
Quelle démocratie pour la Mauritanie ? La question reste posée, même si la Mauritanie a réussi, miraculeusement, à éviter les massacres de populations qui ébranlent aujourd'hui les assises du pouvoir militaire en Guinée, pays dont les putschistes disent avoir été (mal) inspirés par les généraux mauritaniens.Les Mauritaniens ont certes réussi à franchi une étape quand, ils ont passé le cap de la crise qui a failli déboucher sur une confrontation directe entre le Pouvoir des militaires et son opposition mais le danger revient avec le réveil de nouveaux démons.
La question revêt, cette fois-ci, le cachet économique. Une veille histoire de montants distribués par l'ancien président Taya à certains de ses soutiens qui, eux, parlent plutôt de subventions, ravive les tensions. Chasse aux sorcières, crient les partis de l'opposition, lutte contre la gabegie, rétorquent ceux qui soutiennent mordicus la sortie du néant de la " Mauritanie nouvelle " du président Aziz.
Disons, de prime à bord, qu'il est désolant de constater que les intellectuels mauritaniens soient aux avant-postes, aujourd'hui comme hier, de toutes les dérives du pouvoir. Ils planifient, exécutent et justifient les errements politiques, économiques et sociaux de gouvernants qui ne pensent qu'à eux-mêmes. La " réparation " opérée en Mauritanie grâce aux Accords de Dakar n'a apparemment pas servi à nous faire appréhender la nature du danger qui nous guette. Ce n'est pas le fait d'avoir rendu possible l'élection du 18 juillet 2009 qui constitue en soi le sauvetage de la démocratie mais la capacité de tirer la leçon de nos erreurs pour envisager l'avenir avec sérénité. Ceux qui refusent de regarder notre pays tel qu'il est et veulent lui faire porter une camisole de force qui s'adapte au mode dominant de raisonnement risquent de buter sur cette évidence : La démocratie à l'occidentale doit tenir compte de paramètres locaux évidents, comme partout en Afrique. Elle ne peut ignorer la composition sociale du pays, le rôle prépondérant des considérations économiques sur les idéaux politiques et la nécessité de préserver l'unité de la Mauritanie en tenant compte de réquisits qui sont loin d'être de simples préjugés. On ne nous fera pas croire que les Mauritaniens simples n'ont que très peu contribué à la définition de ce qui est aujourd'hui le pays de chacun d'eux. La prédominance de la tribu, la répartition tacite du pouvoir en fonction du " poids " électoral des régions et l'adaptation de tout discours politique à la demande sociale du moment répondent à une exigence électoraliste que personne n'ose avouer mais dont la pesanteur justifie bien des choses.
En fait, il serait intéressant de penser la démocratie mauritanienne en fonction du degré de compréhension de ce concept chez les populations mais aussi du rapport qu'elles entretiennent avec l'Etat. Tous les régimes qui se sont succédés dans le pays sont d'accord sur une chose : rien ne peut se faire sans les tribus ! Une donne d'une évidence telle que même la liste des participants aux fameux Etats généraux sur la " démocratie " de décembre 2008 faisait la part belle à ces entités pourtant fustigées et dénoncées dans le discours officiel des plus hauts responsables du pays ! Première fausse note d'un débat qui ne faisait que commencé et qui se poursuit encore aujourd'hui quand on voit, derrière l'arrestation des hommes d'affaires Smacides, la volonté manifeste d'un président Oulad Bous'ba de faire passer devant ses cousins également bien implantés dans le commerce et les affaires ! Une telle lecture des faits doit carrément être démentie par l'application stricte de la loi. On ne peut parler de démocratie sans une séparation nette des pouvoirs (Exécutif, Législatif, Judiciaire). Que les parlementaires de la Majorité applaudissent à tout rompre les bonnes actions du gouvernement est dans le juste ordre des choses mais qu'ils défendent aveuglement ses erreurs quand celles-ci portent préjudice à la vie même du citoyen qu'ils sont censés représenter est une aberration.
Cette contradiction flagrante peut être également confortée par une simple recherche dans l'histoire des critiques officielles (venant de gouvernements) que se faisaient les anciens régimes pour moraliser ou limiter les excès dans les pratiques politiques en cours avant, pendant et après le coup d'Etat du 3 août 2005, référence " militaire " pour l'avènement de la démocratie en Mauritanie !
Ce qui empêche de comprendre que la Démocratie, c'est d'abord une entente entre partenaire sur des valeurs dont la justice, la moralité, l'équité, l'égalité, la liberté, l'indépendance sont au centre. La majorité azizienne et l'opposition feraient bien de comprendre cela. Hors, ce que nous vivons n'est qu'une domination de l'élite intellectuelle du pays sur des pauvres auxquels, très souvent, on ne fait qu'avaler des couleuvres. Au niveau actuel du rapport entre l'Etat et les citoyens, cette domination est maquillée par l'absence de répondant efficace à la propagande du pouvoir. Tout est mis sur le dos de disfonctionnements, " d'accumulations " d'erreurs du passé alors que les dirigeants actuels sont quand même au pouvoir - de fait - ou associés à sa gestion depuis le 3 août 2005 ! Comprendre cela, c'est se poser la question sur le temps que mettra l'homme fort du moment pour effectuer les réglages nécessaires, au niveau politique, sécuritaire et économique, pour qu'il assume totalement le pouvoir, avec ses acquis et ses erreurs. Car il est facile de toujours dégager sa responsabilité sur un " passé " qui, comme le mort, ne dissimule plus rien à ses ensevelisseurs.
La faute à l'Occident
Il est impossible d'étudier les démocraties africaines sans les placer dans le contexte international qui interfère directement sur le jeu politique national dans nos pays. Il faut voir le dynamisme et l'activisme des diplomates occidentaux dans nos pays à l'approche d'élections pour s'en convaincre. L'importance accordée par nos dirigeants à l'opinion internationale, c'est à dire celle des " pays amis " (amis du pouvoir en place), dont ils assurent pratiquement la survie financière, est plus essentielle que l'opinion publique nationale plus facile à étouffer ou à manipuler.
La majorité des dirigeants africains ont compris le jeu et cela avant leur intelligentsia qui continue à exiger le respect des valeurs démocratiques. Eux s'ingénient à bien les maquiller et ils y réussissent généralement bien. Il ne leur est demandé que d'arranger les formes et c'est ce qu'ils font. Aziz l'a compris, le 6/6, Dadis non.
Mais l'ancien général devenu président " démocratiquement élu " doit comprendre qu'aujourd'hui, le plus important est le calme pour que les investisseurs nationaux et internationaux puissent tranquillement faire des affaires. Pour que le pays soit considéré comme un " bon risque ", il faut non seulement consacrer du temps et de l'effort pour sécuriser les frontières mais également garantir au Capital la stabilité du marché et la justesse des mesures.
Le Général De Gaulle disait que les Etats n'ont pas d'amis mais des intérêts, mais aujourd'hui l'intérêt semble passer au dessus de la morale et de l'équité. La démocratie mauritanienne ne peut être forte que si les principes et les règles qui la sous-tendent sont consensuels.
Source: L'authentique
La question revêt, cette fois-ci, le cachet économique. Une veille histoire de montants distribués par l'ancien président Taya à certains de ses soutiens qui, eux, parlent plutôt de subventions, ravive les tensions. Chasse aux sorcières, crient les partis de l'opposition, lutte contre la gabegie, rétorquent ceux qui soutiennent mordicus la sortie du néant de la " Mauritanie nouvelle " du président Aziz.
Disons, de prime à bord, qu'il est désolant de constater que les intellectuels mauritaniens soient aux avant-postes, aujourd'hui comme hier, de toutes les dérives du pouvoir. Ils planifient, exécutent et justifient les errements politiques, économiques et sociaux de gouvernants qui ne pensent qu'à eux-mêmes. La " réparation " opérée en Mauritanie grâce aux Accords de Dakar n'a apparemment pas servi à nous faire appréhender la nature du danger qui nous guette. Ce n'est pas le fait d'avoir rendu possible l'élection du 18 juillet 2009 qui constitue en soi le sauvetage de la démocratie mais la capacité de tirer la leçon de nos erreurs pour envisager l'avenir avec sérénité. Ceux qui refusent de regarder notre pays tel qu'il est et veulent lui faire porter une camisole de force qui s'adapte au mode dominant de raisonnement risquent de buter sur cette évidence : La démocratie à l'occidentale doit tenir compte de paramètres locaux évidents, comme partout en Afrique. Elle ne peut ignorer la composition sociale du pays, le rôle prépondérant des considérations économiques sur les idéaux politiques et la nécessité de préserver l'unité de la Mauritanie en tenant compte de réquisits qui sont loin d'être de simples préjugés. On ne nous fera pas croire que les Mauritaniens simples n'ont que très peu contribué à la définition de ce qui est aujourd'hui le pays de chacun d'eux. La prédominance de la tribu, la répartition tacite du pouvoir en fonction du " poids " électoral des régions et l'adaptation de tout discours politique à la demande sociale du moment répondent à une exigence électoraliste que personne n'ose avouer mais dont la pesanteur justifie bien des choses.
En fait, il serait intéressant de penser la démocratie mauritanienne en fonction du degré de compréhension de ce concept chez les populations mais aussi du rapport qu'elles entretiennent avec l'Etat. Tous les régimes qui se sont succédés dans le pays sont d'accord sur une chose : rien ne peut se faire sans les tribus ! Une donne d'une évidence telle que même la liste des participants aux fameux Etats généraux sur la " démocratie " de décembre 2008 faisait la part belle à ces entités pourtant fustigées et dénoncées dans le discours officiel des plus hauts responsables du pays ! Première fausse note d'un débat qui ne faisait que commencé et qui se poursuit encore aujourd'hui quand on voit, derrière l'arrestation des hommes d'affaires Smacides, la volonté manifeste d'un président Oulad Bous'ba de faire passer devant ses cousins également bien implantés dans le commerce et les affaires ! Une telle lecture des faits doit carrément être démentie par l'application stricte de la loi. On ne peut parler de démocratie sans une séparation nette des pouvoirs (Exécutif, Législatif, Judiciaire). Que les parlementaires de la Majorité applaudissent à tout rompre les bonnes actions du gouvernement est dans le juste ordre des choses mais qu'ils défendent aveuglement ses erreurs quand celles-ci portent préjudice à la vie même du citoyen qu'ils sont censés représenter est une aberration.
Cette contradiction flagrante peut être également confortée par une simple recherche dans l'histoire des critiques officielles (venant de gouvernements) que se faisaient les anciens régimes pour moraliser ou limiter les excès dans les pratiques politiques en cours avant, pendant et après le coup d'Etat du 3 août 2005, référence " militaire " pour l'avènement de la démocratie en Mauritanie !
Ce qui empêche de comprendre que la Démocratie, c'est d'abord une entente entre partenaire sur des valeurs dont la justice, la moralité, l'équité, l'égalité, la liberté, l'indépendance sont au centre. La majorité azizienne et l'opposition feraient bien de comprendre cela. Hors, ce que nous vivons n'est qu'une domination de l'élite intellectuelle du pays sur des pauvres auxquels, très souvent, on ne fait qu'avaler des couleuvres. Au niveau actuel du rapport entre l'Etat et les citoyens, cette domination est maquillée par l'absence de répondant efficace à la propagande du pouvoir. Tout est mis sur le dos de disfonctionnements, " d'accumulations " d'erreurs du passé alors que les dirigeants actuels sont quand même au pouvoir - de fait - ou associés à sa gestion depuis le 3 août 2005 ! Comprendre cela, c'est se poser la question sur le temps que mettra l'homme fort du moment pour effectuer les réglages nécessaires, au niveau politique, sécuritaire et économique, pour qu'il assume totalement le pouvoir, avec ses acquis et ses erreurs. Car il est facile de toujours dégager sa responsabilité sur un " passé " qui, comme le mort, ne dissimule plus rien à ses ensevelisseurs.
La faute à l'Occident
Il est impossible d'étudier les démocraties africaines sans les placer dans le contexte international qui interfère directement sur le jeu politique national dans nos pays. Il faut voir le dynamisme et l'activisme des diplomates occidentaux dans nos pays à l'approche d'élections pour s'en convaincre. L'importance accordée par nos dirigeants à l'opinion internationale, c'est à dire celle des " pays amis " (amis du pouvoir en place), dont ils assurent pratiquement la survie financière, est plus essentielle que l'opinion publique nationale plus facile à étouffer ou à manipuler.
La majorité des dirigeants africains ont compris le jeu et cela avant leur intelligentsia qui continue à exiger le respect des valeurs démocratiques. Eux s'ingénient à bien les maquiller et ils y réussissent généralement bien. Il ne leur est demandé que d'arranger les formes et c'est ce qu'ils font. Aziz l'a compris, le 6/6, Dadis non.
Mais l'ancien général devenu président " démocratiquement élu " doit comprendre qu'aujourd'hui, le plus important est le calme pour que les investisseurs nationaux et internationaux puissent tranquillement faire des affaires. Pour que le pays soit considéré comme un " bon risque ", il faut non seulement consacrer du temps et de l'effort pour sécuriser les frontières mais également garantir au Capital la stabilité du marché et la justesse des mesures.
Le Général De Gaulle disait que les Etats n'ont pas d'amis mais des intérêts, mais aujourd'hui l'intérêt semble passer au dessus de la morale et de l'équité. La démocratie mauritanienne ne peut être forte que si les principes et les règles qui la sous-tendent sont consensuels.
Source: L'authentique