UN DIPLOMATE MAURITANIEN ME DEMANDE D´OUBLIER NOS ANNÉES DE BRAISE!!!



Notre frère, le diplomate mauritanien et un des réprésentants de l´Etat mauritanien à notre ambassade au Nigeria, très actif sur les réseaux sociaux et par ailleurs animateur du site RIMweekly monsieur Idoumou Ould Beiby m´a adressé ce message ce soir sur son mur:
"Pour se permettre un peu de récréation
En Pular 'Kaaw' se dit pour tonton et comme j'ai aussi du sang peulh,je me permet de demander à mon Kaaw Elimane Bilbassi Touré que lui couterai d'oublier ne serait-ce qu'un peu ces années de braise que nous avons tous vécues même si c'est à des degrés divers... " dixit Idoumou Ould Beiby
MA PETITE REMARQUE OU RÉPONSE:
Mon cher Idoumou, merci du message, vous m´invitez à oublier les années de braise, entendez les déportations massives des négro-mauritaniens au Sénégal et au Mali, les arrestations arbitraires, les tortures, emprisonnements et assassinats dans les prisons-mouroirs de mes compagnons de lutte, les massacres et viols des populations civiles dans la vallée, l´épuration ethnique au sein de l´armée, qu´est-ce que vous me proposez à la place pour nous distraire un peu comme vous dites?
Je savais que mes rappels au "DEVOIR DE MÉMOIRE ET REFUS DE L´IMPUNITÉ" dérangeaient les partisans du Système, ce qui était d´ailleurs à l´origine de mon expulsion du Sénégal en 1999 suite aux pressions diplomatiques du régime raciste du Colonel Ould Taya, je m´attendais à un repentir des idéologues et bras armés du Système et un appel au pardon des victimes mais m´inviter à l´oubli ce serait trop me demander et surtout un affront à ma conscience humaine, mon cher compatriote.
J´ai impression qu´on veut nous imposer une omerta, de l´amnésie, de l´amnistie forcée, de l´oubli, de l´impunité pour finir avec ces années de braise. La Mauritanie peut tuer, violer, violenter et déporter ses propres enfants mais elle ne peut juger ces criminels et tortionnaires qui ont divisé notre peuple ! Adjib!
Ils veulent nous imposer leurs termes du contrat de "la réconciliation". Comment soigner le mal sans crever l´abcès? Comment tourner la page de la déportation, de l´épuration ethnique sans avoir le courage de diagnostiquer la cause du mal national? "Ko addi ndogen saka ndartoden" ? dit un adage de mon Fouta natal.
Les fabricants ou partisans du renoncement et de l´oubli veulent apparemment nous enseigner leur propre "grammaire de la soumission" ou leur "vocabulaire de la réconciliation". Pour eux, toute revendication de justice est de l´EXTRÉMISME ou une "atteinte à l´unité nationale"!
Pourtant en Afrique du Sud, au Maroc voisin et dans d´autres pays africains les gens ont eu le courage d´affronter leur passé pour bien bâtir et penser à l avenir mais en Mauritanie on veut panser les blessures sans crever l´abcès, c´est comme l´autre qui voulait faire des omolettes sans casser les oeufs!!
Cher Idoumou sorry ! ces années de braise ont brûlé la patrie et dissipé l´espoir de tout un peuple il nous faut donc des dirigeants responsables, des pompiers et patriotes sincères pour refonder le pays sur des bases justes et durables. Et comme nous le disions dans " Le Manifeste du négro-mauritanien" de 1986 quelque soit la faiblesse tellurique, après un tremblement de terre, on doit s'évertuer à reconstruire sa maison sur des fondations solides et durables, avec des matériaux mieux adaptés. On ne peut se contenter de colmater les brèches occasionnées par une première secousse. Sinon à la seconde, la maison ne sera plus habitable. Il faudra alors la détruire. Cette secousse peut venir à tout moment, quelques années après la première secousse. Mais elle viendra quand même. Je peux pardonner mais je ne peux oublier.
Tentons dès à présent de sortir de ce cul de sac qui, tout le monde le sait, ne méne nulle part. Pour en sortir, il faut à mon avis, une attitude, un climat et des conditions.
Une attitude courageuse d’ouverture sincère et de reconnaissance du problème de fond. Un climat de décrispation sociale grâce à un train de mesures positives à l’endroit de tous ceux qui, victimes et blessés dans leur chair, ont subi des préjudices matériels et moraux. La sanction des crimes commis pour rendre leur dignité aux victimes, à leurs veuves et à leurs enfants.
Hier comme aujourd´hui, nous ne dirons jamais assez que pour régler ce problème, il faut trouver l´équilibre entre la nécessité du pardon, le refus de l´impunité ou devoir de justice, et les exigences de vérité et des réparations. Ce serait toutefois une erreur de croire que les réparations des crimes et des déportations suffiraient à elles seules à assurer la réconciliation. Il faut plus: s´attaquer à notre épineux problème de cohabitation. De simples prières et compensations financières ne suffisent pas, il faut du courage politique et surtout une volonté réelle des autorités à trouver une solution juste à nos problèmes.

MERCI.
LLC!

Dimanche 19 Février 2017
Boolumbal Boolumbal
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