Unité nationale et cohésion sociale : Quelques questions clés / Par Ishaq Ahmed Cheikh Sidia



Les propos qui suivent ne sont ni un communiqué, ni un manifeste et encore moins un « programme » à caractère politique.

Il s’agit plus trivialement, d’idées éparses, dictées par le souci sincère d’un citoyen ordinaire, d’apporter une modeste et saine contribution aux différentes problématiques desquelles dépendent le présent et le devenir de notre pays.

Il est bien évident que ces « questions clés » ne couvrent nullement l’ensemble des préoccupations des Mauritaniens, mais je me suis efforcé tout de même d’y inclure ce qui me semble constituer quelques-uns des aspects les plus déterminants pour l’avenir de notre pays.

L’objectif principal est de susciter vos réactions, recueillir vos commentaires, vos amendements et vos ajouts. Ce n’est qu’avec la mise en commun de tous les apports – émanant de citoyens de tous bords et de tous horizons -, que le débat pourra s’enrichir, que les bases d’une vision d’ensemble seront esquissées et que notre cher pays que nous aimons unanimement, et que nous cherchons tous à préserver des secousses qui ébranlent tant d’autres contrées, pourra être préservé dans son unité, sa stabilité et sa marche vers le progrès.

1. La République islamique de Mauritanie est un pays dont la population est à cent pour cent musulmane. Ayant rappelé ce truisme, reste à mettre à contribution ce puissant ciment d’unité et de cohésion nationales qu’est l’Islam. Celui-ci n’est l’apanage d’aucune composante particulière et aucune entité ne peut se prévaloir d’en être dépositaire. Il est notre référence commune et il nous incite à la fraternité et à l’amour. A ce sujet, Boukhary et Muslim rapportent le fameux hadith : « Aucun de vous n’est croyant tant qu’il n’aime pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même ».

2. Ce pays, la Mauritanie, est notre patrie à tous, notre bien le plus précieux que nous ne braderons pour rien au monde. Le corollaire immédiat en est qu’il faut tout faire aux niveaux individuel et collectif pour garder ce bien intact.

3. Notre démocratie est jeune. Elle a pourtant déjà franchi des étapes cruciales que beaucoup de pays nous envient. Ces acquis doivent être préservés. Laissons-lui le temps de se perfectionner, de s’affermir et accompagnons-là sur ce chemin en proposant éventuellement des améliorations de nature à la consolider davantage. Notre pays est doté d’une Constitution, adoptée par le peuple. Cette Loi fondamentale garantit nos libertés, gouverne notre vie et balise notre avenir. En particulier, elle stipule en son article deuxième, que « le pouvoir politique s’acquiert, s’exerce et se transmet dans le cadre de l’alternance pacifique ». Et du moment que « la Loi est l’expression suprême de la volonté du peuple », « Tous sont tenus de s’y soumettre », comme le précise l’article quatrième.

4. Comme je l’avais souligné dans un précédent texte , notre peuple tire sa richesse de sa diversité culturelle, du reste consacrée par la Constitution. C’est un autre motif de fierté que nous avons à promouvoir. Les différentes composantes de notre pays sont condamnées à vivre ensemble. Tout au long des siècles, il en a toujours été ainsi, même si des frictions et parfois des affrontements ont jalonné cette cohabitation. Mais, en même temps, ces inimitiés ponctuelles, localisées et passagères ont façonné, affermi et forgé notre destinée commune. « Pouvons-nous nous passer les uns des autres ? ». Si on pose cette question à la cantonade, il est fort à parier que la réponse sera NON.

5. Comment dissiper les doutes qui peuvent s’insinuer dans les esprits et que certains expriment à propos de l’unité et de la cohésion nationales ? Comment transcender la question raciale pour se rendre à l’évidence que nous vivons et continuerons à coexister dans un pays riche par sa pluralité, socle de son dynamisme ? Comment convaincre les uns et les autres que toute « oppression » culturelle est bannie, toute velléité (ou tentative) « assimilationniste » est sans fondement et de surcroît, de nos jours, vouée à l’échec car potentiellement fatale ?

Telles sont quelques-unes des interrogations qui pourraient venir à l’esprit. Elles ne sont sans doute pas les seules. Obnubilé par l’entente et la coexistence apaisée entre tous nos concitoyens, un mot s’impose à ma conscience : RESPECT.

Ces sept lettres magiques conditionnent, selon moi, le vivre ensemble, un climat sain et un environnement propice à aller de concert dans la même direction. Elles sont à graver au fin fond de nous-mêmes. Mais au-delà de la profession de foi, quels aspects pratiques, dans la vie de tous les jours, peut recouvrir cette notion.

Il y a des gestes quotidiens d’une simplicité désarmante, mais d’un impact incommensurable. Sourire, par exemple, quand on croise quelqu’un, l’accueillir avec un visage avenant, le côtoyer dans la bonne humeur, autant de « reflexes » de nature à faire naitre immédiatement un climat de courtoisie et donc autant de possibilités d’entente et de confiance mutuelle. Les prescriptions de notre sainte religion vont exactement dans ce sens : elles nous exhortent à la fraternité, à l’amour, à tous les comportements de nature à nous rapprocher.

« Dieu ne regarde point nos corps et nos formes, mais Se préoccupe avant tout de nos cœurs » (Hadith sahih). Et un cœur sain est « perceptible » à travers les actes et les gestes. De plus, du moment que « le plus noble d’entre nous auprès d’Allah est le plus pieux » (Coran), il est inutile et dérisoire d’essayer d’imaginer des « inégalités » artificielles sur la base d’arguments historiques fallacieux !

Il en est ainsi, par exemple, de l’esclavage qui ne doit plus avoir sa place aujourd’hui et dont les adeptes doivent être systématiquement mis au ban de la société. J’avais d’ailleurs expliqué dans un précédent article l’inanité de ces pratiques.

Dans ce cadre, on ne peut que saluer ici les efforts soutenus engagés et poursuivis par le Pouvoir en place en Mauritanie pour l’éradication des séquelles de ce fléau. Mais de notre côté, nous, citoyens lambda, on a aussi une lourde responsabilité. Je disais plus haut qu’il y a des gestes simples à faire. Il faut que l’on se dise qu’il est bien plus constructif de se comporter gentiment avec quelqu’un que de le traiter de tous les noms. Bannissons de notre vocabulaire les sobriquets d’antan, du genre : « kowri, bidhani…. », souvent invoqués péjorativement et précédés de la particule « hada, ce … », pour dire cette espèce de…. Et encore, ceux-là sont doux….

Le RESPECT c’est aussi, répétons-le, reconnaitre les spécificités et différences de l’AUTRE. C’est en tenir compte dans la vie courante, dans les diverses activités à faire pour le bien de la Communauté. « Nous vous avons fait des tribus et des peuples pour que vous vous connaissiez entre vous » (Coran). Voilà brièvement esquissées quelques questions qui restent au cœur de la coexistence des différentes composantes de notre peuple, et plus généralement de l’avenir de notre pays. Elles sont rappelées ici uniquement à titre illustratif et dans le but de provoquer vos réactions.

Ishaq Ahmed Cheikh Sidia (iahmed.cheikh.sidia@gmail.com)


Source: shaq Ahmed Cheikh Sidia via



Dimanche 19 Avril 2015
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