Recensement des populations et des titres sécurisés: Les négro-mauritaniens manifestent leurs inquiétudes.



Recensement des populations et des titres sécurisés: Les négro-mauritaniens manifestent leurs inquiétudes.
Une centaine de militants des droits de l’homme, regroupée au sein du Fonadh ont signé une pétition pour exiger de l’Etat, la plus grande transparence dans l’opération de recensement. Cette cérémonie s’est déroulée le jeudi 16 décembre 2010 à l’hôtel Khater.


L’opération de recensement lancée le 28 novembre 2010 par l’Agence Nationale du Registre des Populations et des Titres Sécurisés (ANRPTS) commence à susciter des inquiétudes et des interrogations au sein des populations.
Cette opération qui vise à mettre en œuvre un système de registre national des populations et des titres sécurisés permettant d’identifier les citoyens mauritaniens aux résidents étrangers, n’est pas vue d’un bon œil par les militants de droits de l’homme.

Pour exprimer leurs angoisses, ils ont répondu à l’appel du Fonadh pour donner leur point de vue sur cette question qui selon eux, peut réveiller les vieux démons. Selon Mme Lalla Aicha, Secrétaire adjointe du Forum, cette opération qui est une attitude citoyenne, mérite d’être envisagée de façon responsable afin de garantir les intérêts de tous.


Mais depuis le démarrage de l’opération de recensement, rares sont les mauritaniens informés sur les dispositions réglementaires et la méthodologie encadrant cette importante action. » Causes pour lesquelles, dira-t-elle, le Fonadh s’est intéressé à cette opération truffée d’injustices et de discriminations.
Citant à cet effet, la composition du comité de pilotage (12 membres, un seul négro mauritanien) qui dira-t-elle, n’est pas constitué d’une manière à rassurer tous les mauritaniens, car il ne reflète pas la composition du pays.
La manière la plus simple de rassurer les citoyens et de montrer que cette opération n’est dirigée contre personne, il eut été judicieux de faire que la composition de la commission reflète plus que possible, la diversité culturelle du pays, clame-t-elle.
La composition du Conseil d’Administration, synonyme d’inquiétudes.
S’insurgeant aussi contre la composition du Conseil d’Administration qui selon elle ne se réunit que la nuit, Mme Sy affirme qu’il est constitué des chefs d’états généraux de la garde, de la gendarmerie, de l’armée et de la sureté en plus des SG des ministères de la justice, de la défense, de l’intérieur, de l’équipement et des transports. « Ce qui n’augure rien de bon. On ne sait pas vers où cette situation peut aller » martèle-elle.
Concernant le recensement des mauritaniens résidant à l’étranger, le SG adjoint du Fonadh affirme « quand j’ai posé la question à un membre du comité de pilotage, il m’a répondu que tous les immigrés mauritaniens vont rentrer pour se faire recenser. Qui va les prendre en charge. Comment feront-ils pour retourner? » En outre, Mme Sy a jugé incompréhensible que pour cette importante action, la société civile soit mise à l’écart
Pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’importance de la question, mais surtout sur l’intérêt de la gérer de manière responsable, les défenseurs des droits de l’homme ont signé une pétition pour demander à être informer des procédures et de la méthodologie envisagée et exige sa validation par toutes les parties prenantes et les représentants des communautés.
S’offusquant contre cette opération de recensement, le Fonadh exige à l’Etat mauritanien, le réexamen du comité de pilotage pour qu’il tienne compte des différentes compositions nationales. Les participants du débat ont fustigé cette opération de recensement qui selon eux risque de ressembler à une chasse aux sorcières.
Selon eux, cette opération de recensement peut entrainer des désordres similaires aux événements de 1989/90/91. Les événements de 1989 ont bouleversé l’état civil mauritanien, diront-ils. Beaucoup de négro-mauritaniens (vallée du fleuve, harratines, réfugiés) ont des problèmes d’état civil, quel sera leur sort ? Seront-ils expulsés du pays, où seront-ils des clandestins dans leur propre pays ? clameront-ils encore.

Réactions

Ba Mamadou Alassane, président PLEJ : « Les ennemies de ce problème sont les cadres opportunistes ».


« Lorsque le colonel Moustapha avait fait un coup d’état, il avait créé une commission dans laquelle les négro-mauritaniens étaient sous représentés et ca à créer un grand problème, parce que certains mauritaniens ont refusé cette commission. Là encore au comité de pilotage, il ya une sous représentation grave. Il ya une mise en garde et un préjugé chez certaines autorités. Ce préjugé ancré dans les esprits consiste à dire que certains mauritaniens sont des sénégalais. Ce qui est très grave, car il ya beaucoup de mauritaniens qui n’ont pas de pièces d’état civil, mais qui ont trouvé ici leurs pères, leurs grand-mères, leurs aïeux.
Je me rappelle pendant les événements de 1989, un policier m’avait dit que le village de Maghama ressemble à un village sénégalais transplanté en Mauritanie. Au moment de l’établissement de l’état civil, il n’est pas important de demander l’extrait de naissance du père, de la mère, le certificat de mariage.
Le plus important c’est la volonté d’être mauritanien. Nous connaissons des mauritaniens qui ont préféré la nationalité marocaine. Nous connaissons qu’au moment des indépendances, certains négro-mauritaniens ont opté pour la nationalité sénégalaise. Si un négro-mauritanien exprime la volonté d’être mauritanien, il faut l’inscrire comme étant mauritanien. Si un arabe exprime la volonté d’être mauritanien, il faut l’inscrire comme étant mauritanien.
C’est la volonté qui est importante. Beaucoup de mauritaniens possèdent la nationalité, afin de jouir de certains privilèges. Beaucoup de négro-mauritaniens ont le sentiment qu’on veut les exclure. Ce problème de cohabitation, il est temps qu’on en finisse, parce qu’elle a duré 50 ans.
Il faut un dialogue national pour qu’on en finisse avec ces problèmes identitaires. Les ennemies de ce problème sont les cadres opportunistes qui nous ont empêchés d’aller de l’avant. Des cadres qui ne s’intéressent qu’à l’intérêt de leurs poches.

Baliou Coulibaly, chargé de communication « Publier ce que vous payez » : « Un problème extrêmement important ».
C’est un problème qui est là et qui existe en tout mauritanien. Quand tu portes un certain patronyme, tu es taxé de malien, de sénégalais ou de gambien, c’est donc un problème extrêmement important. Nous croyons que nous sommes unanimes que ce problème existe. Elle est extrêmement grave et elle demande une solution urgente. Nous ne devons pas aller dans tous les sens, sinon nous risquons de nous disperser. Nous devons d’abord identifier le problème, lui chercher suffisamment de données, savoir notre cible qui est l’Etat mauritanien et surtout savoir ce que nous voulons. Est-ce que nous voulons que ces mesures entreprises pour faire le recensement soient annulées ou nous voulons faire parti de la commission. ? Et pour cela nous allons faire un plan d’action précis et le dérouler pour arriver à un objectif précis et un résultat rapide et précis.

Compte-rendu Dialtabé
QUOTIDIEN DE NOUAKCHOTT

Lundi 20 Décembre 2010
Boolumbal Boolumbal
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