CONTRE LE RECENSEMENT RACISTE EN MAURITANIE



Depuis le 11 février 2010, date d’entrée en vigueur de la loi 2010-023/PM portant abrogation et remplacement de certaines dispositions de son code de la nationalité, la Mauritanie a pris un certain nombre de dispositions visant la refondation de son état civil.
L’une de ces dispositions a été la création, l’organisation et le fonctionnement de l’Agence Nationale du Registre des Populations et des Titres Sécurisés (ANRPTS) par décret n° 2010- 150/PM du 06 juillet 2010. Ce texte a été suivi par la définition du cadre juridique de l’enrôlement dans le Registre National des Populations par décret n° 2011-110 /PM du 03 mai 2011.
Le 5 juin 2011 fut lancée officiellement à Nouakchott la campagne d'enrôlement qui devait aboutir à « la création d’un registre national des populations à travers un recensement de tous les citoyens et des étrangers résidents en Mauritanie ».
Cinq ans après le lancement de cette campagne d’enrôlement, le constat est édifiant : le recensement biométrique a créé des apatrides à l’intérieur comme à l’extérieur de la Mauritanie. La population noire est exclue de ce recensement et ne peut entrer en possession de pièces d’état-civil qui lui permettent de jouir de sa citoyenneté pleine et entière dans son pays, la Mauritanie, …« bien que pas seulement limiter à eux »…., parlant des difficultés liées au recensement,… « cela est particulièrement problématique pour les afro-mauritaniens… » souligne Philip Alston, le rapporteur des Nations-Unies en mission en Mauritanie du 2 au 11 mai 2016.
Aujourd’hui, nombre d’exilés Noirs mauritaniens sont rendus apatrides et ont perdu la régularité de leurs situations administratives et leur travail dans leur pays d’accueil.
Après avoir rendu impossible le recensement des parents par des mesures et des artifices racistes, le gouvernement génocidaire mauritanien de Mohamed Ould Abdel Aziz a décidé de sacrifier l’avenir de leurs enfants en leur fermant toute perspective par la prise d’un arrêté conjoint n° 15 en date du 20 avril 2016, des ministères de l’éducation et de l’intérieur et de la décentralisation qui « porte obligation pour tous les élèves, candidats à des examens, y compris l’entrée en première année du collège, de disposer de leur recensement biométrique, à partir de l’année scolaire 2016 – 2017 ». Cet arrêté « exclut tout élève qui ne se serait pas inscrit et ne disposant de sa carte d’identité nationale de prendre part aux concours ou examens ou même aux inscriptions dans les établissements ». Comment ces enfants peuvent-ils se recenser alors qu’on exige pour cela le recensement des deux parents qui, eux-mêmes, n’ont pas pu être recensés. Ils ne pourront plus prétendre à l'éducation, s’ils ne sont pas enrôlés. En effet, « ils ne peuvent pas aller à l’école au-delà du niveau primaire et ne peuvent pas se qualifier pour de nombreuses prestations gouvernementales », poursuit le même rapporteur.
Après le génocide physique perpétré à partir de l’année 1987 (morts sous la torture en prison suite à l’arrestation des auteurs du « Manifeste du Négro-mauritanien opprimés » en 1986, la déportation de plus de 200 000 noirs au Sénégal et au Mali en 1989, le massacre de plus de 515 militaires noirs en 1990-91) sous le règne de Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya, Mohamed Ould Abdel Aziz poursuit l’œuvre par un génocide biométrique pour débarrasser la Mauritanie de sa composante Noire. Les trois recensements généraux de la population passés, dont les résultats n’ont jamais été publiés, cherchaient tous à prouver que la Mauritanie est un pays exclusivement arabe, en essayant d’assimiler les populations négro-africaines, d’abord par l’arabisation à outrance, ensuite par la négation de leur culture et de leur langue et enfin par le retrait de leur nationalité mauritanienne purement et simplement. Une volonté politique qui se manifeste aujourd’hui par la multiplication des circulaires et des décrets incohérents et la complexification des procédures d’enrôlement par des mesures racistes et xénophobes.
Nous, Forces de libération africaines de Mauritanie, exigeons :
- la mise en place d’un recensement biométrique qui n’exclut aucun Mauritanien qu’il soit arabo-berbère, Bamana, H’ratine, Haalpular, Soninko ou Wolof, en tenant compte, d’une part de nos réalités culturelles et administratives qui n’ont jamais rendu obligatoires à nos ressortissants la possession de pièces d’état-civil (naissance, mariage, décès, etc…) et d’autre part, de prendre en compte la validité des pièces fournies ;
- la suspension de toutes les décisions rendant obligatoire l’enrôlement pour l’accès à la vie active et à l’éducation jusqu’à la fin de l’opération. Cette suspension est une condition non négociable car elle seule garantirait l’équité et la justice.
Nous, Forces de libération africaines de Mauritanie, sollicitons le soutien et l’adhésion de tous à cette cause commune en apposant leur signature à cet appel.


Source: https://www.change.org

Mardi 7 Juin 2016
Boolumbal Boolumbal
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