Communautariser les injustices, c’est rendre service au système



Le concept de nation perd tout sens, dans la mesure où les dénonciations des injustices ne se font pas au nom de la République, de la patrie toute entière ; mais au nom de chaque communauté et en fonction des injustices que celle-ci subit.

L’air de rien, on individualise d’avantage les communautés en approuvant de telles démarches, car une injustice ne doit pas être dénoncée au nom d’une communauté, même si cette communauté est la seule en subir les foudres.

L’injustice on l’a dénonce au nom de la République toute entière, sur la base des valeurs d’équité, d’égalité, de justice, qui gouvernent cette République. Procéder autrement, c’est inculquer dans la tête du citoyen lambda qu’il y’a d’abord un « Moi » avant un « Nous » ; procéder autrement, c’est faire le jeu du système du « diviser pour mieux régner » ; mieux dominer ; et procéder autrement c’est enterrer l’espoir de voir un jour émergée une nation mauritanienne unie et forte dans sa diversité.

Et comment vaincre l’injustice si même dans la lutte contre celle-ci, les militants de la justice se divisent, se catégorisent ? Est-ce parce qu’on n’est pas de la même communauté , qu’on ne doit pas militer dans un même cadre pour une même justice ?

La tragédie que vit une grande partie du peuple mauritanien , à cause d’inégalités sous toutes ses formes, doit être combattue dans un cadre commun, avec une démarche commune de toutes les victimes, et tous ceux qui rejettent une telle tragédie, sans référence aucune à une quelconque « communauté » ou race.

On n’a pas besoin de parler de « discrimination positive », dès lors qu’on parle de justice car la notion de Justice recoupe TOUT. Et j’entends par « discrimination positive », une faveur ; or aucune communauté, aucun individu n’a cette légitimité suprême pour accorder une quelconque faveur à une autre communauté, un autre individu qui doit disposer des mêmes droits et obligations par rapport à leur nation. Et la Mauritanie nous appartient à tous, et tous doivent profiter des mêmes prérogatives, et supporter les mêmes obligations par rapport à Elle.

L’égoïsme est un obstacle à tout progrès social et économique ; et réduire la patrie de Mauritanie à une question de « communauté » , est une erreur, un danger pour son avenir. Parlons de communauté quand il s’agit de culture, de langue ; mais ne parlons pas de communauté quand il s’agit de politique car la politique est la chose de tous, et on doit utiliser un langage pour Tous, associant tout le monde quand on fait de la politique.

S’unir autour d’un même idéal de justice, contre toute forme d’injustice quelle qu’elle soit, d’où qu’elle soit, dans un même cadre : tel est le défi que je lance à nos leaders des innombrables mouvements revendiquant Justice, Egalité , Unité.

Et si vraiment , nous voulons la justice en Mauritanie ; tous les mécontents pour cette justice doivent se donner rendez-vous dans un cadre commun pour que cette volonté commune soit une réalité. Sinon autrement ; marchons cent ans, crions cent ans avec cette même démarche ; le système se la coulera douce à jamais.

Il urge donc de casser les barrières psychologiques et de cesser de revendiquer « Justice » en rang dispersé, de façon individuelle . Et il est certainement plus facile de revendiquer justice et égalité entre tous les citoyens mauritaniens dans un même cadre ; que de revendiquer « justice pour les poulars », « justice pour les Hratines » , « justice pour les Soninko », « Justice pour les wolofs » etc…

Cheikhna Mbouh Tandia

Etudiant en Droit

Source : Cheikhna Mbouh Tandia

Dimanche 3 Mai 2015
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