Comment Al Qaïda traite ses otages Témoignages d'anciennes victimes



Comment Al Qaïda traite ses otages Témoignages d'anciennes victimes
Plusieurs anciens otages de la Branche d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Baqmi) ont oublié leur peur. Certains d'entre eux ont raconté les conditions de leur séquestration et la manière avec laquelle les éléments du mouvement les ont traités tout au long de leur détention.

Dans de longs entretiens publiés par le journal espagnol "El Pais", l'un des journaux espagnols devenus prolixes sur Al Qaïda depuis l'enlèvement de trois de leurs concitoyens le 29 novembre 2009 en Mauritanie, quelques anciens pensionnaires des camps de Baqmi se sont épanchés. Les anciens otages qui ont accepté de se confesser sont entre autres, les deux Autrichiens Wolfgang et Andréa et l'Allemande Maryanne notamment.

Tous ont relaté la nature hostile de leur existence dans les camps d'Al Qaïda, au cœur du Sahara, là où nulle puissance ni armée régionale n'ose encore s'aventurer. Il s'agit du nord malien. Ils ont fourni des informations sur le leader charismatique du groupe, Abdel Hamid Abou Zaïd, mettant en exergue les conditions de leur détention, surtout le traitement réservé aux femmes, révélant quelques aspects plutôt dramatiques de leur aventure et le côté comique de certaines situations.


Aperçu général…

"Fraîcheur et chaleur, scorpions et serpents, déficit en médicament, parfois manque cruel de nourriture ". Telle est le premier tableau brossé par certains anciens otages séquestrés pendant des périodes plus ou moins longues dans ce no man's land du Nord malien.

Bien que les témoignages livrés par les anciens otages ont fait ressortir des différences de traitement d'une catégorie d'otage à une autre, les espagnols, à travers ces récits, pouvaient se faire une idée de ce qui attend leurs trois ressortissants actuellement entre les mains du Mouvement Al Qaïda au Maghreb islamique, Alicia, Roki et Albert, enlevés le 29 novembre 2009 sur la route Nouakchott-Nouadhibou.

Quatre jours auparavant, les éléments de Baqmi avaient enlevé le Français Pierre Camet alors qu'il se trouvait dans la localité de Manika dans le nord malien. L'enlèvement des trois Espagnols sera d'ailleurs suivi presque un mois plus tard, le 28 décembre 2009, par celui du couple Italien, Sergio et sa femme Philomène d'origine burkinabé, sur les frontières entre la Mauritanie et le Mali. Une autre tentative sera signalée au Niger, lorsque des éléments essayèrent d'enlever un groupe de touristes saoudiens. L'opération s'est achevée par la mort de quatre Saoudiens et la blessure d'un certain nombre d'entre eux.

L'otage d'origine suisse, Gabriella Barko refusera toutefois de témoigner dans les colonnes d'El Pais, soulignant qu'elle et son mari, Wierner n'ont accepté jusque-là de se livrer qu'à un seul journal, le "Sunday Telegraph " britannique, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de leur compagnon d'infortune Edwin Dyar. Selon elle, la mort d'Edwin l'a beaucoup marquée, car il l'avait soutenu à un moment où elle était complètement désemparée. Même hommage rendu par son mari Wierner qui affirme que n'eût été Edwin, il serait déjà mort, car il était tombé malade au cours de sa détention et qu'Edwin lui a été d'un grand secours.


L'Anglais Edwin Dyar

Wierner et son épouse Gabriella ont décrit Edwin comme un homme introverti, très préoccupé par l'avenir de la société générale d'eau et d'assainissement dont il était le responsable vente. Gabriella dans une réminiscence poignante soulignera qu'Edwin a vécu, fils d'un officier de l'armée britannique et d'une Allemande qui vivait en Autriche. Elle dira qu'Edwin aurait pu obtenir la nationalité autrichienne, ce qui lui aurait certainement sauvé la vie, n'eût été son amour très profond pour la Couronne d'Angleterre.

Et lorsque le Géorgien, Wierner Griener, avocat de 58 ans, demanda des nouvelles de son compagnon d'infortune, l'Anglais Edwin Dyar 58 ans, son géôlier, un homme sec à la barbe foisonnante lui répondit simplement en français : "il est parti ". Exécuté froidement lorsque la Grande Bretagne refusa de traiter avec les preneurs d'otages.

Wierner et sa femme, Gabriella Barko (55 ans), conseillère municipale, ainsi qu'Edwin et Maryanne, professeur de nationalité allemande à la retraite (76 ans), longtemps établie à Niamey (Niger), ont été enlevés ensemble en 2009 aux frontières nigéro-maliennes, alors qu'ils assistaient à une fête Touarègue. De fêtards joyeux, les yeux pétillants d'exotisme, ils devinrent otages entre les mains d'Al Qaïda au Maghreb Islamique. Pire, auprès du groupe le plus radical.

Et quand Wierner se vit répondre par son geôlier que Edwin "est parti", il crut qu'il a été libéré par les membres d'Al Qaïda qui les séquestrait, et qui venaient de libérer sa femme Gabriella et l'Allemande Maryanne. Ce n'est qu'après sa libération, six semaines plus tard, qu'il saura que son compagnon de détention, l'Anglais Edwin Dyar a été exécuté le 31 mai 2008. C'est le seul otage occidental à connaître ce sort aux mains du Mouvement Al Qaïda au Maghreb islamique. Les quatre touristes ont été enlevés en janvier 2009 à l'est du Niger, un mois seulement après l'enlèvement des deux Canadiens dans la même zone. Il s'agissait de l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU au Niger et son adjoint. Puis ce sera le tour du couple Autrichien Wolfgang (53 ans) et Andréa (44 ans) de rejoindre la liste des otages d'Al Qaïda.

Edwin, selon le couple aimait beaucoup voyager en Afrique. En janvier 2009, son médecin l'avait déconseillé de voyager pour des raisons de santé. Il a voulu annuler son périple, mais comme l'agence de voyage refusait de lui rembourser les frais de déplacement dont il s'était acquitté, il décida de maintenir son voyage. Parmi les quatre otages, il était le seul à supporter les affres de la séquestration, racontent ses ex-compagnons. "Il tentait de s'occuper, faisait le thé, débarrassait le couvert pour éviter l'invasion des mouches et des insectes " précise Gabriella. Elle soutint qu'Edwin l'aidait beaucoup, car elle se déplaçait difficilement à cause d'une fracture du bras et quatre côtes fêlées le premier jour de leur enlèvement, le 22 janvier 2009. Quarante-huit heures avant sa libération, le 22 avril 2009, Maryanne a elle aussi été mordu à la main par un scorpion. "Edwin a lavé la blessure plusieurs fois avec de l'eau et du savon " dira-t-elle. A son retour, elle subira une transplantation puis hospitalisée pendant six semaines.

Quelques jours après leur séjour dans un modeste camp de Baqmi dans le nord malien, "Nouar ", le plus jeune des combattants d'Al Qaïda demanda à Wierner de l'accompagner dans un autre lieu où ils avaient besoin de son expertise.

Il s'absentera pendant presque quatre semaines, ce qui affola son épouse qui entre temps fit davantage la connaissance de Maryanne et d'Edwin. Les deux dames ne pouvaient pas parler aux ravisseurs et c'est Edwin qui s'occupait de tout et se rendait à ce qu'ils appellent le "point de contrôle ", sorte de frontière imaginaire entre le camp des ravisseurs et celui des otages. Seuls les hommes étaient autorisés à franchir ce "point de contrôle ", un point tracé par les ravisseurs. C'est là où ils remettaient aux otages la nourriture, l'eau, le savon, les couvertures pour se couvrir la nuit, des médicaments en cas de besoin… "Là, Edwin restait debout pendant des heures, attendant qu'un des combattants Al Qaïda daigne le rejoindre pour recueillir ses demandes…Il négociait avec un grand talent… " se rappelle Gabriella.

Edwin meublait surtout les longues journées de désoeuvrement des deux dames, leur racontant ses thèmes fétiches, notamment l'Opéra, ses lectures, Shakespeare… "C'était un homme très cultivé " souligne Maryanne, qui enseignait le Français et qui à son tour entretenait ses compagnons d'infortune de Camus, Jean-Paul Sartre, "Le livre de ma jeunesse "…

Et puis Wierner revint enfin de son périple ! Il remarqua qu'Edwin s'était bien occupé des dames. Gabriella et Maryanne seront libérées le 22 avril 2009. "Le dernier mot que j'ai dit à Edwin est la suivante : s'il te plaît prends bien soin de mon mari " se rappelle Gabriella. Dans l'entretien qu'elle a accordé au "Sunday Telegraph ", Gabrielle avait soutenu que son époux "faiblissait et dépérissait de jour en jour " en l'absence de tout traitement.

Les deux hommes restèrent en détention jusqu'en fin mai 2009, quand les ravisseurs amenèrent Edwin pour l'exécuter. Le Premier ministre britannique Gordon Brown avait refusé jusqu'au bout de se plier aux exigences des ravisseurs qui demandaient la libération du célèbre prisonnier Omar Mohamed Outhmane (49 ans), plus connu sous le nom de "Abou Ghoutada ", chef spirituel d'Al Qaïda en Europe et contre qui la justice espagnole avait émis un mandat d'arrêt international, le comparant à Balthazar. Gordon Brown refusa ainsi de verser la rançon qui aurait pu sauver Edwin Dyar.


Les rançons

Les otages libérés ignorent les rançons versées contre leur libération, mais l'Allemagne, la Suisse et le Canada ont craché dans l'escarcelle du mouvement Al Qaïda en 2009, bien qu'officiellement ils continuent de démentir. Le Mali a été lui aussi contraint de libérer quatre terroristes emprisonnés dans ses geôles, dont deux spécialistes mauritaniens des explosifs.

Le gouvernement Autrichien a lui aussi versé en 2008 une forte rançon pour libérer le couple Wolfgang et Andréa. Cet argent a, entre autres, servi à rééquiper Al Qaïda en armement, surtout pour sa branche opérant dans le nord de l'Algérie.

L'otage Autrichien, Wolfgang, un agent du fisc, s'est lui fait beaucoup d'argent à travers les interviews et entretiens accordés aux médias de son pays, reversant le produit au Trésor public autrichien. "Il s'agit d'une modeste contribution de ma part pour rembourser le montant que mon pays a versé aux ravisseurs pour ma libération et celle de la femme " soutient-il. A tous les journalistes étrangers qui l'abordent pour obtenir un récit de son aventure, il les renvoie aux propos qu'il a déjà publiés dans les journaux autrichiens. Les ravisseurs ont tenté de faire changer au couple autrichien leur religion. "Convertir un impie à l'Islam vaut toute la fortune du monde " comme le leur a dit un des combattants, qui souligna que cela ne les empêchera pas toutefois de verser la rançon. Pour l'otage Allemande Maryanne, elle se verra même offrir un livre du Saint Coran lors de sa libération. Le Chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos affirmera à plusieurs reprises que l'Espagne ne versera pas de rançon, mais son gouvernement est entré dans les négociations avec les ravisseurs de leurs trois citoyens, par l'intermédiaire de quelques notables maliens. Al Qaïda réclame 7 millions d'Euros contre la libération des Catalans.


Un intermédiaire se confie


La loi de l'Omerta, notamment sur la mort de Edwin et les transactions européennes pour libérer leurs otages, sera brisé pour la première fois par l'un des plus illustres intermédiaires du nord malien, un notable qui avait intercédé en juin 2009 entre les éléments d'Al Qaïda et plusieurs gouvernements européens, et qui s'est illustré en tentant de sauver la vie du Britannique Edwin Dyar. Il racontera au correspondant de l'AFP à Bamako sous le couvert de l'anonymat, ses dernières rencontres dans le Sahara avec Abdel Hamid Abou Zaïd (43 ans), chef du plus redoutable aile d'Al Qaïda au Maghreb islamique, celui qui détient actuellement les otages espagnols.

"Qui sont ces Britanniques ? " se serait enflammé Abdel Hamid dans un geste colérique, avant de répondre lui-même à sa question : "ils ne sont rien d'autre que des impies européens ". Et de lancer : "c'est pourquoi, il faut exécuter cet homme en signe de rapprochement à Allah ". Par la suite, il informera les autorités maliennes par le biais de son téléphone satellitaire qu'il allait exécuter l'otage britannique. L'intermédiaire s'est réunie le jour-J avec Abdel Hamid qu'il trouva bouillonnant de colère. "Il y avait d'autres otages, raconte-t-il, un Britannique et un Suisse. Dyar portait un turban et il tremblait de peur. Dans ses pleurs, il disait des choses que je n'ai pas bien saisi. Ses deux mains étaient entravées et Abou Zaid me demanda de quitter. Je me suis retourné et j'ai entendu deux coups de feu. Je ne sais pas s'il s'agissait des balles qui avaient tué Edwin. Son corps fut par la suite horriblement mutilé " Selon le notable malien, l'ordre de tuer Edwin ne venait pas de Abou Zaïd. Il dira que selon les correspondances échangées entre le Mouvement Al Qaïda au Maghreb islamique et la tutelle établie en Asie Centrale, Edwin a été exécuté sur un ordre venu des montagnes d'Afghanistan et du Pakistan.

"Nous avons tué l'otage britannique pour qu'il goûte lui et son pays, la Grande Bretagne, aux souffrances quotidiennes que fait endurer aux musulmans innocents, la coalition formée par les Croisés et les Juifs ". Tel sera le contenu laconique, publié sur un site islamiste par Al Qaïda, le 3 juin 2009 et qui servit de note nécrologique après l'exécution de Edwin Dyar.

D'ailleurs, selon les témoignages des otages, leurs ravisseurs leur montraient plusieurs fois des séquences vidéo sur ordinateur portable, montrant les traitements inhumains et cruels que les militaires américains faisaient subir aux prisonniers musulmans dans les prisons de Guantanamo (Cuba), Abou Graïb (Irak) et Baghram (Afghanistan). "Par ces images, ils nous montraient comment nous étions humainement traités chez eux " souligne Maryanne. "Nous avons de bonnes raisons de croire que le citoyen Edwin Dyar a été tué par une cellule d'Al Qaïda au Mali " dira le Premier ministre Gordon Brown le même jour dans une note portant sa signature et qui condamnait "cet acte barbare", avant de soulever que "ce drame nous conforte dans notre volonté de combattre le terrorisme, c'est-à-dire, refuser de verser des rançons aux terroristes ".


Qui est Abdel Hamid Aboud Zaïd ?

De plus en plus, les otages commencent à connaître Abdel Hamid Abou Zaid, ainsi que ses hommes issues de diverses nationalités, marocaines, libyennes, sahraouies, maliennes, nigériennes, nigérianes, mauritaniennes…

Seulement, la hiérarchie du commandement, notamment Abou Zaïd et ses proches lieutenant sont tous Algériens, des hommes rompus au terrorisme dans leur pays.

"Il n'est pas extraordinaire " relève Maryanne, parlant de Abou Zaïd qu'elle a eu l'occasion de rencontrer deux fois. "Cet homme craint par tous est en réalité un bout d'homme, court de taille et au visage broussailleux " raconte-t-elle. "Il était plutôt méfiant et tout roulé sur lui-même, en même temps paternaliste, très doux à peu près " poursuit-elle.

Pour Wierner et Wolfgang qui ont eu à avoir de longs entretiens avec Abou Zaïd, Chef charismatique du Mouvement Al Qaïda au Sahel et son adjoint Nigérien qui joue au traducteur, "il respectait toujours sa parole ".

Abou Zaïd manifesta un grand intérêt pour son otage géorgien Wierner quand il sut que ce dernier était une encyclopédie, très versé dans l'histoire des religions monothéistes, y compris l'Islam. Effectivement, les ravisseurs ont tenté de le convertir lui et son épouse. "Le fait de convertir un impie à la religion de l'Islam vaut le monde et ce qu'il contient " dira l'un des ravisseurs, sans que cela puisse signifier selon eux qu'ils allaient renoncer à la rançon. Dans leurs échanges, les ravisseurs feront savoir au couple autrichien que leur pays a failli basculer dans le monde musulman quand les Ottomans assiégèrent Vienne en 1529. "Le seul pays européen qui était islamisé, et qui doit le redevenir, c'est l'Espagne " diront les combattants Al Qaïda.


Les combattants…de jeunes imberbes

Les otages racontent que les jeunes, assignés pour leur surveillance, et dont l'âge varie entre 17 et 24 ans, leur ont dit avoir rejoint les rangs d'Al Qaïda, poussé par leur foi. En réalité, remarque Maryanne, ils le font pour se valoriser. "Ils font partie d'un groupe et ils se sentent entourés ici, pour la première fois, d'un grand amour " explique-t-elle. "Avec cela, ils sont radicaux, tellement radicaux que l'un d'eux a tué son père " racontent Wolfgang et Andréa selon les aveux d'un des jeunes combattants.

"Les terroristes étaient trop jeunes, dira Wolfgang, interdits de vie sexuelle, malgré le désir ardent qui les tenaillait et qu'ils tentent de contenir. L'un d'eux avait l'habitude de regarder ma femme jusqu'à ce que je lui en aie demandé la raison. Il s'est retourné confus et a disparu ". Il y a eu d'autres cas où les pulsions des mâles terroristes se sont manifestées. Comme en avril 2009, quand Abou Fayçal le chef du groupe qui les détenait, fut sur le point de libérer Maryanne et Gabriella. Il avait proposé à l'otage suisse qui souffrait de courbatures, de lui frotter le dos à l'aide d'une huile aux vertus médicales, contrairement à toutes les règles du rigorisme islamique suivi par les membres d'Al Qaïda. Mais sa proposition sera rejetée par Gabriella. Il est arrivé aussi que les otages allègent la souffrance des combattantes, à l'exemple de l'otage autrichienne Andréa, infirmière de formation et qui soigna la blessure par balle d'un combattant.


Tragi-comédie

Mais au milieu de tant de souffrances, perlent cependant quelques faits insolites qui forcent le rire. Avant les négociations, les services de renseignement occidentaux demandent à l'intermédiaire une batterie d'informations personnelles, y compris des questions privées auxquelles seuls les otages eux-mêmes peuvent répondre. Par ce procédé, ils vérifient si les otages sont toujours en vie et confirment leur nationalité. "Ils m'ont demandé par exemple le nom de ma nièce qui vit au Portugal " se rappelle Maryanne.

Le couple autrichien Wolfgang et Andréa n'ont pas d'enfants communs, chacun d'entre eux a trois enfants d'un précédent mariage et ils avaient communiqué leur nom aux autorités autrichiennes. La liste tomba entre les mains des ravisseurs qui en conclurent aussitôt qu'ils n'étaient pas mariés, alors qu'ils s'étaient liés en 2007, soit une année avant leur enlèvement.

Et le couple se vit proposer un mariage islamique qu'il accepta. On offrit ainsi comme dot à la nouvelle mariée, Andréa, deux couteaux. Wolfgang, se rappelant aujourd'hui de cet épisode dans un rire fou, soutint que c'était encore beaucoup plus que ce qu'il possédait en ce moment.

Parmi les souvenirs merveilleux selon Wierner, les quelques appels téléphoniques que lui concédaient ses ravisseurs et au cours desquels il s'entretenait avec son aîné Bernard par téléphone satellite. "Ils nous obligeaient au départ à parler en anglais pour permettre au garde-chiourme nigérian de suivre les conversations, avant qu'ils nous autorisèrent à parler en Allemand " ajoute-t-il. Ils n'offraient pas cette commodité aux autres otages européens, pour des raisons "sécuritaires " disaient-ils. Selon les otages, ce qui est bizarre c'est que l'identification des lieux d'appel est beaucoup plus facile à déterminer si l'appel provient d'un téléphone satellitaire qu'avec n'importe quel autre portable ordinaire. Malgré la possibilité d'identifier avec exactitude la provenance de ces appels, une opération militaire de sauvetage des otages dans le Nord malien reste périlleuse, constate en substance les observateurs.


Les femmes otages

Les combattants Al Qaïda, par simple manipulation sur leurs ordinateurs, cachent le visage des femmes dans les messages qu'ils envoient et placent quelques éléments en contre-fonds, alors qu'en réalité, ces hommes ne se trouvaient pas derrière eux au moment de la prise des images, explique Maryanne.

Malgré quelques situations comiques qui peuvent se produire de temps en temps, l'enlèvement en soi est une opération semée d'embûches, constatent les otages. "La chaleur, les insectes, les scorpions, les serpents, la malnutrition, la rareté des médicaments, le manque d'hygiène sont autant de choses insupportables " souligne Maryanne qui, évoquant son asthme, poursuit que "les médicaments, de fabrication locale, arrivent souvent de l'Algérie".

Maryanne avait fini par perdre tout espoir de voir son bras cassé soigné. On la réveillera au milieu de la nuit. La zone était, disait-elle, éclairée par les phares des voitures Tout Terrain et elle vit Bilal, le plus bel homme du Sahara, selon le témoignage de toutes les femmes otages. C'est le médecin du coin. Il lui placera un plâtrage de fabrication allemande. Pour Andréa, le manque de contact humain était la pire des épreuves. Les otages sont isolés les uns des autres. Il a fallu, avança-t-elle, toute l'insistance de son mari Wolfgang pour que sa solitude soit brisée.

Les souffrances des femmes otages étaient pourtant plus importantes. On les obligeait à se couvrir la tête mais sans en faire autant pour le visage. Bien entendu, dans les photos que le mouvement Al Qaïda publie, le visage des femmes est toujours caché par un jeu d'ordinateur.


La nourriture


"L'eau que nous consommions contenait du gasoil et pour faire sa toilette, on n'avait droit qu'à un verre d'eau, sauf à une seule occasion où chacun de nous bénéficia de 3 litres d'eau " précise Maryanne. "C'était une chose extraordinaire ! " trouva-t-elle.

Quant à la nourriture, elle était à base de riz, de pâtes, de viande, de poisson ; les mets étaient partagés équitablement entre les otages et les ravisseurs, et les deux camps vivaient les mêmes périodes de crise ". Parfois, ils entendaient le leitmotiv "Food is finish !" (la nourriture est épuisée). Et pendant des jours, parfois un mois, ravisseurs et otages ne mangeaient que des miettes qu'ils se partageaient d'égale égale.


Source : l'authentique

Vendredi 15 Janvier 2010
Boolumbal Boolumbal
Lu 742 fois



Recherche


Inscription à la newsletter