Pouvoir/Opposition : Dialogue mort né



Agité pendant la première partie de l’année 2015 suite à l’appel du président Mohamed Ould Abdel Aziz à l’occasion d’un discours prononcé dans la vieille cité de Chinguetti le 04 janvier, le dialogue entre le pouvoir et le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), un collectif composé de partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes, est bloqué depuis prés de deux mois.

Pire, après les questions de forme et les préalables, la nouvelle tentative de nouer enfin la concertation entre ces adversaires politiques irréductibles, semble prendre la forme d’un bébé mort, n’envoyant pas le moindre signal de vie.

Il y a eu d’abord un premier jet du camp présidentiel évoquant plusieurs thèmes susceptibles d’être abordés dans le cadre d’une concertation ouverte et sans tabous. Des propositions contenues dans un papier sans entête et ne revêtant aucune forme de solennité.

Presque dos au mur, et pour éviter le risque de se voir coller l’étiquette d’empêcheur de tourner en rond, réfractaire à toute forme de dialogue, le FNDU, contraint de jouer le jeu, accepte le principe.

C’est dans cet esprit que le collectif répond au camp présidentiel chargé du dialogue sous la houlette du ministre Secrétaire Général de la Présidence, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ancien premier Ministre, à travers un document fleuve bâti autour « des mesures générales de nature à restaurer la confiance » et le détail des points à inscrire au programme de la future concertation nationale.Un épisode suivi de la réponse du gouvernement. Une réplique purement orale.

Le FNDU sollicite alors un écrit de la part de son partenaire au dialogue à l’occasion de la dernière rencontre préliminaire. On entre alors dans une espèce de jeu de Ping-pong à travers lequel les représentants du pouvoir demandant, eux aussi, au FNDU d’envoyer un courrier officiel sollicitant une réponse écrite du camp présidentiel.

Le collectif de l’opposition accomplit alors cette dernière exigence et attend depuis une réaction du pouvoir qui risque de ne jamais tomber.

Vers une réédition du dialogue de 2011

En effet, certaines indiscrétions laissent croire que le fil du dialogue entre le camp présidentiel et le collectif du FNDU est « définitivement » rompu. Une évolution illustrée par les derniers développements enregistrés dans les coulisses de la scène politique nationale, notamment un appel téléphonique du ministre Secrétaire Général de la Présidence, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, négociateur désigné par le pouvoir, à Messaoud Ould Boulkheir, leader de l’Alliance Populaire Progressiste (APP) et président du Conseil Economique et Social(CES).

Une conversation téléphonique au cours de laquelle l’ancien premier Ministre a clairement exprimé la détermination du pouvoir à rompre le dialogue avec le FNDU pour se tourner vers le CUPAD (Convention pour l’unité et l’alternance pacifique démocratique), actuellement présidée par Boidjel Ould Homeïd, président du parti Wiam et très chaud pour tous les dialogues avec le pouvoir.

Un collectif avec lequel il entend désormais organiser une vaste concertation nationale à laquelle pourraient participer tous ceux qui le désirent.

Cette démarche renvoie à un nouveau départ vers le passé et devrait se traduire par la répétition du format du dialogue de septembre/octobre 2011, dont les assises se sont tenues sans la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD).

Un coup du pouvoir qui a décidé de sortir du chapeau son « meilleur partenaire » pour le dialogue, qui avait déjà servi d’alibi en 2011.
Quant à la véritable concertation sur les problèmes nationaux et la crise multi dimensionnelle que vit le pays, elle attendra que les mauritaniens acquièrent une véritable culture démocratique et que les généraux du HCE lâchent les commandes d’un pays tenus par l’armée depuis 1978.

Du coup, le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz entend reprendre son agenda électoral unilatéral gelé depuis quelques années à travers l’organisation de sénatoriales au cours des prochains mois. Ou même organiser des élections législatives et présidentielle anticipées.

Ould Biladi

Source: http://www.rmibiladi.com

Vendredi 3 Juillet 2015
Boolumbal Boolumbal
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