Avatar : UPR, le retour du PRDS



Avatar : UPR, le retour du PRDS
" Au secours, le PRDS revient ", serait-on tenter de dire, pour paraphraser une phrase devenue célèbre du politologue et diplomate, Abdallahi Ould Kebd, qui, en janvier 1995, dans un libelle intitulé " Au secours, le PPM revient ", s'était attiré les foudres d'une Opposition rudement malmenée alors par le régime Taya.

Dans la journée d’hier, d'importantes personnalités du PRDR (Parti Républicain, Démocratique pour le Renouveau) que l'on croyait être l'héritier légitime du PRDS, ont quitté ce parti " pour convenances personnelles ", doux euphémisme que l'on utilise souvent avant d'atterrir à l'Union Pour la République (UPR).

Il faut dire que la constitution en un temps record, puis l'accaparement de la scène politique par le parti-locomotive de la Majorité présidentielle actuelle, est considérée par nombres d'observateurs comme la résurgence, sous un autre nom mais avec les mêmes procédés, du Parti Républicain Démocratique et Social (PRDS). La mue opérée par cet ancien parti-Etat en PRDR n'est en fait qu'un trompe-l'œil, puisque l'essentiel des " troupes " a migré ailleurs. Il s'agirait, pour certains, d'une simple diversion pour que l'on continue à prendre l'Autre (le PRDR) pour l'ombre du défunt (PRDS) alors que celui-ci s'est réellement réincarné dans la peau de l'UPR chérie.

L'importance de la nouvelle force politique sur l'échiquier politique national est incontestable. Il suffit de voir comment le " Parti " impose sa volonté, pas seulement à l'opposition mais aussi à ses alliés de la Majorité, pour avoir une idée des privilèges dont il jouit en très haut lieu. C'est lui qui transcende tous les débats au Parlement, marche pour soutenir les politiques du président de la République, appuie le gouvernement dans tout ce qu'il entreprend, même si certaines mesures sont difficilement défendable, et place ses hommes et femmes aux postes les plus mielleux de la haute administration. En fait, l'Etat, c'est l'UPR. Et l'UPR, c'est le président Mohamed Ould Abdel Aziz ! Un raccourci que ne cacherait ni l'omnipotence de l'Exécutif ni la soumission des parlementaires de la Majorité à une sorte de diktat du gouvernement dont la politique, quoique peu efficace, ne fait l'objet d'aucune critique de la part de ses alliés à l'Assemblée et au Sénat.

Avoir démissionné de la présidence de l'UPR, au lendemain de son élection à la magistrature suprême ne signifie nullement que le " Chef " de l'Exécutif n'a plus un droit de regard sur cette formation. Une sorte de vue d'ensemble nécessaire pour entretenir l'ardeur des soutiens politiques et populaires puisque, en fin de compte, le gouvernement actuel, par son absence d'envergure, n'est pas indiqué pour jouer le rôle de fusible à chaque fois que les choses se gâtent. Même si cela ne relèverait pas de son tempérament, le Président est obligé d'être aux avant-postes. Il récoltera certes les dividendes d'une telle situation, en période d'accalmie politique ou d'embellie économique mais subira, seul, les conséquences de toutes détériorations des conditions de vie des populations, de toutes incuries du gouvernement (insécurité, flambée des prix, inondations, atteintes aux droits humains, etc.)


La course aux honneurs


On pourrait penser qu'au sein même de l'UPR, les luttes d'influence risquent de créer un certain malaise pour le pouvoir. L'on pense, dans ce cadre, au différend sur la réunion de R'Kiz qui opposé, il y a quelques mois, le président de l'UPR au vice-président du Sénat, mais les choses semblent maintenant rentrer dans l'ordre puisque tout ce qui se disait sur la disgrâce du sénateur de Rosso, Mohcen Ould El haj, n'est pas corroboré par la suite donnée aux faits dont la presse s'est délectée plusieurs jours durant. Les ministres " rebelles " n'ont pas été limogés et leur incitateur au refus d'être de la partie de Ould Ahmedoua vient d'être confirmé comme seconde personnalité de la chambre haute du Parlement. Stratégie de " containment " du pouvoir ou partie remise, en attendant l'approche de nouvelles élections où de nouveaux rapports de force verront inévitablement le jour, aussi bien à Nouakchott qu'à l'intérieur du pays.


Au nom du renouvellement de la classe politique


L'incident de R'Kiz ainsi que le renouvellement du tiers du Sénat ont montré que la querelle des Anciens et des Modernes, comme au temps de la bataille d'Hernani, existe belle et bien. L'Ordre nouveau (le renouvellement de la classe politique) a été inscrit en gras dans l'agenda des Journées Nationales de la Concertation tenues, on se le rappelle, fin 2008, pour sortir de la crise politique de l'époque. Ce label politique qui a vu sa consécration dans la mise en place des structures de l'UPR, au temps où l'actuel président de la République était encore aux commandes, et lors du renouvellement de ses instances, n'est pas une innovation en soi. Vu d'abord comme une volonté des " novices " en politique de concrétiser le fameux dicton " pousse-toi que je me place ", il est aujourd'hui utilisé pour fustiger l'immobilisme au sein des formations de l'opposition où l'alternance ne serait pas à l'ordre du jour ! Mais l'on oublie qu'on peut être devant sans réellement détenir ou faire jouer les leviers du pouvoir. A quoi servirait un président de parti - ou un secrétaire général - obligé d'en référer à chaque fois à une " tutelle " politique non présente dans les structures officielles du parti ?

Les accommodements de la Constitution édictant qu'une fois élu à la Présidence de la République, il faut démissionner de celle de tout parti politique relève de cette confusion que l'on retrouve à tous les niveaux des rapports de la théorie à la pratique. On s'interrogera encore et encore sur le lien, réel ou supposé, du président de la République avec une formation politique qui se réclame de la Majorité sans pouvoir se réclamer du chef de l'Etat, en principe au dessus des partis politiques. Appelez cette nouvelle formation UPR, ADIL (du temps de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi), ou même le PRDS-PRDR, symbole de la gloire et de la déchéance de l'ère Maaouiya, la réalité est là : Le pouvoir agit comme un aimant, les hommes politiques, sans ancrage évident, se soumettraient toujours à la loi de celui qui gouverne. C'est la loi du Système !

La reconstitution du puzzle et sa justification avancée - le soutien du programme électoral du président Mohamed Ould Abdel Aziz - est un simple alibi. Le Système qui a maintenu Ould Taya au pouvoir plus de vingt ans regarde plus loin que le quinquennat du tombeur de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Les privilèges ne sont entretenus que par l'appartenance à ce système qui divise la classe politique mauritanienne en " mouwalat " (Majorité) et en " mouaradha " (Opposition). Et la première ferait tout pour que la compartimentation, qui fonde la saine démocratie ailleurs, assure la survie de ce qui n'est, ici, qu'un jeu de circonstances.


Source: l'authentique

Mercredi 13 Janvier 2010
Boolumbal Boolumbal
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