Leaders de la Coordination de l’opposition: Aller au palais présidentiel, en sortir modéré



Leaders de la Coordination de l’opposition:  Aller au palais présidentiel, en sortir modéré
Yahya Ould El Waghf, president de Adil, Boidiel Ould Houmod, president de El Wiam, Ahmed Ould Daddah, chef de file de l’opposition et président du RFD, puis Ould Waghf de nouveau. Des leaders de la coordination de l’opposition démocratique mauritanienne (COD) ont fait, ces dernières semaines le défilé au palais présidentiel. Objet de ces rencontres sur demande du président de la République : le dialogue pouvoir/Opposition.


Après sa défaite à la présidentielle du 18 juillet, l’opposition mauritanienne a fait de la question de l’ouverture du dialogue inclusif sa principale revendication. Un dialogue prévu par l’accord de Dakar. Face à l’exigence de la COD, les partisans du pouvoir répondent : « Si vous voulez le dialogue, reconnaissait d’abord les résultats de l’élection présidentielle du 18 juillet.» Ce dialogue de sourd a duré jusqu’au lundi 07 juin 2010. Ce jour là, le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, reçoit, Yahya Ould El Waghf, président du parti Adil. Ould Abdel Aziz demande à l’ex premier ministre de transmettre aux partis de la COD sa volonté de dialogue. Le message est transmis. L’opposition dit oui mais pose des conditions : elle veut que ce dialogue ait pour base l’accord de Dakar et veut aussi être publiquement et officiellement saisie.

Le 29 juin, le président de la République reçoit Bodiel Ould Houmoid, président de la COD (coordination de l’opposition démocratique mauritanienne) et d’El Wiam. Le même jour, au siège de son parti, après avoir fait le compte rendu de son entretien avec Mohamed Ould Abdel Aziz à ses amis de l’opposition, il a tenu un point de presse. Par rapport au dialogue, « il n’y a plus de réserve » a dit Boidiel qui parlait en tant que président de la COD.
Le premier juillet, moins d’une semaine après la rencontre Boidiel/Aziz, Le RFD publie un communiqué. Un communiqué dans lequel, il dit « maintenir ses positions, y compris celle relative à l’élection présidentielle du 18 juillet, en attendant l’organisation et les conclussions» du dialogue. La position du RFD, c’est la non-reconnaissance de la légitimité du pouvoir de Ould Abdel Aziz, vainqueur au premier tour de la présidentielle du 18 juillet.

Après Boidiel, Ahmed Ould Daddah, chef de file de l’opposition démocratique, président du RFD, est reçu par Ould Abdel Aziz le 26 juillet 2010. Après la rencontre, le RFD tient les travaux de son bureau exécutif. Dans la synthèse de ces travaux rendue publique le 29 juillet, l’opinion a retenu une seule phrase : « le Président du parti, Ahmed Ould Daddah, à accepté l’invitation que le Président de la République, M. Mohamed Ould Abdel Aziz, lui a adressée en vue de se concerter.»

Boidiel, waghf et Ahmed Ould Daddah. Tous les leaders de la COD, de leurs rencontres avec le president de la République, sont sortis plus modérés. Et, les déclarations, communiqués et conférence de presse la COD deviennent rares.

Les présidents de l’UFP et de l’APP (deux des principaux partis de la COD) n’ont pas encore été reçus par le président de la République. Ces deux partis, contrairement à ceux qui sont passé au palais, n’ont pas encore revu leurs discours, leurs vocabulaires. Mohamed Ould Maouloud et Messoud Ould Boulkheir n’appellent pas encore Mohamed Ould Abdel Aziz « président de la République ».

A la COD, actuellement, chaque partie y va de ses propres initiatives.

Le président de la République a fait une offre de dialogue. Il a reçu des leaders de l’opposition. Mais la Coordination n’a jusqu’ici pas réussi a proposé une plateforme commune ou une stratégie commune pour la mise en œuvre de ce dialogue. En dehors du « nous voulons un dialogue conformément à l’accord de Dakar » l’opposition ne dit rien d’autre. Et pourtant cet accord de Dakar prévoit, entre autres, des discussions sur « le rôle des forces armées, les institutions et, entre les lignes, une possible participation de l’opposition à la gestion des affaires.»


Que prévoit l’accord de Dakar ?


L’accord de Dakar signé le 03 juin 2009 entre les différentes parties à la crise politique mauritanienne née du coup d’Etat du 06 aout 2008 « ne met pas fin à la poursuite du Dialogue national sur les autres points qui peuvent renforcer la réconciliation nationale et la démocratie. »
Pour ce dialogue national inclusif dans le prolongement de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, les signataires avaient fixé quatre points.
Premier point : « Le renforcement des assises et de la pratique de la démocratie pluraliste, ainsi que de la prévention des changements anticonstitutionnels de gouvernement ; y compris la réforme des institutions nationales de sécurité.». Ce que l’opposition demande, pour prévenir les coups d’Etat, c’est le renvoi des militaires dans les casernes, leur exclusion du champ politique. Ce n’est pas actuellement le cas. Pendant la récente campagne d’implantation de l’UPR, parti au pouvoir, certains généraux de l’armée ont activement participé à la sensibilisation des militants.
Le deuxième point : « la promotion de la bonne gouvernance politique et économique, de l’Etat de droit et du respect des Droits de l’Homme ; de l’élaboration et de l’adoption des réformes susceptibles de renforcer le bon fonctionnement et l’équilibre des institutions de la République.» Le rééquilibrage des pouvoirs entre le président de la République et le parlement est une vieille revendication de l’opposition mauritanienne. Si le dialogue demandé s’ouvre, il sera discuté une révision constitutionnelle pour donner plus de pouvoir aux parlementaires.

Arrangements politiques !

Troisième point : « la possibilité d’arrangements politiques de partenariat dans l’exercice du pouvoir et des perspectives de tenue d’élections législatives anticipées. » « Partenariat dans l’exercice du pouvoir » veut-il dire possibilité de participation de l’opposition à la gestion du pouvoir ? Le président de la République a, plus d’une fois, fait état de son rejet de toute entrée de cette opposition au gouvernement. Quant aux élections législatives anticipées, elles ne semblent préoccuper personne, ni pouvoir, ni opposition.
Quatrième point « toutes autres questions susceptibles de renforcer l’unité nationale, la réconciliation, la stabilité, la moralisation de la vie publique et le développement socio-économique du pays.» Autrement dit le dialogue dans l’esprit des rédacteurs de l’accord de Dakar ne se limite pas aux points cités plus haut. Il peut toucher toute question d’intérêt national.



Khalilou Diagana


Source:
La Griffe au Quotidien

Mardi 3 Août 2010
Boolumbal Boolumbal
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