Anniversaire de l’indépendance nationale : Quand les morts d’INAL réveillent les vieux souvenirs

La célébration de la fête nationale de l’indépendance divise de plus en plus les Mauritaniens. Pendant que l’armée paradait à Nouadhibou le 28 novembre dernier et que les festivités embrasaient une partie de la Mauritanie, une large frange de la population célébrait le deuil des 28 soldats immolés un certain 28 novembre 1990 à INAL sous un drapeau qu’ils avaient servi avec amour.



Anniversaire de l’indépendance nationale : Quand les morts d’INAL réveillent les vieux souvenirs
Des dossiers brûlants que l’Etat mauritanien croit avoir soldé ont ressurgi avec acuité au cours de la célébration du 55ème anniversaire de l’indépendance nationale. Ce jour de fête était pour la population négro-africaine, un jour de deuil et de recueillement. Les Forces patriotiques pour le changement (FPC ex-Flam) ont réveillé, à cette occasion, les vieux souvenirs d’un douloureux passé maladroitement circonscrit, selon eux.

Le parti Alliance pour la justice et la démocratie (AJD/MR) avait quant à lui voulu organiser une cérémonie publique dans ce cens. Empêchés par les autorités, les organisateurs de la conférence ont dû transférer la manifestation à leur siège. Mais à la fin, le conférencier, un ex-colonel de la garde nationale, Oumar Ould Beibacar, témoin et acteur privilégié des exactions commises sur ses frères d’armes, et qui épouse aujourd’hui leur combat par ses écrits incendiaires, est arrêté, puis placé sous contrôle judiciaire.

La célèbre avocate, Me Fatimata MBaye décline la médaille que le président Mohamed Abdel Aziz s’apprêtait à lui épingler à l’épaule. Elle jugeait insultante d’accepter une décoration dans une situation de total mépris des âmes éplorées et d’une dégradation grave des droits de l’homme en Mauritanie.

Ce passif humanitaire qui ressurgit au moment où ce dossier est jugé clos par l’administration mauritanienne ne serait qu’une des multiples manifestations de l’état d’esprit qui règne dans un pays où la colère couve dangereusement sous la cendre du mépris et de l’indifférence.

Au cours de la conférence de presse qu’il anima, le président Mohamed Abdel Aziz qui n’avait pas trouvé de contradicteur réel en face de lui, a pu ainsi sans fioritures, prendre les rennes du débat et parader, lui aussi, avec un faux panache. Il décréta le Passif humanitaire clos, mettant en avant les indemnités accordées aux veuves, entre autres solutions

Des miettes que les veuves délaissées et les orphelins dépassés ont dû prendre comme viatiques pour leur combat à venir. Celui qu’elles sont en train de mener. Le 28 novembre dernier, elles ont clairement faire entendre que pour elles, le dossier n’était pas clos. Elles avaient organisé à Sebkha une cérémonie de communion et de recueillement qui sera interrompue par les forces de l’ordre à coups de matraques et de grenades lacrymogènes. Elles ont promis cependant de revenir encore et encore dans la rue, jusqu’à ce que justice leur soit rendu.

D’autres ont regretté des questions que les journalistes conviés à croiser le fer devaient poser à leur hôte du jour. Mais, contrairement à la conférence de presse de 2014, pas un seul instant Ould Abdel Aziz n’a été désarçonné sinon le lieu était tout indiqué pour lui révéler ses contradictions sur ce dossier, assurent certains observateurs. « Comment assurer l’impunité à des criminels qui ont tué des milliers de citoyens entre 1986 et 1991 et emprisonner deux leaders antiesclavagistes pour avoir organisé une caravane contre la servitude foncière ? » s’interrogent-ils.

Sur les deux questions par rapport auxquelles la Mauritanie est aujourd’hui épinglée sur le plan international, l’esclavage et le passif humanitaire, quelqu’un dira que « sur ces deux dossiers, Mohamed Abdel Aziz restera l’éternel porteur de valise et d’idées de son ex-mentor, le président Ould Taya ». Ce même entêtement à démentir l’existence de l’esclavage malgré la puérilité de la démarche. Comment expliquer alors cette avalanche de textes et de mesures institutionnelles et juridiques contre l’esclavage, la création de tribunaux spéciaux pour régler cette question, la signature récente par quarante maires acquis à sa cause pour lutter contre le fléau, toutes ces caravanes financés par l’Etat pour sensibiliser les populations, la création d’une agence pour la cause, etc ?

Comme preuve de la légèreté avec laquelle le passif humanitaire aurait été soldé, les combattants de la cause saisissent cette dernière gifle infligée à plus de 200 fonctionnaires rapatriés. En effet, citent-ils, aux dernières nouvelles, 219 fonctionnaires, dont le sort a été réglé dans le cadre de la prétendue feuille de route pour régler le passif humanitaire, viennent de se plaindre de la suspension de leur salaire, sans qu’ils en saisissent les raisons.

JOB

Source: http://lauthentic.info

Vendredi 4 Décembre 2015
Boolumbal Boolumbal
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