COUP DE PLUME : Erdogan, dirigeant sage et courageux...



COUP DE PLUME : Erdogan, dirigeant sage et courageux...
Le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a écrit à Racep Teyyib Erdogan, le Président turc qui vient d’échapper à un coup d’Etat : « Il m'est agréable d'adresser à votre Excellence et, à travers vous, au peuple et au gouvernement turcs frères mes chaleureuses félicitations suite à l'échec de la rébellion conduite par des éléments militaires contre le régime démocratique. » Au moment de faire rédiger cette lettre, le tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdellahi en 2008, s’est-il souvenu de sa propre « rébellion militaire » contre laquelle ni son cousin Ely Ould Mohamed Vall, dirigeant d’une transition presque salutaire pour la Mauritanie entre 2005 et 2007, ni une opposition, bien qu’amputée d’un RFD complaisant, était solidement déterminée, n’ont rien pu faire ?
Ould Abdel Aziz qui, à cette époque-là semblait avoir la bénédiction d’une France à la recherche d’un allié contre la terreur d’Alqaida, réalise-t-il seulement maintenant qu’une armée qui cherche à arracher le pouvoir à un Président démocratiquement élu porte atteinte à tout un peuple et lui confisque ses choix ? Le président mauritanien dit saluer « le grand rôle joué par le peuple turc frère qui a fait face avec courage à la tentative malheureuse en la faisant échouer ainsi que pour le patriotisme et l'éveil politique profond dont il a fait preuve ainsi que pour son attachement à son régime démocratique et à ses acquis. » Cela veut-il dire que les mauritaniens n’avaient en 2008 rien de ces qualités dont les turcs ont réussi à faire montre entre vendredi 15 et samedi 16 juillet 2016? La réponse peut bien être oui puisque, là-dessus, le général Ould Abdel Aziz, dont il a été dit qu’il fut le véritable maître de ce qui fut fait à Maouya Ould Sid’Ahmed en août 2005, a réussi à utiliser la majorité des anciens membres du clan politique du dictateur devenu dangereusement insupportable et encombrant pour les colonels qui étaient très proches de lui…
La transition de 2005-2007 a connu un jeu de manipulations en amont des élections si bien que le pays a eu droit à des candidatures de parlementaires « indépendants » qui au grand dam des partis politiques devaient constituer ce qui fut appelé le « bataillon parlementaire » lors qu’arriva justement le temps de la rébellion militaire sur un Sidi Ould Cheikh Abdellah qui lui-même, à en croire ce qui fut raconté à l’époque, avait été mis là comme fusible facile à faire sauter…
Entre la fronde, qui déstabilisa en moins d’un an et demi le régime de Sidi Ould Cheikh Abdellahi, au putsch de 2008 qui l’enverra méditer sur tous ses efforts vains à faire plaisir à des officiers devenus la première génération de généraux d’une Mauritanie qui a encore en mémoire le souvenir d’une guerre ruineuse contre le Sahara et beaucoup de coups d’état, eh bien Mohamed Ould Abdel Aziz a eu le temps de connaitre les véritables acteurs de la scène politique du pays et mettre en place une stratégie de conservation du pouvoir même arraché en toute déloyauté…C’est ce qui lui réussit jusqu’au fameux accords de Dakar qui ont pu lui ramener tous ses adversaires au pays sur les ring des urnes où ils savaient tous pourtant qu’il sortiraient ko…Point besoin de rappeler les résultats des élections de 2009, 20014…Juste rappeler que l’opposition, depuis lors se cherche…Et Ould Abdel Aziz qui a salué en Erdogan un dirigeant « sage » et « courageux » sait que rien de semblable à ce qui a failli se passer en Turquie ne plane sur lui...Autrement, il lui suffirait de compter, lui aussi, sur son peuple qui sûrement a eu le temps de mûrir depuis qu’il est à sa tête…


Kissima


Source: http://kissimadiagana.blogspot.fr

Dimanche 17 Juillet 2016
Boolumbal Boolumbal
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