Mauritanie / Maroc : Plus de Passion que de Raison



Les relations entre la Mauritanie et le Maroc ont souvent été marquées par une certaine passion. Originelle passion, dit-on, qui remonte à l’époque de la décolonisation. Devenu était indépendant, le pouvoir central à Nouakchott gardait toujours quelque part, en lui, les velléités expansionnistes du royaume, son voisin du nord.
Mokhtar Ould Daddah arrivera finalement à s’entendre avec Hassen II ; et iront même, tous les deux s’engager dans un conflit armé, contre le Front Polisario, pour la conquête du Sahara Occidental. L’arrivée des militaires au pouvoir à Nouakchott allait mettre fin, au moins, au front commun pour '’ la récupération et partage ’’ du territoire du Sahara.

L’époque de Mohamed Khouna Ould Haidalla sera celle de la rupture ou presque. Le putsch manqué du 16 mars 1981 pourrait bien passer par là. Ould Haïdalla était réputé pour être plus proche de l’autre frère ennemi du royaume, l’Algérie. Au moins, une même position sur la question du Sahara Occidental.

Sous le règne de Maaouya Ould Sid’Ahmed, on devait maintenir une distance du royaume avant de revenir à une position plus conciliante après l’avènement de Mohamed VI. Toutefois, même conciliant, Ould Taya ne s’empêchera pas de dire à l’un de ses collaborateurs de '’chercher un partenaire stratégique pour la compagnie, Air Mauritanie’’, en difficulté financière, en lui '’déconseillant la piste marocaine’’.

“Des marocains, lui lançait-il, déjà engagés financièrement dans le capital de Mauritel’’.
A l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2007, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi a reçu, par le truchement de quelque intermédiaire, une proposition alléchante visant le financement de sa campagne par Rabat. Poliment, il déclinait l’offre en signalant la sensibilité des relations de Nouakchott vis-à-vis de Rabat et d’Alger. Comme pour suggérer un juste milieu. Un équilibrisme devant marquer la relation mauritanienne avec ses deux voisins du nord.

Et Aziz ?

La marque marocaine du pouvoir du général putschiste qu’est Mohamed Ould Abdel Aziz était bien évidente dès les premiers jours. Des émissaires de la haute sécurité marocaine prenaient d’assaut la capitale mauritanienne. La Maroc ira même jusqu’à servir de passerelle bénéfique entre Nouakchott et les donateurs pays arabes du Golfe.

L’ambassadeur mauritanien à Rabat, de l’époque, Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna ne trouvera aucune gêne de prendre part à un voyage diplomatique dans la région de Dakhla, que la Mauritanie n’ose, officiellement, attribuer au Maroc. Il y avait, sans doute, des liens plus qu’amicaux. Un intérêt commun, en quelque sorte. Un intérêt sans doute nourri, à l’époque, par l’intransigeance du pouvoir algérien à l’égard des putschistes de Nouakchott.

Or, l’entente ne fera pas long feu. En 2010, la Mauritanie va rappeler son ambassadeur à Rabat, admis à la retraite, certes, mais prié de rentrer dare-dare. Un diplomate mauritanien assurant les affaires sera affecté peu après dans une autre représentation. L’ambassade devra se contenter de la gestion d’un fonctionnaire, sans aucun titre diplomatique.

On ne savait pas les raisons d’un tel si prompt délitement des rapports. On savait déjà qu’un exilé volontaire, Mohamed Ould Bouamatou, n’appréciant que trop peu l’homme fort de Nouakchott, avait élu domicile à Marrakech. Un autre opposant déclaré d’Ould Abdel Aziz, Moustapha Chafi, fait du Maroc sa résidence familiale.

Un réchauffement ?

Les relations connaissent-elles un nouveau réchauffement ? Tout porte à le croire. Le mois d’octobre courant, le ministre de l’intérieur marocain a invité son homologue mauritanien, accompagné de son directeur adjoint de la sûreté, pour une visite officielle à Rabat.

Plusieurs conventions ayant trait à la sécurité et la migration clandestine ont été signées
La semaine dernière, le ministre marocain des affaires étrangères a effectué une visite à Nouakchott. Il s’est dit, au cours d’une longue sortie médiatique sur l’excellence des relations entre les deux voisins, porteur d’un message verbal du roi Mohamed VI à l’adresse du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz.

Le déclic de la normalisation des relations, ne serait-ce qu’en apparence, revient en tout cas à Rabat. On ne sait pas vraiment qu’est-ce qui rapproche Rabat de Nouakchott, aujourd’hui ? Ni ce qui les a éloignés, hier ?

AVT


Source: http://www.rmibiladi.com

Mercredi 29 Octobre 2014
Boolumbal Boolumbal
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