
La volonté de changement, inscrite en gras dans tous les slogans de campagne du président Mohamed Ould Abdel Aziz, est en train de connaître un sérieux revirement. Certes, le nouveau président de la République a démarré sur les chapeaux de roue une campagne tous azimuts d'assainissement de la gestion des affaires publiques, en déboulonnant de manière les walis des deux plus importantes villes du pays (Nouakchott et Nouadhibou) et quelques hauts responsables de l'administration.
Il a également transformé la capitale en un vaste chantier où chaque moughataa connaît sa réalisation (routes, écoles, dispensaires). Il veille à ce que les nouveaux lotissements se fassent dans la transparence totale. La décision d'écarter tous les anciens barons de l'Ancien Régime de la direction provisoire de l'Union pour la République (UPR) ne peut également venir que de lui.
L'on assiste, depuis quelque temps, au retour insidieux d'anciens caciques du pouvoir alors que la bataille fait rage au sein de l'UPR entre tendances rivales de la vieille et nouvelle classe politique.
En faisant revenir en force de puissants barons de l'ancien régime à des postes clés de chargés de mission ou d'ambassadeurs, Ould Abdel Aziz, engagé dans sa volonté de changement, montre qu'il ne veut pas rompre avec ceux qui avaient accompagné le régime de Ould Taya. Manifestement, c'est avec du vieux qu'il veut faire du neuf. Ainsi, Lemrabott Sidi Mahmoud Ould Cheikh Ahmed, plusieurs fois ministre de Ould Taya, revient aux affaires en tant que chargé de mission à la Présidence de la République. Un poste qui compense le prestige d'un portefeuille ministériel par la proximité quotidienne avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Le retour de cette grande personnalité politique du Charg dans les grâces du nouveau pouvoir prend ainsi une allure officielle car l'homme avait déjà contribué à la mise en place de la première Transition et à la campagne de Ould Abdel Aziz au niveau des deux moughataa du Ksar et de Teyarett.
Le come-back de cet ancien homme fort du régime de Ould Taya est loin d'être le premier du genre. D'autres " roumouz " (symboles) de cette époque tentent de se faire oublier dans de lointaines ambassades du Golfe (Mohamed Vall Ould Bellal, Mohamed Lemine Salem Ould Dah), d'Europe (Lematt Mint Ewnen, Sidi Mohamed Ould Boubacar) ou d'Afrique (Boullah Ould Mogueya, Sidi Ould Didi). La récupération osée a commencé, ici à Nouakchott, quand Sghaïr Ould M'Bareck, ancien Premier ministre de Ould Taya, a été maintenu, pendant et après la Transition dans sa " cache " de Médiateur de la République. Même approche pour Cheyakh Ould Ely, ancien ministre et ancien ambassadeur de Ould Taya, qui est actuellement Directeur de Cabinet de Ould Abdel Aziz et Maalaînine Ould Towmy qui est passé d'inamovible mais non moins efficace Directeur du protocole de Ould Taya à celui de chargé de mission du " président des pauvres ".
Certes, les Mauritaniens qui ont voté, lors de l'élection présidentielle de juillet 2009, pour le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz accordent plus d'attention à ce que le nouveau pouvoir peut faire pour sortir le pays de la noria de désespoirs qui troublent leur sommet depuis la crise sous Sidioca et son prolongement sous l'ère du HCE (Haut Conseil d'Etat). Ils ne se faisaient aucune illusion sur la nature du changement attendu, synonyme, selon eux, dans le meilleur des cas, de la continuité, au moins pour cinq ans, d'un système établi, un certain 12/12/84, par Ould Taya et bien ancré, depuis, dans les mœurs politiques mauritaniennes. Mais l'espoir suscité par Ould Abdel Aziz qui a voulu transformer la révolte des parlementaires hostiles à l'ancien président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi en révolution, était si fort qu'aucun faux pas n'est permis. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz peut bien avoir ses raisons pour battre le rappel d'anciens hommes de Ould Taya sur lesquels il s'est beaucoup appuyés, sans qu'on le dise, une première fois pour faire élire Sidioca et une seconde fois pour passer lui-même au premier tour d'une élection présidentielle à quitte ou double. Mais le discours du pouvoir doit être harmonisé avec la nouvelle donne politique. Le fameux " manewkel ijiva yakeïr nechreb maha " (intraduisible en français) sied bien au double langage du pouvoir actuel dont le discours réformiste est remis en cause, chaque jour que Dieu fait, par des nominations controversées. C'est cette situation qui justifie aujourd'hui que la nouvelle Majorité, majoritairement composée du personnel politique de Ould Taya ayant choisi, par calcul, de déserter un PRDS-PRDR qui prenait l'eau de tous côtés, au lendemain du changement du 3 août 2005, tient à répartir le pouvoir en fonction d'un rapport de force interne pas si évident que ça. Soumis à l'exigence de répondre aux attentes des centaines de milliers de pauvres qui ont voté pour lui mais aussi à la pression de ses encombrants alliés, Mohamed Ould Abdel Aziz rencontre d'énormes difficultés à répondre à l'une de ses promesses électorales : l'homme qu'il faut à la place qu'il faut.
Si la question de la lutte contre la gabegie a acquis l'assentiment général de tous les Mauritaniens, les nominations et les questions économiques mettent à mal un pouvoir qui se cherche encore. Déjà, la constitution du Gouvernement avait suscité des débats - et des ébats - sur qui a nommé qui et pourquoi. Les mêmes questions reviennent sur les choix politiques de Ould Abdel Aziz. L'Opposition qui compte dans ses rangs d'anciens soutiens de Ould Taya trouve sans doute un réconfort dans cette sorte de retour à la case départ enclenchée ouvertement par le pouvoir. C'est surtout ce " changement " qu'on n'attendait pas qui risque de porter un rude coup à la vision réformiste du " président des pauvres ". Décidément, les hommes politiques mauritaniens ont plus d'un tour dans leur "tassoufra".
Source:L'authentique
Il a également transformé la capitale en un vaste chantier où chaque moughataa connaît sa réalisation (routes, écoles, dispensaires). Il veille à ce que les nouveaux lotissements se fassent dans la transparence totale. La décision d'écarter tous les anciens barons de l'Ancien Régime de la direction provisoire de l'Union pour la République (UPR) ne peut également venir que de lui.
L'on assiste, depuis quelque temps, au retour insidieux d'anciens caciques du pouvoir alors que la bataille fait rage au sein de l'UPR entre tendances rivales de la vieille et nouvelle classe politique.
En faisant revenir en force de puissants barons de l'ancien régime à des postes clés de chargés de mission ou d'ambassadeurs, Ould Abdel Aziz, engagé dans sa volonté de changement, montre qu'il ne veut pas rompre avec ceux qui avaient accompagné le régime de Ould Taya. Manifestement, c'est avec du vieux qu'il veut faire du neuf. Ainsi, Lemrabott Sidi Mahmoud Ould Cheikh Ahmed, plusieurs fois ministre de Ould Taya, revient aux affaires en tant que chargé de mission à la Présidence de la République. Un poste qui compense le prestige d'un portefeuille ministériel par la proximité quotidienne avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Le retour de cette grande personnalité politique du Charg dans les grâces du nouveau pouvoir prend ainsi une allure officielle car l'homme avait déjà contribué à la mise en place de la première Transition et à la campagne de Ould Abdel Aziz au niveau des deux moughataa du Ksar et de Teyarett.
Le come-back de cet ancien homme fort du régime de Ould Taya est loin d'être le premier du genre. D'autres " roumouz " (symboles) de cette époque tentent de se faire oublier dans de lointaines ambassades du Golfe (Mohamed Vall Ould Bellal, Mohamed Lemine Salem Ould Dah), d'Europe (Lematt Mint Ewnen, Sidi Mohamed Ould Boubacar) ou d'Afrique (Boullah Ould Mogueya, Sidi Ould Didi). La récupération osée a commencé, ici à Nouakchott, quand Sghaïr Ould M'Bareck, ancien Premier ministre de Ould Taya, a été maintenu, pendant et après la Transition dans sa " cache " de Médiateur de la République. Même approche pour Cheyakh Ould Ely, ancien ministre et ancien ambassadeur de Ould Taya, qui est actuellement Directeur de Cabinet de Ould Abdel Aziz et Maalaînine Ould Towmy qui est passé d'inamovible mais non moins efficace Directeur du protocole de Ould Taya à celui de chargé de mission du " président des pauvres ".
Certes, les Mauritaniens qui ont voté, lors de l'élection présidentielle de juillet 2009, pour le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz accordent plus d'attention à ce que le nouveau pouvoir peut faire pour sortir le pays de la noria de désespoirs qui troublent leur sommet depuis la crise sous Sidioca et son prolongement sous l'ère du HCE (Haut Conseil d'Etat). Ils ne se faisaient aucune illusion sur la nature du changement attendu, synonyme, selon eux, dans le meilleur des cas, de la continuité, au moins pour cinq ans, d'un système établi, un certain 12/12/84, par Ould Taya et bien ancré, depuis, dans les mœurs politiques mauritaniennes. Mais l'espoir suscité par Ould Abdel Aziz qui a voulu transformer la révolte des parlementaires hostiles à l'ancien président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi en révolution, était si fort qu'aucun faux pas n'est permis. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz peut bien avoir ses raisons pour battre le rappel d'anciens hommes de Ould Taya sur lesquels il s'est beaucoup appuyés, sans qu'on le dise, une première fois pour faire élire Sidioca et une seconde fois pour passer lui-même au premier tour d'une élection présidentielle à quitte ou double. Mais le discours du pouvoir doit être harmonisé avec la nouvelle donne politique. Le fameux " manewkel ijiva yakeïr nechreb maha " (intraduisible en français) sied bien au double langage du pouvoir actuel dont le discours réformiste est remis en cause, chaque jour que Dieu fait, par des nominations controversées. C'est cette situation qui justifie aujourd'hui que la nouvelle Majorité, majoritairement composée du personnel politique de Ould Taya ayant choisi, par calcul, de déserter un PRDS-PRDR qui prenait l'eau de tous côtés, au lendemain du changement du 3 août 2005, tient à répartir le pouvoir en fonction d'un rapport de force interne pas si évident que ça. Soumis à l'exigence de répondre aux attentes des centaines de milliers de pauvres qui ont voté pour lui mais aussi à la pression de ses encombrants alliés, Mohamed Ould Abdel Aziz rencontre d'énormes difficultés à répondre à l'une de ses promesses électorales : l'homme qu'il faut à la place qu'il faut.
Si la question de la lutte contre la gabegie a acquis l'assentiment général de tous les Mauritaniens, les nominations et les questions économiques mettent à mal un pouvoir qui se cherche encore. Déjà, la constitution du Gouvernement avait suscité des débats - et des ébats - sur qui a nommé qui et pourquoi. Les mêmes questions reviennent sur les choix politiques de Ould Abdel Aziz. L'Opposition qui compte dans ses rangs d'anciens soutiens de Ould Taya trouve sans doute un réconfort dans cette sorte de retour à la case départ enclenchée ouvertement par le pouvoir. C'est surtout ce " changement " qu'on n'attendait pas qui risque de porter un rude coup à la vision réformiste du " président des pauvres ". Décidément, les hommes politiques mauritaniens ont plus d'un tour dans leur "tassoufra".
Source:L'authentique