Contribution de Touche pas à ma nationalité (TPMN) au dialogue national



Contexte général

La crise multiforme que traverse notre pays exige un dialogue inclusif de l’ensemble des forces vives nationales, sans exclusive et sans tabous quant aux thématiques à aborder.

On ne peut dès lors que déplorer l’exclusion de fait de nombre d’organisations de la société civile dont les militants croupissent en prison pour leur opinion et leur engagement. Il s’agit pour ne pas les nommer des activistes de IRA Mauritanie et du Mouvement du 25 février notamment.

Le premier gage d’un dialogue véritablement sincère doit être la libération de ces prisonniers d’opinion. Il conviendra ensuite de procéder à la reconnaissance officielle des organisations de la société civile et des partis politiques en ayant fait la demande et de faire en sorte qu’aucune force vive du pays ne soit exclue des assises. C’est alors et seulement alors que les conditions d’un dialogue véritablement inclusif seront réunies. En attendant, les présentes assises, doivent constituer une première étape pour baliser le terrain et apaiser les tensions.

Quant aux thématiques à aborder, si les questions relatives à l’Etat de droit et à l’organisation des élections sont importantes, il est autrement plus urgent de discuter du contrat social qui doit régir la vie nationale en vue du règlement définitif des questions vitales de la cohabitation entre nos différentes communautés, de l’esclavage, du racisme et de l’exclusion. En effet, jamais nos différentes communautés n’ont été aussi divisées et repliées sur elles-mêmes.

Pour éviter à notre pays le péril d’une implosion, les autorités se doivent d’abord de se départir de leur attitude de déni vis-à-vis de ces questions cruciales. L’exclusion systématique des Noirs de Mauritanie est une réalité palpable dans l’ensemble des secteurs et des rouages de la vie nationale : pouvoir politique, forces armées et de sécurité, administration, justice, éducation, médias, etc. Pour corriger ce déséquilibre, Touche pas à ma nationalité propose entre autres :

A propos de l’Unité Nationale et de la cohésion sociale :

* L’inscription dans la constitution de la stricte égalité en dignité, en droits et en devoirs de l’ensemble de nos composantes et l’officialisation de toutes nos langues nationales.

* L’inscription dans la loi fondamentale de l’interdiction du trust par les membres d’une seule et même composante nationale des plus hauts postes de l’Etat dans le sens du rééquilibrage du pouvoir politique pour une meilleure représentativité de nos différentes communautés : le Président de la République, le Premier Ministre, le Président de l’Assemblée Nationale ne peuvent appartenir à une seule et même composante.

* L’ouverture du commandement des forces armées et de sécurité de sorte à refléter la diversité nationale.

* L’égal accès de l’ensemble de nos composantes nationales aux médias publics et privés.

* Une décentralisation allant dans le sens d’une administration de proximité issue des populations locales pour en finir définitivement avec l’administration de type colonial en vigueur notamment dans la vallée du fleuve.

* Le règlement définitif du passif humanitaire dans l’ensemble de ses dimensions et la fin de l’impunité.

* La reconnaissance effective de la persistance de l’esclavage et la mise en application de l’arsenal juridique en vigueur pour éradiquer définitivement ce phénomène.

* L’adoption d’un plan de discrimination positive en faveur des couches victimes de l’exclusion.

Préoccupations liées à l’enrôlement

Touche pas à ma nationalité qui se bat pour une citoyenneté pleine et entière de tous les Mauritaniens au-delà de leurs appartenances raciale, ethnique ou tribale, continue à dénoncer avec force le caractère raciste et discriminatoire de l’enrôlement vis-à-vis des Noirs de Mauritanie. Cette contestation, réprimée dans le sang, a connu son point d’orgue avec l’assassinat de Lamine Mangane à Maghama par des éléments de la gendarmerie le 27 septembre 2011. Aujourd’hui, cinq ans après, malgré la plainte déposée par la famille du défunt, aucune enquête n’a été diligentée pour situer les responsabilités de cette tragédie et en punir les coupables. Ce déni de justice doit être réparé.

Pour en revenir à l’enrôlement proprement dit, bon nombre de nos concitoyens sont devenus apatrides pour en avoir été exclus, avec toutes les conséquences que cela implique dans la vie de tous les jours. Beaucoup de nos concitoyens sont devenus des étrangers dans leur propre pays et la cible de contrôles aux faciès des forces de l’ordre dans les rues et ruelles de Nouakchott et de toutes nos grandes villes, parce qu’interdits des nouvelles pièces d’état-civil issues de l’enrôlement et soumis ainsi à des humiliations, des intimidations et des rackets incessants. A cela vient s’ajouter, la perspective de la déscolarisation pour des milliers d’enfants désormais exclus de l’école parce que leurs parents sont interdits d’enrôlement.

Ces graves dysfonctionnements de l’ANRPTS doivent être corrigés pour garantir l’accès de tous les citoyens du pays à l’enrôlement et donc aux nouvelles pièces d’état-civil pour l’exercice plein et entier de leur citoyenneté.

Pour cela, la composition des commissions chargées de superviser les opérations d’enrôlement doit être revue pour une meilleure représentativité de notre diversité, et le pouvoir conféré aux chefs de centre réduit. Il est symptomatique de constater aujourd’hui que chaque centre d’enrôlement fonctionne avec des règles qui lui sont propres et qui dépendent du bon vouloir et de l’humeur de son chef. Les centres installés dans la vallée du fleuve continuent d’exiger les mêmes documents, s’ils n’en rajoutent pas d’autres, que ceux requis au début des opérations d’enrôlement en novembre 2010, alors que l’étape actuelle prévoit plus de souplesse pour donner la chance à ceux de nos concitoyens en délicatesse avec l’état civil de pouvoir se faire enrôler. Cette souplesse est pourtant en vigueur dans les centres installés dans les autres parties du pays.

Touche pas à ma nationalité est disposé à accompagner ces améliorations des procédures et à intégrer les commissions de supervision de l’enrôlement à condition qu’elles soient motivées par une volonté politique certaine de ne laisser aucun Mauritanien devenir apatride.

Nouakchott, le 29 septembre 2016

Source : TPMN

Dimanche 20 Novembre 2016
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