Dialogue national : Panne au moteur …



La rencontre tant attendue entre une délégation représentant le pouvoir et une autre représentant l’opposition, première étape du dialogue national, a été reportée sine die. Le pouvoir se serait offusqué, à la dernière minute, du niveau de représentation de l’opposition. Depuis, on ne parle plus de cette perspective de dialogue qui paraissait gêner chacune des deux parties.

Dialogue national. Une belle affiche qui a marqué l’actualité du pays tout au long des derniers mois. Et qui a malheureusement pris un sérieux coup, la semaine dernière, qui risque fort de la compromettre définitivement.

Chacun des deux camps, majorité présidentielle et opposition, a désigné l’équipe qui devrait parler en son nom. La délégation de la majorité comprenait l’ancien premier ministre et actuel ministre secrétaire général de la présidence, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.

Un homme de confiance, dit-on, du président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. Il devrait être accompagné de deux autres personnalités haut-en-couleur du camp présidentiel : le président de l’UPR, le parti-état, Sidi Mohamed Ould Maham ; et le président du parti Vadila et président des partis de la majorité présidentielle : Ethmane Ould Cheikh Abi Maaly.

Du côté de l’opposition, la délégation comprenait : Mahfoudh Ould Bettah, longtemps bâtonnier de l’ordre des avocats, ancien ministre de la transition (2005-2007), président du parti de la Convergence démocratique et président du pôle politique au sein du FNDU (Forum national pour la démocratie et l’unité); Ahmed Salem Ould Bouhoubeyni, ancien bâtonnier, représentant du pôle des personnalités indépendantes ; Samoury Ould Beye, patron de la centrale syndicale CLTM, représentant des syndicats membres du FNDU ; Sarr Mamadou, président du FONAD et représentant de la société civile, autre composante du FNDU.

Ce beau monde, de la majorité présidentielle et de l’opposition, devrait se rencontrer jeudi dernier, 2 avril, au palais des Congrès à Nouakchott. La délégation du FNDU devrait remettre sa réponse au document qui lui a été remis par le premier ministre en personne et qui porte les dossiers autour desquels devrait tourner le dialogue, tel perçu par le pouvoir. Un fourre-tout où il y a presque tous les sujets, même les plus sensibles.

A la dernière minute, cette rencontre attendue par tout le monde, a été tout simplement annulée par le pouvoir qui n’a pas expliqué ouvertement les raisons qui l’ont poussé à faire cela. Mais celle-ci a été tout de même communiquée à une certaine presse. C’est apparemment le niveau de représentation, explique-t-on, qui aurait offusqué le camp du pouvoir. Une explication qui, à priori, parait pertinente, pour certains, mais qui, dans la réalité, cache d’autres raisons inavouées et, peut être même, inavouables.

Du côté de l’opposition, celle-ci, note-t-on, ne s’est même pas encore réunie pour évaluer la situation. Interrogé par Biladi, l’un de ses dirigeants explique que la balle se trouve dans le camp du pouvoir et que le FNDU est toujours ouvert à un dialogue ‘’sincère’’ avec le pouvoir. Une perspective qui a peu de chance d’aboutir, tant la confiance entre les deux parties est sérieusement entamée et l’opportunité d’un dialogue national sérieux est quasi inéxistante.

Juste un slogan…

Chaque camp politique adopte le dialogue comme slogan pour orner le discours et, surtout, pour accuser l’autre de le fuir et de le rejeter. Une position qui n’est pas particulièrement chère à une grande partie de l’opposition.

Pourtant au niveau du FNDU, le document stratégique, dont l’élaboration a pris plusieurs mois de l’année 2014 et qui a profité de l’unanimité des membres du Forum, présente le dialogue comme étant la meilleure perspective de sortie de crise pour le pays. Mais si on leur pose la question, on lâche que Mohamed Ould Abdel Aziz n’est pas un partenaire fiable, parce qu’il ne respecte pas ses engagements. Avec qui veulent-ils, donc, négocier ?

Du côté de la majorité, ils sont légions les personnalités hostiles à toute perspective de dialogue avec l’opposition. Elles ne s’y opposent pas ouvertement, mais certaines expliquent qu’elles s’étaient endettées pour les besoins de la campagne des dernières législatives et qu’elles n’ont pas encore récupéré ce qu’elles ont dépensé. Au cours de la rencontre des élus de la majorité avec le président, certains n’ont pas caché cela au chef.

D’autres au sein de cette majorité ne veulent tout simplement pas d’une scène politique apaisée, ce qui mettrait fin à leurs services pour un pouvoir qui n’aurait plus un complexe de légitimé à entretenir.

Mais quelle que soit l’attitude des uns et des autres par rapport au dialogue, c’est uniquement l’avis du président Aziz qui compte. C’est lui seul qui dispose des instruments nécessaires pour faire échouer ou réussir le dialogue.

Selon ses détracteurs, son appel au dialogue n’était qu’une manœuvre pour se perpétuer au pouvoir à travers la mise en place d’un régime parlementaire. Lorsqu’il a compris que sa manœuvre a été dévoilée, le dialogue ne l’intéresse plus.

C’est peut être vrai, l’homme est pragmatique et aime bien, comme tous les autres, conserver le pouvoir. Mais ce que les gens ne semblent pas comprendre est que le dialogue, avec lequel le pouvoir a meublé ces derniers mois, pourrait être juste un autre projet de la rectification. Ceux-ci finissent , n’est-ce pas, souvent , en queue de poisson. Ou jamais.

AVT

Source: http://www.rmibiladi.com

Jeudi 9 Avril 2015
Boolumbal Boolumbal
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