Ces Mauritaniens qui ne se reconnaissent plus



Ils sont tous musulmans. Ils partagent le même destin. Le destin de vivre ensemble un jour dans un territoire qui s’appellera la Mauritanie. Ils s’ignorent entre eux. Ils ne se comprennent plus dans leurs différentes langues maternelles ou dialectes. Ils sont de toutes les générations.

Ils sont de toutes les couleurs. Ils étaient conseillers des chefs d’Etat. Ils sont militants dans les partis politiques. Ils sont à la tête des mouvements extrémistes. Ils sont formés en Irak. Ils sont diplômés de grandes écoles Européennes et Américaines. Ils ont étudié au Sénégal et ailleurs en Afrique. Ils voyagent partout dans le monde.

Ils sont beydanes, poulars, wolofs et soninkés. Ils sont enfants de cette Mauritanie que nous avons écrit avec S : La Mauritanie au pluriel. La Mauritanie aux multiples sites classés patrimoines de l’humanité. La Mauritanie où se sont brassées des cultures afroarabobérbères.

Cette immense Mauritanie, musulmane à 100%. Ils ne se comprennent pas parce que chacun veut ignorer la langue maternelle de l’autre. Chacun veut détruire l’histoire de l’autre. Chacun veut couper les racines qui le lient aux autres. Ils ne se marient plus car chacun ne veut plus avoir des rejetons de l’autre.

Ils ne se fréquentent plus parce que personne n’a confiance à l’autre. L’autre qu’il voit arriviste. L’autre qu’il voit porteur de malheur. L’autre qu’il classe inférieure à sa race. L’autre qu’il voit toujours misérable. L’autre qu’il voit étranger dans ce beau pays que Dieu nous a partagé par le destin. Hier ils cohabitaient.

Leurs enfants jouaient ensemble entre les immeubles des blocs près du marché de capitale. Leurs enfants se fréquentaient au Ksar et à la BMD. Ils étudiaient ensemble au Lycée national de Nouakchott. Ils vivaient, dormaient et mangeaient ensemble à l’internat de Rosso.

Leurs enfants voyageaient ensemble, partout dans les régions durant les caravanes de colonies de vacances. Leurs enfants se parlaient dans les langues maternelles et sans complexe. Ils s’aimaient et se mariaient naturellement et sans protocole. Ils se respectaient dans les couloirs de l’administration, dans la rue et dans les espaces publics partagés. Aujourd’hui chacun veut dévorer ou dominer l’autre par sa langue ou dialecte.

Ces langues que Dieu n’a crée que pour que les peuples se reconnaissent et dialoguent entre eux. Parler mieux arabe que l’autre ne veut pas dire être plus croyant ou musulman que l’autre et parler couramment français ou anglais ne veut pas dire être mécréant.

La Mauritanie au visage nouveau doit dépasser ces questions et penser à son développement économique et social, à l’unité nationale renforcée autour de cette diversité culturelle. La Mauritanie nouvelle doit former tous ses fils et même en chinois ou en turque.

La Mauritanie nouvelle doit intégrer dans son programme scolaire, l’éducation des langues nationales dès le primaire afin que ses enfants grandissent sous l’ombre de la « baraqa » de ces différentes langues nationale. La Mauritanie nouvelle ne doit pas être ni arabophone, ni francophone mais une Mauritanie aux enfants bien formés. Une Mauritanie ouverte aux autres.

Ouverte à ceux qui viennent rechercher des opportunités, ceux qui viennent sentir l’odeur de notre beau désert et ceux qui viennent découvrir les chants de nos perroquets. Ouverte à tous ceux qui aiment. Ouverte aux voisins directs et indirects. Notre diversité culturelle doit être un atout et pas un complexe.

Elle doit être une force qui nous propulsera plus loin. Elle doit être exploitée comme l’a fait le pays de l’oncle SAM et qui, aujourd’hui est la plus grande puissance économique et militaire mondiale. Ces Mauritaniens qui ne se comprennent nous étonnent toujours.

S’ils partent étudier ailleurs ils reviennent chacun avec une maîtrise parfaite de la langue de son pays d’accueil. Les négro-Mauritaniens reviennent en parlant très bien le dialecte Tunisien ou Marocain et les baydanes reviennent en s’exprimant sans accent en wolof ou soussou. Qu’est ce qui les empêchent donc de promouvoir leurs langues nationales chez eux. That’s the big question ?

Dia El Hadj Ibrahima
« mauritanies1 »



Source : Ibrahima Dia

Mercredi 8 Avril 2015
Boolumbal Boolumbal
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