MAURITANIE : LA DIASPORA COMMÉMORE LES DÉPORTATIONS DE 89 LE 26 AVRIL PROCHAIN À PARIS



Les mauritaniens de la diaspora vont descendre dans la rue à Paris, le 26 avril prochain pour les 25 ans des déportations de 89 à l’appel du Collectif des Organisations mauritaniennes de France ( COMAF) et l’Organisation des Travailleurs mauritaniens de France (OTMF).



La diaspora entend ainsi manifester contre l’oubli et l’impunité des criminels sous le régime de Ould Taya de 86 à 91.Une journée qui symbolise la longue marche de plus de 200 000 négro mauritaniens déportés au Sénégal et au Mali. L’occasion pour les organisateurs d’interpeller le président mauritanien sur la nécessité de poursuivre le règlement du passif humanitaire condition sine qua non de la réconciliation nationale.

Il est des commémorations qui font débat aujourd’hui en Mauritanie. Des commémorations qui traduisent des malaises dans la classe politique dirigeante des polémiques dans l’opposition et des maux dans la société civile. La déportation de plus de 200 000 mauritaniens noirs au Sénégal et au Mali le 26 avril 1989 est de ces commémorations que la diaspora entend se faire l’écho. La manifestation du 26 avril prochain à Paris est ainsi porteuse de la souffrance de la communauté noire qui aspire à une reconstruction de la société mauritanienne.

A l’appel du Collectif des Organisations mauritaniennes de France ( COMAF) et l’Organisation des Travailleurs mauritaniens de France ( OTMF), les mauritaniens de France entendent faire de cette journée un rassemblement contre l’oubli et l’impunité des criminels du régime de Ould Taya de 86 à 91.Au delà de ce symbole c’est la réconciliation nationale qui est pointée du doigt. Elle passe d’abord par le règlement du passif humanitaire qui est loin de porter ses fruits à cause des pesanteurs politiques du régime de Ould Aziz .Les larmes de crocodiles versées lors de la prière de Kaédi en 2009 en disent long du traitement de ce dossier brûlant sans enthousiasme et sans conviction. Pas étonnant que sa réponse la semaine dernière au porte parole du mouvement citoyen TPMN ne laisse apparaître aucune avancée du dossier de la cohabitation. La seule avancée visible est le retour officiellement depuis 2009 de près de 20000 déportés disséminés rapidement dans les différentes régions du Sud mais confrontés à l’expropriation de leurs terres. Des milliers de réfugiés sont bloqués au Sénégal en attente d’une reprise tripartite du rapatriement entre le HCR,le Sénégal et la Mauritanie tandis que d’autres déportés sont toujours au Mali faute de reconnaissance des autorités de Nouakchott. Le président mauritanien préférant les indemnisations des victimes certes importante mais pas suffisant pour une saine cohabitation.

La mise en place d’une commission nationale de vérité et réconciliation est plus que nécessaire pour la cohésion sociale et l’unité nationale. Le quinquennat aura servi pour le locataire de la Maison brune à faire un choix politique qui laisse augurer encore une fois une fragmentation de la société mauritanienne. L’autre calvaire qui risque de durer longtemps pour ceux qui sont déjà rentrés ce sont les difficultés à se faire recenser pour obtenir les papiers dans le cadre du recensement biométrique qualifié par les ONG nationales des droits de l’homme de discriminatoire.

Pour la diaspora il s’agira d’interpeller les autorités de Nouakchott pour faire avancer la question nationale et au-delà sensibiliser la communauté internationale sur les crimes commis contre les noirs durant les années de braise par l’ancien président Ould Taya exilé au Qatar. Une plainte contre lui a été déjà déposée au parquet de Bruxelles mais sans suite favorable pour l’instant. Cette dimension universelle de recours est un espoir pour les veufs et orphelins des 24 militaires exécutés sommairement en 90 à Inal au Nord de la Mauritanie et ceux des centaines de villageois enterrés dans des fosses communes à Sori Malé au Sud du pays en 89. Ce 25 ème anniversaire des déportations sera célébré en concomitance à Nouakchott à l’initiative du mouvement devant la présidence pour dire non à l'épuration biométrique « transformant les noirs en déportés de l'intérieur ».Autrement dit des étrangers dans leur propre pays.



Bakala Kane



(Reçu à Kassataya le 17 avril 2014)

Samedi 19 Avril 2014
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