aux soutiens de la commune de Djéwol, des mutuelles de ressortissants de Djéwol en Mauritanie, la commune de Noisy-le-Sec, le comité de jumelage de Noisy le Sec et l’ONG AGIR ABCD.

Source: Calame

Jeudi 12 Novembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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