MAURITANIE : L’IRA ELARGIT SA BASE ET PARLE A TOUS LES MAURITANIENS

Entre racisme, esclavage, égalité, comment réclamer justice sans effrayer ?
Au terme de deux années d’emprisonnement pour délit d’opinion et quelques jours après leur libération, Brahim Bilal et lui, Birame Dah Abeid, s’exprimait, le 11 juin 2016, sur la chaine de télévision privée 2STV, qui émet, sur le câble, depuis son siège, à Dakar.



La transcription du propos permet de mesurer à quel degré de maturité et d’affinement conceptuel parvient le discours de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (Ira) et des organisations affiliées, dans le cadre du mouvement de revendication citoyenne en Mauritanie. La concision, la clarté et le soin des mots d’ordre tranchent d’avec la période pionnière, quelquefois qualifiée de cacophonique, voire de populisme outrancier. Même s’il ne renie les slogans du début ni ne confesse les facilités oratoires d’hier, Birame Dah Abeid aborde les perspectives de l’engagement, avec davantage d’ambition : avatar inédit de ce qui ressemble à une dynamique autocritique pour une action améliorée, il écarte le recours au geste solitaire, puis ouvre la voie à une alliance avec les forces du changement mais, toujours, sur la base d’un projet de refondation du pays.

Pourtant et sans doute à cause d’un tel recentrage, la presse et les relais d’opinion des services de renseignements de Mauritanie, se sont employés, assez vite, à présenter l’entretien, comme une énième provocation : en quelques jours, la rumeur enflait d’un mot d’ordre de Birame où il appellerait l’Afrique subsaharienne à envahir le pays, pour y porter secours aux noirs opprimés. Le trouble s’est insinué dans l’IRA et parmi les organisations amies, au point, parfois, d’occasionner un étalage de divergences. Manifestement, Birame Dah Abeid gêne le système, quand il endosse la stature du rassembleur et l’arrange bien, tant que son attitude et ses mots se prêtent à une interprétation de nature à susciter et entretenir la discorde raciale.

Or, à la faveur de la rencontre rapportée en verbatim, le leader de l’IRA lève le voile sur les raisons de sa première candidature à l’élection présidentielle, explique le conditionnement de la communauté des anciens esclavagistes par le pouvoir du moment ; en même temps, il met, ce derniers, en garde contre le piège de la solidarité mécanique avec la caste des prédateurs prétoriens sous uniforme de civil. Enfin, il tend la main de l’union sacrée, pour une Mauritanie de la paix par la seule thérapie de la justice. « Sans équité, semble réitérer Birame, à ses compatriotes, nous ne sommes frères et ne le deviendront jamais ».

Le nouveau Birame Dah Abeid, symptôme incarné d’une perfection dans la lutte, jette, ici, les jalons d’un parcours à réinventer où chaque mauritanien trouvera l’opportunité de concourir, sur la base du contrat citoyen : « mêmes droits pour tous », ainsi pourrait s’intituler l’interview

Cheikh Aïdara

Source:http://lauthentic.info


Samedi 30 Juillet 2016
Boolumbal Boolumbal
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